5 seigneurs pour un trône : Thibaut Pinot (1/5)
Pourquoi il peut gagner le Tour :
Pas de Chris Froome, pas de Tom Dumoulin. Au-delà d'un plateau allégé de deux grands favoris, Thibaut Pinot aura deux avantages de choix cette année : sa forme et son équipe. Avec 35 jours de course et seulement trois courses disputées depuis le 31 mars (Tour de l’Ain, Critérium du Dauphiné et Championnats de France), le Franc-Comtois est frais et en confiance. Surtout, avec 4 victoires au compteur (une étape et le classement général lors du Tour du Haut-Var et du Tour de l’Ain), il n’avait jamais autant gagné avant d’aborder la Grande Boucle (hormis 2016, 6 victoires). En 2019, Pinot a moins couru, Pinot a mieux couru.
Face à l’armada Ineos de Thomas, Bernal, Poels, Kwiatkowski ou Castroviejo, il faudra encore cette année devoir résister au train infernal britannique. Ca tombe bien, Pinot est sans doute parmi les mieux lotis pour le faire. Sans Arnaud Démare, mais avec le nouveau champion de Suisse Sébastien Reichenbach, Rudy Molard ou encore le jeune David Gaudu, Marc Madiot ne court plus deux lièvres à la fois. En 2019, il a mis une équipe entière au service du 3e du Tour 2014. Pinot n'a jamais eu des coéquipiers aussi forts pour le soutenir, à lui de les utiliser au mieux pour bousculer Ineos. Et éviter les efforts inutiles avant la haute montagne, là où il est parmi les tout meilleurs.
Ce qui peut lui manquer :
Thibaut Pinot lui-même l’admet : il a une santé fragile. Malade en 2016 et fiévreux en 2017, Pinot avait été contrait à l’abandon lors de ses deux dernières participations. Les variations de température et la météo capricieuse peuvent fragiliser son organisme. Le récent vainqueur du Tour de l’Ain a longtemps craint les grosses chaleurs de juillet. Il les supporte mieux, mais Pinot n’est jamais meilleur que sur des étapes à la météo rafraîchie.
Le chrono ensuite. Depuis son titre de champion national en 2016, Thibaut Pinot n’a pas passé le cap que ce résultat pouvait laisser envisager : 60e du chrono inaugural du Tour 2017 ou 66e du contre-la-montre du Giro 2018. Sa 12e place sur celui de Roanne sur le dernier Dauphiné est néanmoins encourageante, tout comme sa 21e place sur le chrono final de Tirreno-Adriatico.
Pinot devra obligatoirement limiter la casse lors du contre-la-montre par équipes à Bruxelles (2e étape), épreuve où Groupama-FDJ n’a jamais brillé (14e lors du dernier contre-la-montre par équipes du Tour en 2015, 8e sur Tirreno-Adriatico 2019). Le rouleur Stefan Küng sera à ce titre d’une grande aide, comme aurait pu l’être Benjamin Thomas, nouveau champion de France de la discipline mais non retenu.
« Je ne veux pas subir. Si j’ai les jambes, je veux être devant et ne pas avoir de regrets à Paris. Le classement général sera ce qu’il sera mais s’il est proche du podium, alors tant mieux. » Pinot l’a bien compris : pour accrocher au moins un podium dans un mois, il faudra faire la course et non plus la subir. Si sa santé et la météo l’épargnent, tous les espoirs sont permis.
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L’avis d’Alexandre Pasteur :
"Pinot est attendu, mais ce n'est pas l'année ou jamais, comme on peut l'entendre. Il a 29 ans. Geraint Thomas a gagné le Tour à 32 ans, Cadel Evans à 34. Pinot aura d'autres occasions de gagner le Tour. Sur la Vuelta l'année dernière, il avait perdu du temps. Il n'aura pas la même marge de manoeuvre sur ce Tour de France. Il ne faut pas rêver. Son équipe me plaît bien. Gaudu, Molard, Reichenbach... Je pense qu'il n'y a qu'Ineos qui peut présenter une équipe aussi dense en montagne.
Sur le plat, Anthony Roux et William Bonnet seront là pour assurer la protection. Pour Pinot, la difficulté sera de ne pas perdre de temps sur les étapes pièges et de limiter la casse en contre-la-montre. J'espère pour lui qu'il n'y aura pas de trop grosses chaleurs sur les routes du Tour, parce que, c'est physiologique, il n'aime pas ça".
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