Le dernier challenge de John Gadret
Après 5 ans de vie commune, l’histoire entre John Gadret et AG2R a pris fin. Sous les ordres de Vincent Lavenu, le coureur a connu ses belles heures : meilleur français du Tour en 2010 (18e), 22e l’an dernier, 3e du Giro en 2011 suite au déclassement d’Alberto Contador. Mais son contrat pas renouvelé, il a craint pour la suite de sa carrière. "Quand j’ai signé j’ai été soulagé. Lorsque je vois le nombre de très bons coureurs qui restent ‘sur la planche’, c’est vraiment une année difficile pour le cyclisme", regrette-t-il. Ses managers Michel Gros et l’ancien coureur amateur roubaisien Joona Laukka ont bien œuvré et lui ont trouvé un point de chute auquel il ne s’attendait pas. "Au départ, je m’attendais à une proposition italienne, mais quand on m’a dit que c’était la Movistar, j’étais un peu scotché", confesse-t-il. La Movistar. Tout simplement "la meilleure équipe du monde" selon lui, "elle est première du World Tour". L’équipe de Nairo Quintana, révélation et deuxième du Tour 2013 et d’Alejandro Valverde, troisième des derniers Mondiaux et vainqueur du Tour d’Espagne 2009. Des pointures donc. Conscient d’arriver dans une grande équipe, le Français débarque sur la pointe des pieds et croquera à pleines dents dans tout ce qu’on lui donnera. Car il sait qu’il revient de loin.
"Moral de cadet"
Dix ans après ses débuts au sein de Chocolade Jacques-Wincor Nixdorf, John Gadret a faim. Faim de cyclisme, de kilomètres à avaler et "de faire un métier qu’(il) aime". Sans rien demander, encore moins exiger. "Mon but en 2014, c’était d’être coureur cycliste, donc je ferai les courses qu’on me dira de faire". Quand on lui parle des grands tours, il botte encore en touche. "Ils comptent sur moi pour ces épreuves, mais il y en a 3 (Giro, Grande Boucle, Vuelta), donc j’ai une chance sur 3". Il faut insister pour lui faire parler du Tour de France. "Ca me plairait. Enormément. Si j’y suis tant mieux, sinon tant pis, c’est comme ça". Profil bas, encore et toujours. Un discours qui laisse toutefois transparaître une énorme motivation. Alors que le stage de début de saison se profile, il ronge son frein. Cette échéance, il va l’aborder "comme un gamin, avec un moral de cadet", mais aussi avec un peu d’appréhension. La raison ? La barrière de la langue. "Je ne parle pas un mot d’espagnol donc va falloir s’y mettre. C’est moi qui vais dans leur pays, donc c’est à moi de faire un effort", reconnaît-il.
Expérience
Nouveau challenge, nouveaux coéquipiers, nouvel état d’esprit et nouvelles ambitions pour John Gadret. Habitué à jouer les premiers rôles dans ses anciennes équipes, il va devoir apprendre à se muer en équipier modèle. Un costume dans lequel il va se glisser sans rechigner. "Je vais pouvoir apporter mes qualités de grimpeur et mon expérience. De plus José Luis Arrieta (le directeur technique de Movistar, ndlr) sait comment je cours depuis qu’on a été équipier (chez AG2R, ndlr)". Sa bonne connaissance des pavés qui se profilent sur le Tour pourrait aussi jouer en sa faveur. "J’habite pas loin, c’est un point positif. Je connais bien la région, je peux apporter mon expérience sur l’entrée des pavés, mais Valverde et Quintana vont les reconnaître". Déjà prêt à se mettre aux services de ses leaders, il a rangé son ambition personnelle au placard pour privilégier l’équipe. "Quand on est dans une équipe qui peut gagner le Tour, il faut avoir cet état d’esprit". Ne reste plus qu’à y être pour prouver qu’à 34 ans, "(il) n’était pas mort".
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