Tony Gallopin : "De nouvelles ambitions"
Quel regard portez-vous sur l’année 2014, marquée par un jour en jaune et une victoire d’étape sur le Tour de France ?
Tony Gallopin : "C’est la meilleure année de ma carrière, mais avec le recul, j’estime qu’elle s’inscrit dans la continuité de ma progression. Tous les ans j’arrive à franchir un palier et j’espère que 2014 n’était qu’une marche de plus. Elle m’a rendu plus ambitieux, j’ai encore envie de mieux faire dans le futur, c’est vrai. Mais dans ma tête, il n’y aura pas d’avant et d’après 2014."
Comment avez-vous vécu cette nouvelle notoriété ?
TG : "Sereinement. C’était flagrant : le grand public me reconnaissait davantage juste après le Tour de France. J’ai notamment ressenti la différence sur les critériums, au mois d’août. C’était chouette. Mais c’est rapidement revenu à la normale."
Qu’allez-vous changer en 2015 ?
TG : "Je vais axer ma saison sur certaines épreuves, davantage que par le passé en tout cas, où j’allais un peu partout en essayant de faire de mon mieux. Désormais, mes objectifs seront plus ciblés, plus précis. Ça veut aussi dire que je ferai moins de courses. C’est une grosse nouveauté, ça va être intéressant."
Au mois de décembre, vous avez prolongé chez Lotto jusqu’en 2017...
TG : "J’étais encore sous contrat avec eux pour 2015, et la prolongation s’est faite très naturellement. On en a parlé ensemble et pour eux (les dirigeants), il n’y avait pas de problème. Les deux parties avaient envie de prolonger l’aventure. D’autres équipes étaient intéressées, mais il n’y avait rien de très avancé. Avec Lotto, on est parti en se disant, ‘tiens, pourquoi pas une année où on ferait les Ardennaises à fond’. Je n’ai pas eu à les convaincre et eux n’ont pas eu à me rassurer. Ça me permet de voir loin (jusqu’en 2017, ndlr) et de travailler dans la sérénité. L’équipe est derrière moi, je ne peux que me sentir bien face à ce nouveau challenge."
Quel sera votre programme ces prochaines semaines ?
TG : "Il n’y aura rien de bien nouveau pour ce début de saison : j’irai au GP la Marseillaise, à l’étoile de Bessèges, puis je ferai le Tour de l’Algarve au Portugal. Le premier grand rendez-vous, avant Milan-San Remo, sera Paris-Nice."
"Il faut faire des choix"
Remporter une course d’une semaine, comme Paris-Nice, justement, n’est-ce pas votre nouveau grand défi ?
TG : "Non, ça ne sera pas encore la priorité cette année. Je viserai plutôt les courses d’un jour, au mois d’avril. J’étais bien placé lors de la dernière édition (10e du général, ndlr) mais cette année, le tracé est plus dur, plus exigeant. A priori, Paris-Nice me permettra surtout de tester les jambes à un mois des Ardennaises. Paris-Nice, c’est une course pour les « solides ». L’expérience, l’âge y sont déterminants car les conditions météo sont souvent difficiles. Mentalement, c’est le premier rendez-vous de l’année, ça frotte beaucoup. Certes, c’est une course pour les coureurs complets et j’essayerai toujours d’être dans le coup, mais cette année, je n’en fait pas un objectif primordial."
Pas de Flandrienne non plus pour vous cette saison ?
TG : "C’est ça, pas de Flandrienne. J’irai au Tour du Pays basque, puis ça sera la Flèche brabançonne et les Ardennaises. C’est un peu dur de mettre de côté les classiques flamandes car ce sont des courses que j’apprécie, belles à courir, magnifiques mêmes. Mais Liège-Bastogne-Liège l’est aussi et puis, on ne peut pas tout faire. Il faut faire des choix."
Après San Sebastian en 2013, visez-vous un succès sur les Ardennaises en 2015 ?
TG : "Je manque de résultat pour dire que je vais jouer la victoire, mais je vais tenter de m’en rapprocher. Le Top 10, ça serait une confirmation. Après, si je peux aller sur le podium et jouer la victoire… Il ne faut pas non plus oublier que l’équipe aura plusieurs cartes sur chaque course. Je ne demande pas d’avoir cinq ou six coureurs à mon service comme certains leaders, je n’ai pas encore assez couru pour faire cela. Je vais essayer de faire mon chemin."
Comment pensez-vous aborder la prochaine Grande Boucle ?
TG : "On ira sur le Tour de France sans leader au général. Ça laisse forcément des ouvertures pour un coureur comme moi, mais dans le peloton, on veut tous se montrer, on veut tous gagner une étape, or il y a très peu d’opportunités. Je commencerai sans doute par travailler pour Greipel, puis j’essayerai de profiter de chaque occasion pour m’illustrer. Pour moi, ça sera un Tour relativement similaire à celui de l’an passé."
"Champion du monde, ça serait fabuleux..."
Envisagez-vous de travailler la haute montagne, de sorte à pouvoir jouer les premiers rôles sur un grand Tour d’ici deux ou trois sans ?
TG : "Ça pourrait me plaire, même si pour cela, il faudrait que je progresse aussi au niveau du mental. Quand j’approcherai de la trentaine, oui, ça pourrait devenir un nouvel objectif. Puisque je pars du principe que j’ai encore plusieurs années devant moi, je ne dis pas non. Je ne prétends pas encore pouvoir faire un podium du Tour, mais voir les Français au top, ça donne de nouvelles ambitions face aux meilleurs grimpeurs. Quand on voit ce que Jicé Péraud a fait l’été dernier, on se dit que c’est possible."
Après votre sixième place l’an passé, quelle importance accordez-vous aux prochains Championnats du monde ?
TG : "Je fais des Mondiaux l’objectif principal de ma fin de saison, surtout avec un parcours pareil. L’an passé, c’était un tracé parfait que j’affectionnais énormément. A Richmond, ça peut être très spécial aussi. Les Championnats du monde, c’est précisément le genre de course que j’adore : beaucoup d’adrénaline, une tension qui monte au fil des tours, et à la fin, ça se fait à la pédale. Il y a une grosse pression du fait qu’on porte d’une certaine manière la responsabilité de tout un pays sur les épaules. L’an passé, c’était vraiment chouette. On verra. Champion du monde, ça serait fabuleux…"
Quel coureur vous a le plus impressionné l’an passé ?
TG : "Simon Gerrans. C’est le genre de coureur que j’admire et que je respecte par son professionnalisme et sa façon de courir qui est… parfaite. Il est impressionnant. Il est arrivé à ce niveau-là au fil du temps, par l’expérience, et n’a jamais fait de bruit. Il a une progression très linéaire. Il n’est arrivé au top qu’à 32, 33 ans (il a aujourd’hui 34 ans, ndlr). Ça me fait penser que j’ai encore du temps devant moi."
Si vous deviez parier sur un Français cette saison ?
TG : "Arthur Vichot, qui a eu beaucoup de malchance en 2014 et qui va avoir une grosse envie de bien faire. La roue va tourner pour lui. Il va être au top niveau. On fait les mêmes courses en plus, donc on va pouvoir être à la bataille, cote à cote."
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