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Laurent Jalabert : "Roglic a calé au moment où il était seul face à son destin"

Notre consultant Laurent Jalabert revient pour nous sur le final improbable du contre-la-montre de la Planche Des Belles Filles, remporté par Tadej Pogacar ce samedi.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Vous avez toujours dit qu'il ne fallait pas enterrer Pogacar sur ce contre-la-montre. Mais vous attendiez-vous à un tel retournement de situation ? 
Laurent Jalabert : "Je m'attendais à ce que Tadej Pogacar soit fort, et je savais que Roglic serait sous pression. Quand on a vu l'arrivée au Grand Colombier, Pogacar avait encore du gaz, et pas Roglic. C'était l'inverse à la Loze, mais moi j'avais l'impression que tout n'était pas fait. Après, même si ça m'a étonné de voir Roglic un peu en perdition, c'était avant tout une superbe performance de Pogacar."

On a vu Roglic changer de vélo en plein col, alors qu'il avait apparemment décidé de faire l'ensemble du chrono avec le même engin. Qu'est-ce que cela dit sur son état d'esprit à quelques kilomètres de l'arrivée ?
L.J : "Clairement, la Jumbo Visma n'avait pas du tout prévu que l'écart se réduise autant, et aussi vite. Ils étaient en panique. Vous savez, ce genre d'étape se joue bien sûr avant tout sur le terrain physique, mais le mental a son importance aussi. Pogacar ne s'est pas posé de question : il avait 55 secondes à rattraper, il avait juste à tout donner. Roglic, lui, s'est vite mis à douter, et quand tu doutes tu peux perdre les pédales. Ca m'a rappelé Romain Bardet qui avait perdu sa 3e place au général sur un chrono, pour une seconde, un peu de la même manière. Quand tu entends que ton poursuivant est en train de faire un contre-la-montre de feu, quand tu entends l'écart qui se réduit minute après minute, tu peux perdre pied. Ca joue d'avoir trop d'informations."

Primoz Roglic avait laissé Tadej Pogacar reprendre 30 secondes au lendemain de la bordure qui avait repoussé son rival à plus d'1min30, lors de la 8e étape. Roglic a-t-il sous-estimé Pogacar sur ce Tour de France ?
L.J : "Aujourd'hui, on peut dire que oui, que c'est dommage de l'avoir laissé revenir dans le jeu. Le Tour de France est une course par élimination, il ne faut pas laisser un adversaire distancé revenir. Mais avec le recul on peut aussi dire que, par-dessus tout, c'est Pogacar qui mérite cette victoire. C'est quand même lui qui attaquait en permanence en montagne. C'est le seul parmi les favoris à avoir constamment tenté sa chance contre les Jumbo-Visma." 

Globalement, l'équipe de Primoz Roglic a donné l'impression d'être constamment dans la gestion... avant de finir par perdre le maillot au pire des moments. La Jumbo-Visma s'est-elle trompée de tactique sur ce Tour ? 
L.J : "Au final on peut dire que c'est surtout Pogacar qui a joué le coup à la perfection, en portant l'estocade sur la dernière étape difficile. Il savait qu'il n'avait pas une équipe assez solide pour contrôler la course. Si Pogacar avait pris le maillot dans la Loze par exemple, son équipe aurait été incapable de contrôler la course le lendemain sur la dernière étape des Alpes. Il l'aurait sans doute reperdu. Tant que Roglic avait le maillot jaune, il n'avait pas vraiment besoin d'équipe, il pouvait se débrouiller seul. C'est l'inverse de Roglic, qui a constamment donné l'impression d'être intouchable quand il était entouré, mais a finalement calé au seul moment où il était seul face à son destin." 

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