Sky ne veut pas céder à la psychose
La présence est discrète autour du bus de l’équipe Sky. Depuis les récents dérapages du public contre Christopher Froome et Richie Porte, les services de sécurité veillent au grain. Un dispositif renforcé à Mende. Six hommes au lieu de deux pour éviter tout débordement. Si Sky indique être « concentré sur le sport en premier », la peur a gagné l’équipe britannique. « On a des craintes pour la sécurité », explique Nicolas Portal, directeur sportif de Sky. Samedi, le maillot jaune Chris Froome a reçu un bol d’urine alors que Richie Porte avait lui reçu un coup dans la montée de La Pierre-Saint-Martin. « C’est terrible car il n’y a pas de respect. On se demande où ça va s’arrêter, explique Portal. Est-ce qu’un jour quelqu’un va franchir le pas et agresser un coureur ? Les coureurs sont aussi près du public que moi des micros (à 20 cm lors de l’interview, ndlr). Forcément ils ont peur. »
Projectiles, crachats, insultes
De par sa position, Froome est le plus visé. Mais toute l’équipe est prise pour cible. « Chris est maillot jaune donc ça a plus d’impact mais il y a d’autres coureurs chez nous qui ont reçu des choses ou se sont faits cracher dessus. Nous aussi on a reçu des projectiles sur la voiture, raconte Portal. Dans ma langue maternelle, ce n’est pas évident toute la journée d’entendre des insultes. On ne peut pas contrôler les 200 personnes qui foutent le bazar mais ça gâche un peu la fête. ». Sky se retourne donc vers ASO pour faire au mieux afin de sécuriser le peloton. Une gageure quand on a des milliers de personnes au bord des routes. Heureusement, ça s’est calmé entre Mende et Valence. « C’était mieux aujourd’hui, indiquait Dave Brailsford, le manager de Sky. Ce n’est qu’une minorité. Je sais que ce n’est pas la France et les Français. »
Portal le vit mal
En écrasant la course, les Sky acceptent toutefois de ne pas faire l’unanimité auprès du public. « Je conçois que les gens nous supportent ou ne nous supportent pas. On peut se faire huer même si c’est désagréable. Mais on ne fait que du sport. Pas de la politique. On ne va pas changer le monde. » Soutenu par l’ensemble du peloton, y compris des coureurs français, Nicolas Portal joue même les médiateurs. « Je suis Français et je ne le vis pas très bien, ajoute le Palois. Les coureurs viennent me voir et me demande ce qui se passe. En Angleterre, en Espagne ou en Italie, tous les coureurs sont encouragés (A Utrecht, le public a hué Thomas Voekcler lors du contre-la-montre, ndlr) et là, pour eux, on a tous le même maillot et on est tous anglais. » Pas question d’en rajouter et de cristalliser davantage l’attention du public. « Si je commente ce genre de chose, les gens qui ont cette attitude vont continuer. Si on en parle à la radio ou à la télé, ils vont continuer. On est plus des victimes qu’autre chose. » Pas de pub et que du sport, tout le monde devrait être d’accord.
VIDEO : Dave Brailsford défend Chris Froome
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