Tour de France 2021 : jusqu'où Mathieu van der Poel peut-il aller ?
Le maillot jaune du Tour de France a terminé quatrième de l'étape du jour entre Vierzon et Le Creusot, et a creusé son avance sur ses poursuivants.
Cache-t-il parfaitement son jeu ? Est-il à sa place sur des terrains qui lui correspondent ? Va-t-il craquer en haute montagne ? Si l'on n'imagine pas (encore) Mathieu van der Poel (Alpecin-Fenix) accomplir le même Tour que Julian Alaphilippe en 2019, le Néerlandais a visiblement pris goût à son paletot jaune, qu'il porte depuis la 2e étape.
Si Primoz Roglic, pointé à neuf minutes du vainqueur du jour Matej Mohoric, est l'immense perdant du jour, Van der Poel en est le grand gagnant. Arrivé en 4e position dans le groupe de contre où figurait également Wout Van Aert, le maillot jaune a creusé l'écart sur tous ceux qui menaçaient sa place.
Maillot jaune sur le dos, il est parti dans l'échappée, fait suffisamment rare pour être souligné. Puis le Néerlandais a contrôlé les deux qui l'inquiétaient : Wout Van Aert (Jumbo-Visma) et Kasper Asgreen (Deceuninck-Quick Step). "Wout était vraiment fort aujourd’hui. Avec Asgreen, je devais les tenir à l’oeil. Je me suis battu pour une journée de plus en jaune", s'est-il félicité à l'issue de l'étape. A l'arrivée, il est resté longtemps à terre, prostré, vidé par ses efforts du jour et ce sprint final pour grapiller le maximum de temps dans les derniers hectomètres.
Pogacar et Carapaz à plus de trois minutes
Au soir de cette 7e étape, il n'y a que deux coureurs à moins de deux minutes de lui (Van Aert et Asgreen), alors qu'il y en avait quatorze la veille.Et alors qu'il n'avait que huit petites secondes d'avance sur le vorace Tadej Pogacar jeudi soir, il compte désormais 3'43 secondes de marge sur le Slovène, et même plus de cinq minutes sur Richard Carapaz (5'19), autre candidat à la victoire dans cette 108e édition.
Avec de tels écarts, alors que le peloton n'est même encore entré dans les Alpes, se pose alors la question : jusqu'où Mathieu van der Poel peut-il emmener son maillot jaune ? En 2019, Julian Alaphilippe avait déjoué tous les pronostics sur ses capacités en gardant le maillot jaune quatorze jours.
Sans aucune référence en haute montagne, Van der Poel ne jouait pas le classement général sur ce premier Tour, notamment en raison des JO qui se profilent et où il vise le titre en VTT. Mais le maillot jaune le transcende et il peut sortir des Alpes avec lui. "Aujourd'hui, je suis vraiment allé à la limite pour garder ce maillot. Tout dépend comment on fait la course demain (samedi), mais je vais essayer de le conserver", a-t-il lâché sans trop s'avancer à l'arrivée.
Malgré des écarts importants avant même la montagne, et deux performances suprenantes sur le chrono mercredi et ce vendredi, voir Van der Poel lutter pour la victoire finale relève davantage du fantasme que de l'ambition crédible : son profil et son équipe ne cochent aucune case d'un vainqueur du Tour ces dernières années.
"On a fait une erreur"
Mais si tous ses adversaires continuent à le sous-estimer, comme l'a fait vendredi la formation UAE-Emirates en le laissant partir dans une échappée fleuve, Van der Poel continuera de grapiller, comme l'avait fait Alaphilippe en 2019. "Peut-être que c’est un peu de notre faute", a concédé Tadej Pogacar à l'arrivée. "On ne s’attendait pas à cette échappée. On s'est éparpillés, on a fait une erreur. Il fallait qu’on limite la casse et je pense qu’on a fait un bon travail dans ce domaine", a expliqué le Slovène, désormais 5e du général.
Si la panique n'est pas de mise pour les leaders alors qu'aucun col de 1e catégorie n'a encore été franchi, l'anomalie Van der Poel commence à interroger. "Van Aert grimpe très très bien, Van der Poel aussi. Il ne faut pas leur laisser dix minutes, ils sont dangereux", avoue Tadej Pogacar, le tenant du titre. Y croit-il vraiment ? Les Alpes devraient éclaircir largement le tableau dès samedi.
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