Pinot déchaîné, Alaphilippe a résisté, Ineos dans le flou… Ce qu'il faut retenir des Pyrénées
• Pinot le plus fort en montagne
Piqué dans son orgueil par la bordure de la 10e étape qui lui aura coûté 1'40, Thibaut Pinot avait "la rage" et l'envie de revenir au plus vite au classement général. Très affûté depuis le début de la Grande Boucle, et remotivé par un bon contre-la-montre, le Franc-Comtois n'a pas tardé à remettre les points sur les "i". Comme en 2015 à l'Alpe d'Huez, il a d'abord signé une deuxième victoire de prestige au sommet du Tourmalet (sa 3e en carrière sur la Grande Boucle). Bien plus fringant qu'un Geraint Thomas, Pinot en a alors profité pour remonter la pente au général pour se repositionner au 6e rang.
Et si l'on pouvait craindre un contrecoup au lendemain de ce coup d'éclat, le leader de la Groupama-FDJ a parfaitement géré la situation lors d'une éprouvante 15e étape. Son attaque à six kilomètres de l'arrivée a d'abord déposé Julian Alaphilippe, qui s'est cette fois avoué vaincu, mais elle lui a surtout permis de réduire considérablement l'écart sur Geraint Thomas (à 15 secondes) et Steven Kruijswijk (18 secondes). Alors que se profilent les Alpes, son Tour est totalement relancé.
• Alaphilippe a mieux que résisté
Il a avait beau être N.1 mondial, avoir gagné cette année Milan-San Remo, la Flèche Wallonne, Julian Alaphilippe était loin de faire partie des favoris du général pour ce Tour de France. Son ambition de porter le jaune lors des premières étapes était tout à fait logique et légitime. Mais le porteur du maillot de leader s'est vu pousser des ailes, même dans les Pyrénées. Après avoir déjà surpris son monde en remportant le contre-la-montre, pour son 12e succès cette saison, il a fait partie du show 100% tricolore samedi.
Non content de cette performance et alors qu'une majorité des observateurs le voyait s'effacer progressivement dans les hauteurs pyrénéennes, le natif de Saint-Amand-Montrond a enfoncé le clou en terminant deuxième, à six petites secondes de Pinot, sur le Tourmalet. Il aura fallu attendre la fin de la 15e étape et l'attaque de Pinot pour voir le maillot jaune accuser le coup. Malgré tout, "Alaph" a su préserver l'essentiel, terminant en 11e position à 1'49 du vainqueur. Avant la journée de repos, il garde donc 1'35 d'avance sur Thomas, mais s'attend déjà une fin de Tour plus difficile avec le passage dans les Alpes.
• Bardet englouti par le Tourmalet
Son début de Tour, voire de saison, n'augurait rien de bon. En manque de repère, de confiance, Romain Bardet a sombré dès l'ascension du col de Soulor. Dans un jour sans, celui qui n'avait encore jamais connu de telle déconvenue sur la Grande Boucle lors de ses six précédentes participations, a obligé ses coéquipiers Mathias Frank, Tony Gallopin et Mikaël Chérel à décrocher pour lui venir en aide. "Une ombre vagabonde. Cauchemardesque que je traîne depuis deux semaines à chaque coup de pédale", écrivait-il après une 14e étape terminée à plus de 20 minutes du vainqueur, Thibaut Pinot.
Le lendemain, l'Auvergnat a eu le mérite de se montrer à l'avant, notamment aux côtés de Nairo Quintana, un coureur également en quête de rachat. S'il n'a pas été en mesure de répondre aux plus costauds, le leader d'AG2R La Mondiale a repris quelques couleurs sans vraiment rassurer ses coéquipiers en terminant à 2'58 du vainqueur du jour. La journée de repos devrait lui faire beaucoup de bien.
• Ineos malmenée
Déjà battu dans le contre-la-montre par Alaphilippe, Geraint Thomas n'a pas affiché son plus beau visage dans les Pyrénées. Le leader d'Ineos qui avait fait belle impression dans la Planche des Belles Filles a craqué à deux kilomètres de l'arrivée lors de la 14e étape. De nouveau malmené ce dimanche, il n'a pas été capable de répondre aux offensives de Pinot qui se montre à présent comme sa menace la plus sérieuse pour la victoire finale.
Ce qui est plus inquiétant encore pour le vainqueur de l'édition 2018, ce sont ses coéquipiers. Jusqu'à présent, l'équipe britannique (Sky puis Ineos) savait entourer son leader. Cette année, et notamment dans les Pyrénées, le Gallois est bien plus esseulé. Sur le Tourmalet, seul Wout Poels a eu les capacités d'emmener son leader. La concurrence est loin d'être assommée et le Tour de France n'a plus été aussi ouvert depuis quelques années...
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