Tour de France: Bryan Coquard battu par Marcel Kittel fait partie des "grands du sprint"
La bosse finale à l’arrivée à Limoges était un enfer pour les sprinteurs après plus de 230 kilomètres de course. Sitôt son sprint achevé et avant même de savoir s’il avait gagné ou non, Bryan Coquard s’est écroulé sur le bitume rendu brûlant par le soleil de retour sur le Tour. L’attente n’a pas été longue, rapidement la rumeur s’est répandue : Marcel Kittel est le vainqueur du jour. Bryan Coquard a pu le confirmer en revoyant les images de l’arrivée sur une télévision juste derrière lui. Parti de loin après avoir décidé de prendre la roue de Peter Sagan, Coquard a remonté mètre par mètre, centimètre par centimètre, insuffisant et tellement cruel. A 24 ans, le sprinteur de la Direct Energie est déjà un très grand professionnel. Loin de se renfermer, Coquard a immédiatement répondu à la presse dans un exercice à la fois rare et passionnant.
Un duel incroyable face à Kittel
« Je fais partie des grands du sprint ». Si le duel homérique face à Kittel à Limoges a eu un avantage, c’est qu’il a offert à Bryan Coquard un argument massue dans sa quête de crédibilité. Oui, c’est bel et bien lui qui a remonté Kittel jusqu’à revenir à sa hauteur et s’incliner d’un rien. Pas Cavendish, pas Greipel, pas Sagan. L’arrivée en bosse à Limoges lui sied à merveille, Coquard l’avait d’ailleurs reconnue. « Je n’ai jamais été aussi proche de la victoire sur le Tour », pense-t-il. Difficile de lui donner tort. En revanche, Coquard a balayé d’un revers de la main l’argument de la jeunesse. Sa victoire, il la veut et tout de suite : « Je suis un gagneur, j’ai mon caractère de cochon et je veux mon V de la victoire sur ma plaque de cadre de vélo. Ça fait chier, j’aurai aimé lever les bras ».
La fraîcheur de Coquard tranche avec sa déception de dimanche à Cherbourg quand il avait coincé dans une arrivée qu’il pensait pourtant à sa convenance. Oubliez le regard noir, Coquard a la banane – une chose en soi déjà incroyable quand on vient de perdre une étape du Tour pour une poignée de centimètres – et plaisante avec la presse. « Une victoire sur le Tour c’est quelque d’énorme, quoique je n’en sais rien » lâche-t-il dans un éclat de rire. Et maintenant ? Bryan Coquard n’a qu’une idée en tête : remporter une étape sur le Tour ! Pas l’année prochaine, pas dans deux ans quand il aura encore acquis de la force et de l’expérience, mais cette année. Selon lui, il reste encore « quelques occasions » d’autant plus qu’il refuse à se voir comme uniquement un « sprinteur en bosse » se sentant capable de gagner sur un « sprint de plat ou avec vent de cul (comprenez vent dans le dos), en tout cas « dans [sa] tête ».
Chavanel sacrifié pour Coquard
Parfois critiquée, Direct Energie prend ses responsabilités sur ce Tour 2016. Ce sont les hommes de Jean-René Bernaudeau qui ont roulé pour revenir sur l’échappée du jour, comme ils l’avaient fait lundi. « Chapeau Direct Energie, lâchait un Coquard fier de ses hommes. J’ai entendu beaucoup de choses, que Coquard n’avait pas d’équipe, qu’il lui manquait ceci, cela. Aujourd’hui Coquard il a failli gagner avec Direct Energie ». Au sein de son équipe, Bryan Coquard dispose de la confiance totale de ses patrons. Ce matin au briefing traditionnel, les directeurs sportifs ont interdit à Sylvain Chavanel d’aller à l’avant alors que le coureur de 37 ans aurait tant aimé passer en tête à Châtellerault chez lui. Preuve que Direct Energie ne roule quasiment que pour un seul homme. Le mot de la fin est pour celui qui aurait pu être le héros du jour : « ce qu’il faut retenir c’est que j’ai perdu mais que je fais aussi partie des grands du sprint. »
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