Milan - San Remo : Arnaud Démare, favori au doublé ?
A première vue, on aurait sans doute choisi un autre Français pour imaginer une deuxième victoire pour un tricolore sur Milan-San Remo. Mais Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) ne semble pas encore avoir encore retrouvé la plénitude qui était la sienne lors de sa victoire en mars 2019. C’est tout le contraire pour Arnaud Démare. Le sprinteur de Groupama-FDJ, qui n’avait pas semblé tranchant lors de sa seule épreuve disputée (l’UAE Tour en février) alors que le Covid-19 commençait déjà à perturber les conditions de course, semble parmi les plus affûtés pour cette reprise particulière sur les routes.
Les bonnes sensations entrevues au Tour de Burgos (deux deuxièmes places lors des sprints) se sont confirmées lors de Milan-Turin mercredi. Au terme d’un sprint d’équipe remarquablement exécuté, le Beauvaisien est allé cueillir son premier bouquet 2020 à la régulière devant Caleb Ewan (Lotto-Soudal) et Peter Sagan (Bora-Hansgrohe), alors que Sam Bennett (Deceuninck-Quick Step) et Fernando Gaviria (UAE Team Emirates) n’ont même pas tenté de surgir.
"On a de très grandes ambitions, on ne va pas se le cacher. Cette année, je sens que l'on est vraiment une marche au-dessus."
Une victoire avec la manière qui sonne comme la préparation idoine pour la confiance, avant le premier grand rendez-vous de la saison samedi. "Déjà une très bonne reprise sur le Tour du Burgos, l'équipe marche très fort. Aujourd'hui, on savait que l'on avait un gros coup à faire, se mettre en confiance pour Milan-San Remo. Gagner aujourd'hui, c'est vraiment parfait, se félicitait Démare à l’arrivée à Turin. On n'a peur de personne et moi je me sens vraiment très bien. Il faut y aller à bloc. On a de très grandes ambitions, on ne va pas se le cacher. Cette année, je sens que l'on est vraiment une marche au-dessus."
Tracé modifié, parcours à appréhender
Une marche au-dessus peut-être pas, mais le Français sera parmi les plus surveillés samedi à la sortie du Poggio, le dernier "capi" (mont transalpin qui jalonne le parcours) situé à cinq kilomètres de l’arrivée. Encore faudra-t-il ne pas se faire surprendre par les modifications inhérentes au Covid-19. "Les températures seront beaucoup plus élevées qu'en mars", souligne Valerio Piva, le directeur sportif de CCC. Une trentaine de degrés, un coureur de moins par formation, huit kilomètres supplémentaires, moins de course en front de mer et donc moins d’exposition au vent : autant de changements que vont devoir gérer les coureurs.
Avec une équipe entière dévouée à lui (Sinkeldam, Guarnieri, Küng, Konavalovas), Démare pourrait demander à son équipe de prendre la poursuite en main afin d’être idéalement placé au pied du Poggio. Dans une course souvent monotone jusqu’à la Cipressa, l’avant-dernier "capi", le sens tactique et le placement priment souvent sur les qualités intrinsèques. A ce titre, l’exemple de train collectif "sur tableau noir" comme disait Démare, démontré sur Milan-Turin a faveur de motif de satisfaction.
Démare n’a pas encore gagné, loin de là vu le plateau faramineux dont va se délecter l'organisateur RCS (Alaphilippe, Sagan, van der Poel, van Aert, Ewan, Gaviria, van Avermaet, Kwiatkowski). Mais le voir lever les bras sur la Via Roma en costaud comme en 2016 n’a rien de farfelu tant il est apparu puissant mercredi. Si cela arrivait, Démare rentrerait dans le cercle fermé des Français double vainqueurs d’un Monument après-guerre. Seul le regretté Laurent Fignon l’avait réussi sur Milan-San Remo (1988-1989), alors que Gilbert Duclos-Lassalle avait lui réussi le doublé sur Paris-Roubaix (1992-1993). Bernard Hinault avait lui carrément doublé le doublé sur Liège-Bastogne-Liège (1977-1980) et le Tour de Lombardie (1979-1984). Démare serait donc seulement le quatrième à y parvenir en 70 ans. Tous les voyants sont au vert pour y parvenir.
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