Tour de France 2019 : Movistar, l'hydre n'a plus qu'une tête
La force du nombre. Comme en 2018, la formation Movistar se présentait au départ du Tour avec trois leaders potentiels : Nairo Quintana, Mikel Landa et Alejandro Valverde. Et comme en 2018, l'hydre à trois têtes ne se résume presque plus qu'à un seul homme : Mikel Landa.
Septième au général (mais à 2'40 du sixième Emanuel Buchmann), le Basque a remonté 11 places lors des deux étapes pyrénéennes. Le Colombien, désigné leader principal, en a perdu 10 sur la même période. Sixième en haut du Tourmalet, Landa a accroché son premier podium sur cette Grande Boucle dimanche dans la roue de Thibaut Pinot.
Quintana, leader en perdition
Si cette remontée est essentiellement une entreprise individuelle, c'est toute la stratégie de la Movistar qui pose question depuis le début des Pyrénees. Samedi, les hommes d'Eusebio Uzue ont imprimé un train infernal au pied du Tourmalet, au point de décramponner leur leader, qui traînait en fin de groupe. Sans un regard derrière, Andrey Amador et Marc Soler ralentissent alors mais il est trop tard, Quintana ne reviendra pas.
"Nairo n'a pas eu de bonnes jambes, mais nous ne le savions pas, il ne nous l'a pas dit. Un nouveau leader pour la suite de la course ? Je pense que c'est clair que nous avons besoin de changement, non ?", anticipait Alejandro Valverde au sommet. "J'espérais faire une bonne journée, mais mon corps n'a pas bien répondu, je ne pouvais pas vraiment demander à mes coéquipiers de m'attendre.", a lancé Quintana, dépité.
Landa monte en puissance
Nouvelle stratégie étrange dimanche : le Colombien, présent dans l'échappée, voit Mikel Landa, affublé de deux coéquipiers, sortir du groupe de favoris et rouler à toute blinde derrière lui. Quintana s'arrête alors de relayer, et doit s'excuser d'avoir un coéquipier arriver derrière lui. Le Basque le rattrape, le dépose pour tenter d'aller chercher Simon Yates en solitaire.
"Je me suis retrouvé sans jambes dans le final hier (samedi) pour disputer l'étape, explique Landa. Mais aujourd'hui j'avais de bonnes sensations, alors j'ai voulu tenter quelque chose de différent pour rebondir. La stratégie était de mettre trois coureurs dans l'échappée. C'est ce que nous avons réussi à faire et grâce à cela, j'ai pu retrouver des coéquipiers qui ont ensuite tout donné pour moi, je leur suis très reconnaissant. Je savais que ça allait être difficile d'aller contester l'étape à Simon Yates mais je suis plutôt content de mon résultat." Un discours de leader, pas de co-leader. Avec un Nairo Quintana à la dérive, incapable de suivre les meilleurs, Landa a pris le leadership vacant.
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"Le podium est toujours jouable"
Tombé lors de l'étape de la bordure à Albi (10e étape), le 4e du dernier Giro ne semble pas montrer de signes de fatigue à l'entrée des Alpes. C'est même l'inverse. "J'ai perdu beaucoup de temps le jour de ma chute et on ne peut plus parler de gagner le Tour de France. Mais je crois que le podium est toujours jouable et j'aimerais bien aller chercher une victoire d'étape.", ambitionne-t-il.
Et à ce jeu-là, c'est même Quintana qui se retrouve - comme en 2018 - le moins bien placé du trio. Alejandro Valverde, souvent à la rupture mais solide 8e à quatre secondes de Landa, n'a lui pas de réelles ambitions pour le podium à 39 ans.
Mais il fait bien mieux que le Colombien, qui accepte, à l'instar de Romain Bardet, un sort implacable tant sa forme est absente. "Nous devons continuer à pousser pour Mikel (Landa) et Alejandro (Valverde), nous devons les soutenir. Ils sont désormais devant moi au classement général." Quintana désormais trop loin pour espérer un top 5, l'hydre Movistar courra-t-elle cette fois à l'unisson derrière Landa ?
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