Pinot les a fait pleurer
Scène de joie au bus blanc frappé du trèfle. C’est si rare sur le Tour de France de voir des sourires et des pleurs pour une victoire d’étape française. Un par un, les coureurs et les directeurs sportifs rejoignent le dernier bus de la file, si loin du podium où Pinot laisse éclater sa joie. Dans la voiture derrière le coureur de Melisey où le Tour est passé hier, Thierry Bricaud vient d’arriver. La presse l’attend micro déjà ouvert pour capter toute l’ambiance de ce moment. « C’est un pur bonheur, glisse le directeur sportif de la FDJ. Des instants très rares. » Les mots s’enchaînent sur la nouvelle star de l’équipe, sur son parcours, son caractère. Son collègue Franck Pineau est lui submergé par ses émotions. Incapable de répondre sans pleurer, il finit par se réfugier dans sa voiture. Il lui faudra de longues minutes pour reprendre ses esprits et retrouver la parole.
Casar par procuration
Arrivé dans les premiers au bus, Sandy Casar connait ces ambiances de fête, ces embrassades libératrices. Trois fois, il a été ce Français vainqueur en juillet devant tous les cadors. Pas en jambe après une chute deux jours plus tôt, il a vécu cet événement par procuration. « On ne savait pas trop où ça en était avec Kessiakoff, raconte-t-il. Et puis on a entendu qu’il avait 35 secondes d’avance. Quand on ne joue plus la victoire d’étape, on se met dans un paquet et on écoute avec les oreillettes au maximum. On vit avec celui qui est devant. C’est une belle journée pour l’équipe. » Vieux routier dans l’équipe, Sandy Casar a vu éclore un sacré talent. Et un sacré grimpeur. « Il est simple, toujours joueur, encore un peu jeune mais il a montré qu’il pouvait gagner, ajoute Casar. Ses défauts lui ont peut-être servi aujourd’hui. Il ne devait pas bouger et rester avec les leaders. Il a bien fait de ne pas écouter les consignes. Il va s’en rappeler. Je le voyais plus en haute montagne. Avec la forme qu’il tient, on va le revoir… »
Compétitif dans trois ans
Et dire que Marc Madiot avait prévu d’envoyer Pinot sur la Vuelta plutôt que sur le Tour. Trop jeune. Trop inexpérimenté. Aujourd’hui, le « papa poule » ne doit pas regretter d’avoir dit « banco » au mois de juin. Selon le patron de l’équipe, sa précocité ne doit pas faire oublier qu’il a encore beaucoup de choses à apprendre. « Son apprentissage n’est pas terminé. Il a notamment des lacunes à corriger sur les chronos. Si on poursuit le programme qu’on s’est fixé, il sera compétitif dans trois ou quatre ans. Son Tour n’est pas fini. Il doit maintenant rester au contact des meilleurs, au plus près des premiers. Il doit les observer, qu’il s’habitue à leur présence. » Le plus jeune coureur du Tour a donc un parcours tout tracé. Grimpeur né, il sera bientôt candidat au classement général. « Quand on est grimpeur comme lui, on peut se le permettre, reprend Bricaud. Il est précoce dans tout ce qu’il fait. Il le montre aujourd’hui. Ce n’est que le début d’une belle carrière. » Après Pierre Rolland l’an dernier à l’Alpe d’Huez, le cyclisme français commence à retrouver le sourire et l’espoir de revoir les sommets.
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