Le Tour est-il à la portée d'un pur grimpeur comme Thibaut Pinot ?
Thibaut Pinot peut grimper les cols les plus élevés, c'est un fait. Mais peut-il grimper sur la plus haute marche du podium de la Grande Boucle ? Le Tour de Suisse, sorte de micro répétition avant le début du Tour, inciterait plutôt à répondre par la négative. Aérien, facile, le Franc-Comtois a survolé l'étape reine de Montagne, pris le maillot de leader avant de devoir le céder lors de la dernière étape, un chrono pour purs rouleurs autour de Berne. Dans ce parcours aux multiples relances, où la puissance est une denrée vitale, Pinot a vite été écarté de la gagne. Si sa 14e place dans ce contre-la-montre n'a rien de déshonorant, elle l'a pourtant éjecté du podium. A l'heure où le cyclisme moderne réclame des coureurs qui excellent dans tous les domaines, les carences du leader de la FDJ dans l'exercice en solitaire semblent devoir le condamner à des coups d'éclat en montagne sans pouvoir briguer le classement général.
En immersion avec Pinot :
Il suffit de jeter un coup d'oeil au palmarès du Tour pour se rendre compte que ce dernier ne s'offre généralement qu'aux champions tout terrain. Pourtant, et c'est heureux, il existe des exceptions. Des coureurs qui dominaient tellement leur sujet quand la pente s'élevait et que l'air se raréfiait, qu'ils parvenaient à creuser des écarts suffisamment conséquents pour compenser leur faiblesse, relative, dans les chronos. Charly Gaul, vainqueur en 1958 ou Federico Bahamontes, qui lui succédait l'année suivante, faisaient partie de ces grimpeurs d'exception qui ont réussi à défier la logique. Leurs surnoms, "l'ange de la montagne" et "l'aigle de Tolède" suffisaient d'ailleurs à résumer leurs qualités aussi bien qu'ils symbolisaient un cyclisme d'un autre temps.
D'autres cyclistes légendaires ont réussi à imposer leur style exclusivement montagnard. S'ils n'ont pas régné aussi longtemps que les plus grands qui, eux, étaient également de formidables machines à rouler (Coppi, Anquetil, Merckx, Hinault, Indurain), ils possèdent dans l'imaginaire collectif une aura presque mystique. Luis Ocaña ou Lucien Van Impe avaient quelque chose de romantique dans leur façon de courir et personne n'a oublié qu'ils sont parvenus à faire mettre un genou à terre au grand Eddy Merckx.
Pantani et Schleck, exceptions controversées
Plus près de nous, seuls deux voltigeurs sont parvenus à terminer en jaune sur les Champs-Elysées. Mais, dans les deux cas, ces succès ne furent pas limpides. Marco Pantani, vainqueur en 1998, fut rattrapé par des affaires de dopage avant de se donner la mort quelques années plus tard et sa victoire, pourtant magnifique sur la route, laissera toujours un goût d'inachevé. Quant à Andy Schleck, il fut battu par Alberto Contador en 2010 avant de récupérer la victoire suite au déclassement de l'Espagnol. Dans son mano à mano avec ce dernier, excellent rouleur, le Luxembourgeois avait fait preuve d'un panache remarquable dans les ascensions mais il avait payé son manque de puissance dans les chronos.
Dans un Tour faisant la part belle aux étapes contre-la-montre, un coureur comme Thibaut Pinot n'aurait certainement eu aucune chance à la régulière. Mais, et c'est la chance du Français, le parcours 2015 est clairement dessiné pour favoriser les grimpeurs. Avec une seule, et très courte, étape disputée en solitaire et une autre par équipe, où les écarts sont généralement moins conséquents, les grimpeurs entrevoient leur chance. Sauront-ils la saisir ?
Le débat autour des favoris du Tour 2015 en vidéo :
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