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Tour de France 2019 : Alaphilippe, un maillot jaune en sursis

C'est une des grandes questions du contre-la-montre de Pau : Julian Alaphilippe, qui compte 1'12 d'avance sur Geraint Thomas, sera-t-il encore en jaune vendredi soir, à l'issue de la 13e étape ?
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Une minute douze d'avance sur Geraint Thomas (Ineos). Ce qui serait un matelas de secondes confortable sur n'importe quel dauphin avant un contre-la-montre n'est qu'une avance correcte sur le Gallois. C'est la situation du maillot jaune actuel, Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick-Step).

Leader du classement général depuis le soir de la 8e étape, Alaphilippe a parfaitement manœuvré sa première semaine sur cette Grande Boucle : fort en équipes à Bruxelles (2e étape), survolté à Épernay (3e étape), opportuniste à Saint-Etienne (8e étape).

3'28 de retard sur le Tour 2018

Mais à Pau, la vérité du temps va se mesurer à la puissance des cuisses. Sur les 27,2 km d'effort solitaire autour de Pau, Julian Alaphilippe ne craint a priori qu'un seul homme pour sa tunique jaune : Geraint Thomas, qui lui ne le considère "pas comme un adversaire" pour la victoire finale.

Le vainqueur sortant du Tour est un des grands favoris à la victoire vendredi. Et le Français a des raisons de le craindre. L'année dernière, lors de la 20e étape du Tour de France, Alaphilippe avait accusé un débours de ... 3'28 sur le Gallois sur une distance semblable (31 kilomètres contre 27 vendredi) mais un parcours bien plus vallonné à Espelette.

Un écart énorme en seulement 31 kilomètres. Mais nous étions au bout du Tour de France, Geraint Thomas était sur un nuage, Alaphilippe avait beaucoup donné pour conserver son maillot à pois. En 2019, l'épreuve arrive en milieu de Tour, le Français est intouchable avec une victoire et 9 jours en jaune. Le vainqueur sortant est idéalement placé, a semblé parmi les plus forts à la Planche des Belles Filles, mais personne ne peut présumer qu'il est aussi fort qu'en 2018. Il est à ce titre improbable qu'un tel écart se reproduise. 

"Sans l'ombre d'un doute c'est le départ le plus positif que nous ayons jamais eu sur le Tour de France, un énorme changement par rapport à l'an dernier", explique Dave Brailsford, le manager de l'équipe britannique. "Nous sommes en position de force", continue Geraint Thomas. Seul bémol : "Ce serait mieux s'il n'y avait que quelques secondes entre moi et Alaphilippe, pas une minute (1 min 12 sec). Mais à part ça, c'est génial."

A Pau, il y aura bien une bosse en milieu de parcours. Alaphilippe finira sans doute derrière Thomas, Wout van Aert (Jumbo-Visma) et les spécialistes. Mais il roule très bien, et peut passer sous la minute de retard à l'arrivée. Il avait pris 59 secondes sur le Belge, vainqueur surprenant du chrono du dernier Dauphiné en juin.

En réalisant un chrono surpuissant, galvanisé par la tunique jaune, Alaphilippe peut conserver son paletot à la sortie. "Je vais essayer de repousser mes limites. J’ai vraiment une bonne raison de me faire encore plus mal que d'habitude sur un chrono qui me correspond bien. Qu’importe mon résultat demain, quoiqu’il arrive ce sera top. J’ai juste hâte de toute donner et j’espère que je vais limiter la casse.", a-t-il anticipé vendredi. 

Le perdre pour mieux se retrouver ?

Mais perdre le maillot jaune ne serait pas une fin en soi pour lui. Si le natif de Saint-Amand-Montrond le conserve vendredi, il a des chances de le perdre samedi, avec les 17 kilomètres d'ascension du Tourmalet. Alaphilippe l'a répété, il adore l'effervescence de la première place. Mais elle le bride également.

"Il n'a pas vraiment le caractère pour gagner le Tour", estime Bernard Thévenet, double vainqueur de l'épreuve en 1975 et 1977. "S'il veut y parvenir, il faudra qu'il s'assagisse. Mais en devenant plus sage, il sera forcément moins fort. C'est un garçon qui court sur son caractère, un peu en 'chien fou' et il fonctionne parfaitement comme ça."

Attaquant naturel, Alaphilippe court presque contre-nature avec le maillot jaune. Le perdre à la pédale lui permettrait de redevenir lui-même et courir à l'instinct, comme il aurait aimé le faire jeudi à vers Bagnères-de-Bigorre. Tout en ayant vécu les dix plus beaux jours de sa carrière.

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