Roger Pingeon, vainqueur du Tour de France 1967, est décédé à l'âge de 77 ans
Un caractère bien trempé. Une intelligence de course phénoménale. Roger Pingeon était ainsi décrit par ses adversaires ou ses coéquipiers. Des atouts, qui ont parfois été des défauts. Cela a contribué à faire de lui un vainqueur du Tour de France et du Tour d'Espagne. Mais en roulant à la fin des années 60, il s'est surtout confronté à un homme d'un tout autre niveau: Eddy Merckx. Le Belge l'a ainsi devancé à Paris en 1969 sur la Grande Boucle, le privant d'un deuxième sacre. En France, il y avait aussi la popularité d'un Raymond Poulidor, qui pouvait lui faire de l'ombre.
"L'échassier" s'en est allé
Roger Pingeon "a été foudroyé ce matin vers 04h00 par une crise cardiaque", a indiqué à l'AFP le maire de Beaupont (Ain), Georges Gouly. Depuis les années 2000, l'ancien champion était revenu dans l'Ain, en terres bressanes, à Beaupont, 700 habitants, à une centaine de kilomètres de sa ville natale de Hauteville-Lompnes, aux confins du Jura. "Il allait très bien, je l'avais encore vu hier matin. C'était quelqu'un d'une grande humilité, qui avait su très bien s'intégrer à la vie du village et notamment à la vie associative. Cette année, il fêtait le 50e anniversaire de sa victoire", a ajouté le maire, manifestement affecté.
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Surnommé "l'échassier" en référence à ses longues jambes, ce coureur de grande classe au moral fragile a terminé deuxième du Tour 1969, seulement devancé par l'imbattable champion belge Eddy Merckx. La même année, il a gagné le Tour d'Espagne. Pur-sang du peloton (1,82 m pour 72 kg) doté d'une remarquable intelligence de course, il était en proie à des sautes d'humeur et redoutait le mauvais temps et la fringale. Pourtant, en 1967, ce fut dans le froid et sous la pluie qu'il garda son maillot jaune dans l'étape de la Chartreuse après que Raymond Poulidor se fut rangé à son service dans le Galibier sous le maillot de l'équipe de France. Roger Pingeon est entré dans l'histoire du Tour grâce à son échappée solitaire du côté de Jambes, en Belgique, qui lui a permis de gagner la Grande Boucle 1967.
Des coups d'éclat mémorables
Fragile et attachant "Pinpin" ! En proie à des sautes d'humeur, il s'inquiétait facilement pour ses bronches, ses sinus, ses tendons. Il redoutait le mauvais temps et la fringale, aimait la chaleur. Mais, en 1967, ce fut dans le froid et sous la pluie qu'il garda son maillot jaune dans l'étape de la Chartreuse. Dans le Tour, il remporta quatre étapes et termina à trois reprises dans les cinq premiers (5e en 1968). Cette année-là, il mena une échappée victorieuse de... 193 kilomètres entre Font-Romeu et Albi. Capable de coups de tête, sujets aux états d'âme, il annonça plusieurs fois son retrait (Paris-Nice et Dauphiné 1966). Il alla jusqu'à jeter pendant la course son vélo dans le ravin au désespoir de Gaston Plaud, son directeur sportif de Peugeot, jurant de redevenir plombier-zingueur, son métier d'origine. Car cet homme secret et timide ne faisait rien comme les autres. Le jour de repos du Tour, il restait en position allongée sans toucher au vélo. Il modifiait son menu, renonçait aux sucres et aux viandes, et prenait le soir un bain chaud... et salé, complété de quelques litres de vinaigre. La combinaison de sel et de vinaigre, assurait-il, était un défatiguant.
Professionnel jusqu'en 1974, il a ensuite longtemps été consultant pour la Télévision suisse romande. Vingt-trois vainqueurs du Tour sont encore en vie, dont le doyen est l'Espagnol Federico Bahamontes (88 ans, vainqueur en 1959).
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