Pour Thomas Voeckler : "Les courses auront une valeur différente des autres années"
L'UCI a dévoilé son nouveau calendrier. On s'y attendait, il est étalé sur trois mois et très condensé, quelle est votre réaction ?
Thomas Voeckler : "Oui on s'y attendait même s'il fallait encore que l'UCI officialise son calendrier. Les grands noms sont présents avec bien-sûr en premier lieu le Tour de France et les grandes classiques. Je pense qu'il faut aussi avoir une pensée pour les organisateurs des courses peut-être moins prestigieuses que les classiques historiques, et qui n'ont pas réussi à avoir le luxe d'une date dans ce nouveau calendrier. Les courses auront une valeur différente des autres années, mais elle n'en auront pas moins pour autant. On souhaite surtout que les conditions soient réunies pour que ces courses aient lieux."
Les coureurs affamés dès le Dauphiné
Pour préparer le Tour, seulement deux courses par étapes en Pologne et le Dauphiné, ramassé sur cinq jours. Comment faut-il les aborder ?
T.V. : "Historiquement ce qui fait la force du Critérium du Dauphiné ce sont ces huit jours de courses avec un dernier week-end traditionnellement très difficile avec de la haute montagne et un Tour de Pologne n'est en rien comparable en terme de profil avec la Grande Boucle. Donc il faut relativiser. En revanche, si les courses se tiennent, elles seront hyper importantes pour les coureurs qui auront l'ambition d'être au départ du Tour de France en bonne forme. C'est sûr qu'en plus, avec trois mois d'entraînement, peut-être en solitaire, les coureurs du Tour vont avoir hâte d'en découdre sur des courses comme le Dauphiné par exemple."
Dans ce nouveau calendrier, le Giro reste sur trois semaine mais ne risque-t-il pas de souffrir de la concurrence d'autres courses qui vont être placées en même temps à l'image du Tour des Flandres ou encore de Paris-Roubaix ?
T. V. : "Ce qui est sûr, c'est que le Tour de France reste l'épreuve phare de l'année quelques soient les circonstances ! Les autres courses sont donc obligées de s'adapter. Je vois bien des coureurs du Tour essayer de briller sur des Liège ou sur l'Amstel Gold Race et puis les coureurs qui seront passés à travers de leur Grande Boucle auront peut-être à cœur de se racheter sur les routes du Giro. Il faut quand même faire une distinction entre les leaders de ces grandes classiques qui ne sont pas forcément les favoris pour briller sur un Giro ou un Tour de France."
La Vuelta est placée en toute fin de calendrier du 20 octobre au 8 novembre avec une semaine de concurrence avec le Giro. Est-ce que ça ne serait pas finalement le parent pauvre de ce calendrier ?
T. V. : "La Vuelta va avoir lieu... Je dirais que les malheureux sont les courses qui ne pourront pas prendre place dans ce calendrier réduit. En revanche ce qui est vraiment atypique c'est ce Giro qui se termine le 25 octobre. Ça va être très particulier mais une Vuelta, qui finit début novembre au moment où les coureurs sont en général en vacances depuis plusieurs semaines, le sera encore plus. Est ce que cela va changer quelque chose ? Oui car ce ne sera qu'un Tour d'Espagne mais plus un Grand Tour ! Normalement, ça dure trois semaines et c'est cette dernière semaine qui fait généralement la différence. Et il ne faut pas oublier qu'en fin de saison les coureurs sont aussi dans l'expectative de nouveaux contrats. Rester concentré au mois de novembre alors que leur avenir ne sera pas assuré, ça va créer une fin de saison excitante."
"Des courses parmi les rares à avoir eu lieu"
Avec une saison quasiment condensée sur trois mois, est-ce que ce calendrier est tenable pour tout le monde ?
T. V. : "Il faut bien distinguer qu'il y a un calendrier et des effectifs avec des rotations. Vous avez huit coureurs au Tour de France et au départ de la course, chacune des équipes dispose d'au moins 27 coureurs dans son effectif. Donc il y est bien évident qu'il y aura une rotation et qu'un coureur ne va pas enchaîner les trois Grands Tours ou toutes les classiques dans la foulée du Tour de France. Mais ce calendrier reste tenable car les équipes de 1re division et les plus grosses de 2e division mondiales ont une richesse d'effectif qui leur permettra d'être opérationnelles sur ses trois mois. Il n'aurait pas été tenable s'il y avait eu des mois "classiques" avant car il y a une un arrêt de quatre mois sans compétition avec de la récupération pour les coureurs. Mais il laissera peut-être des traces pour la saison 2021."
En tant que passionné du monde du vélo, est-ce que vous trouvez excitant le fait d'avoir ce calendrier ramassé en si peu de temps ?
T. V. : "De mon point de vue d'amoureux du cyclisme traditionnel, je trouve cela drôle des courses comme le Paris-Roubaix en octobre. Mais c'est une année qui restera à part dans le domaine du vélo et plus largement. Je me réjouis de voir ces courses dont on parlera comme des manifestations sportives ayant été parmi les rares à avoir lieu durant cette année si étrange pour nous tous."
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