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La presse dubitative face au sacre de Froome

La victoire de Christopher Froome sur ce 100e Tour de France est accueillie avec beaucoup de réserves par la presse. A coup d’ironie, de sous-entendus ou d’attaques frontales, la plupart des quotidiens nationaux français restent suspicieux face aux performances du Britannique. Pour d’autres raisons, outre-Manche, la victoire du leader de la Sky ne déchaîne pas non plus les passions.
Article rédigé par franceinfo
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« Chris Froome survole la 100e édition » titre « Le Figaro », qui parle « du voyage extraordinaire » du leader de la Sky avec les doutes qui l’accompagnent. Et de conclure sur le désir de « ce corps long semblant vidé de muscles » de « prolonger son histoire en jaune. En s’appuyant sur une vie ascétique… » Une fin ironique soulignant le scepticisme du quotidien face à un coureur dont « les deux attaques (Ax 3 Domaines, Mont Ventoux) ayant assommé le Tour » ne seraient dues qu’à un grand professionnalisme.

« Libération » préfère lui s’attarder sur l’équipe double tenante du titre. « On se risque à parier un paquet d’actions sur un second titre de Christopher Froome, l’an prochain. Son équipe, la Sky, a choisi les lieux et l’heure où la bataille sera gagnée et où les dividendes seront certains », amorce « Libé ». Outre les résultats de la formation de Dave Brailsford, c’est sa communication qui est critiquée. « (La Sky) promet même de répondre aux journalistes en leur absence (..).Elle nourrit la presse et la paresse », dénoncent Jean-Louis Le Touzet et Sylvain Mouillard selon le système développé par Antoine Vayer. 

Le quotidien sportif « l’Equipe » a lui opté pour un large bilan de ce Tour de France. Le vainqueur a droit à la Une avec en fond les Champs-Elysées illuminés, mais aussi à une interview en page 2. « Je ne m’attendais pas à être à ce point scruté sur le bien-fondé de nos performances », s’étonne le « Kenyan Blanc ». Plutôt que de revenir sur le climat de suspicion entourant le maillot jaune, le journal a choisi de saluer le sprinteur Marcel Kittel « entré de plain-pied dans l’histoire », en l’emportant sur l’avenue parisienne. Sans oublier Nairo Quitana, « devenu celui qui peut désormais battre Chris Froome sur le Tour dans les années à venir. »

Un futur sur lequel s’est interrogé « Le Parisien ». « Froome peut-il durer ? », se demande le titre de presse. « Il a su dominer les arrivées au sommet et les contre-la-montre donc il a tout pour pouvoir gagner plusieurs Tours », témoigne le coureur AG2R Samuel Dumoulin. « Il faut pouvoir tirer un trait, retravailler l’hiver et repartir à zéro (…). Le plus dur commence maintenant », nuance Richard Virenque. Pour Nicolas Portal, son directeur sportif, « cela dépend d’abord de son envie. Parce que ce sont des sacrifices qu’on ne peut pas expliquer (…) Tant qu’il aura cette flamme il peut vraiment penser gagner le Tour. »

La presse britannique indifférente

De l’autre côté de la Manche, Chris Froome n’a pas eu droit aux Unes des journaux, trustées par le « Royal baby » du couple princier. Le « Daily Telegraph » s’est tout de même lancé dans un bel hommage au vainqueur. "Le Roi Soleil (pour Louis XIV à Versailles, ndlr),  brillant de mille feux pour Sky (le nom de son équipe signifiant ciel), peut  régner pendant des années". La victoire du Kenyan Blanc n’a pas soulevé les passions de l’autre côté du Channel. Le site internet du Daily Mail a même relégué le champion britannique derrière les nombreuses news foot…

Un succès mitigé tout juste contrebalancé par le numéro spécial de 3 pages du « Times ». D’autant que le quotidien appartient à Rupet Murdoch, aussi propriétaire de BSkyB, sponsor du team Sky… Sur lemonde.fr, Marc Roche a d’autres explications à ce désamour. Froome a une « personnalité effacée » et n’est pas né sur le territoire anglais. « Or, les sujets de Sa Majesté issus de l'outre-mer ont mauvaise réputation. Greg Rusedski, tennisman anglais né au Canada, a appris à ses dépens la persistance de ces préjugés contre les "pieds noirs" de l'Union Jack », explique Roche. Des deux côtés du Channel, Froome est donc loin de faire l’unanimité.

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