Tour de France: Christophe Agnolutto, dernier vainqueur à Limoges
Arriver en solitaire pour une victoire d’étape sur le Tour, c’est énorme…
Christophe Agnolutto: "Il y avait 180 kilomètres de course (202,5 en fait) et je suis parti tout seul au bout d’une heure, une heure et quart de course, je fais 128 kilomètres tout seul devant. J’ai fini avec 1’11 d’avance sur le peloton. J’ai eu le temps de savourer dans le dernier kilomètre. A deux-trois kilomètres de l’arrivée, je croyais que c’était gagné mais il y avait la bosse que je ne connaissais pas. J’avais fermé le maillot (tradition pour les vainqueurs solitaires d’étape pour que le sponsor soit bien visible), j’avais montré le poing à la caméra en signe de victoire et j’ai tout ouvert pour monter la bosse. Je perds quasiment une minute dans la dernière bosse."
Quand le peloton a commencé la chasse, vous avez continué à croire à la victoire ?
C.A.: "Je n’ai pas eu énormément d’avance, sept minutes au maximum, il a fallu jouer un peu avec le peloton. Mais le tracé était vraiment dur, il y avait 80 kilomètres de montées-descentes donc les sprinteurs n’étaient pas sûrs de passer. J’avais dit à mon directeur sportif de l’époque de me prévenir quand le peloton mettrait en route. A ce moment-là, j’ai fait un effort de chrono pendant dix kilomètres. Ils ne m’ont repris que dix secondes, je leur ai mis un coup au moral."
Jacky Durand avait voulu partir avec vous…
C.A.: "J’avais contré un sprint intermédiaire, j’avais dû faire 4 du sprint et j’étais parti juste après, il y avait une côte de trois kilomètres. Ça faisait une heure que ça roulait à bloc donc il y avait un coup à faire et Jacky l’a senti aussi. Il était à cent mètres derrière moi mais je ne voulais pas qu’il revienne parce que je savais que si on arrivait à deux, il m’aurait sûrement battu. Il était le dernier vainqueur français d’une étape sur le Tour avant moi, en 1998."
L’arrivée était-elle la même qu’aujourd’hui ?
C.A. : "Le parcours était plus difficile qu’aujourd’hui. Avant les arrivées à Limoges se faisaient devant Beaublanc (la mythique salle du CSP Limoges en basket), c’est la première fois cette année que la ligne est placée en centre-ville tout près de la mairie. Il y avait une côte d’un kilomètre puis une borne de plat avant l’arrivée. Cette fois c’est un peu différent, il y a une bosse à quatre kilomètres de l’arrivée avant l’arrivée en faux-plat montant."
Vous aviez prévu d’attaquer ce jour-là ?
C.A: "J’avais coché deux étapes, la sixième et la septième. La veille on arrivait à Tours et le début de l’étape était dur. Je m’étais arrêté uriner avant le départ réel. J’avais vu aurent Jalabert, maillot jaune, s’arrêter aussi donc je ne m’en faisais pas beaucoup. Quand on est revenu dans le peloton, le coup était parti. On a fait une heure et demie à 50 km/h de moyenne avec la Once (la formation de Laurent Jalabert) qui roulait pour revenir. On n’est jamais rentré sur l’échappée. J’avais loupé le coup et lelendemain je m’étais juré de ne pas m’arrêter et d’aller dans tous les coups."
Les retombées médiatiques ont été importantes ?
C.A.: "Tout le monde était content quand j’ai gagné. Parfois il y a cinq victoires d’étapes françaises sur un Tour, là il n’y en avait pas depuis deux ans. Quand on gagne une étape sur le Tour c’est énorme. J’ai remporté le Tour de Suisse, on en a un peu parlé mais c’est sans commune mesure avec le Tour. Après l’arrivée, c’est de la folie. Le lendemain aussi, on repartait de Limoges. Le public me reconnaissait, j’ai signé beaucoup d’autographes. C’est aussi une gloire qui ne dure pas, on passe rapidement à autre chose sans qu’on nous oublie pour autant."
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