Les nouveaux ogres du sprint
Kittel, le successeur
En juillet 2013, Marcel Kittel avait réalisé un Tour de France faramineux : porteur du premier Maillot Jaune de la centième édition, il avait remporté quatre étapes au total, dont celle des Champs-Élysées. L’Allemand avait alors explosé dans la hiérarchie des meilleurs sprinteurs de la planète. Parfaitement propulsé par le train de la Giant-Shimano, il s’était permis de faire la nique à plusieurs reprises à ses aînés, Mark Cavendish et André Greipel. Les trois monstres se sont d’ailleurs partagé la bagatelle de 46 succès en 2013, dont 15 pour le seul Kittel. Cette saison, le phénomène a déjà levé les bras à sept reprises, dont deux succès de prestige sur le Giro (alors qu’il n’a participé qu’aux trois premières étapes avant de jeter l’éponge, malade). Pour les sceptiques qui pensaient que sa dernière Grande Boucle n’était qu’un coup d’éclat sans lendemain, il est encore temps de se rendre à l’évidence.
Degenkolb, la seconde lame
Qui a dit qu'il était compliqué de gérer deux jeunes sprinteurs de classe mondiale sur un seul et même grand Tour ? La FDJ.fr ? Certes. Mais pas la Giant-Shimano, qui montre qu’une telle opération est tout à fait faisable en alignant, pour la deuxième fois d’affilée au départ de la Grande Boucle, ses deux bombes allemandes Marcel Kittel et John Degenkolb. Pour parfaire leur endurance et leur explosivité, la formation néerlandaise les a d’ailleurs envoyés s’entraîner ensemble en altitude au début du mois de juin. Avec un objectif : rafler le plus de victoires d’étapes sur le Tour. Si Kittel sera la première option en cas de sprint massif, Degenkolb pourra lui tirer son épingle du jeu sur les étapes qui s’apparentent à des classiques. Ce dernier a récemment brillé sur les plus prestigieuses courses d’un jour: deuxième de Paris-Roubaix (devant Cancellara), il a remporté Paris-Tours (devant Sagan et Démare) et Gand-Wevelgem (devant Démare, encore). On se souvient aussi de son exceptionnelle Vuelta 2012, où il avait décroché cinq victoires d’étapes.
Kristoff, sortir de l’ombre
Katusha veut décrocher un maximum de victoires d’étapes cette année sur le Tour. Et si la formation russe pourra compter sur Joaquim Rodriguez, électron libre le temps d’un été, pour jouer sa carte à fond en montagne, c’est sur les épaules d’Alexander Kristoff que reposeront les espoirs de succès en plaine. Déjà convaincant l’an passé sur les classiques (4e du Tour des Flandres, 9e de Paris-Roubaix et 8e de Milan-San Remo), le Norvégien a passé un cap cette saison : encore en vue sur le Tour des Flandres (5e), il a aussi et surtout remporté la redoutable "Primavera", à la surprise quasi-générale. A 26 ans, pour sa deuxième Grande Boucle (son meilleur résultat n’est pour l’instant qu’une 2e place sur la première étape du Tour 2013), Kristoff a placé la barre à la hauteur de sa forme olympique en annonçant vouloir enfiler le Maillot Vert. Erik Zabel, qui l’a coaché jusqu’à l’été dernier, a sans doute pris le temps de lui dévoiler le mode d’emploi.
Sagan en quête du triplé
Alors qu’il est toujours éligible à la tunique blanche du meilleur jeune, le Slovaque est déjà l’un des coureurs les plus redoutés du circuit. Autant puncheur que sprinteur, intouchable si l’arrivée est jugée à l’issue d’une courte montée, Peter Sagan est une machine à podiums qui a fait de la Grande Boucle l’un de ses grands terrains de prédilection. A 22 ans, il participait à son premier Tour, gagne trois étapes et enfile le Maillot Vert à Paris. Un an plus tard, il remportait à nouveau le classement par points en creusant sur ses rivaux des écarts étourdissants. Cette année, pour sa préparation, il a encore préféré le Tour de Suisse au Dauphiné. Il y a évidemment levé les bras. Le fantasque sprinteur est dans les clous pour chercher un triplé que seul Zabel a réussi (six d’affilée entre 1996 et 2001) dans l’histoire du Tour de France. Plus personne ne pourrait alors répudier son surnom le plus baroque : "Tourminator".
Démare dans le grand bain
Annoncé depuis le début de la saison comme le leader de la FDJ.fr sur le Tour de France, Arnaud Démare abordera le premier grand tour de sa carrière avec plus de pression qu’attendu. La "faute" à Nacer Bouhanni, qui en réalisant un Giro de haute volée (trois victoires d’étapes et maillot rouge à l’arrivée), a bien failli chambouler les plans de la formation de Marc Madiot. Inflexible, ce dernier a finalement décidé de suivre son idée initiale en axant sa composition autour de Démare. Le Beauvaisien, double vainqueur des Quatre jours de Dunkerque, sacré sur le Tour de Picardie et qui a bien failli s’offrir Gand-Wevelgem (2e), est-il bien le joyau français du sprint mondial? Éléments de réponse dans un mois.
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