La nouvelle dimension de Pierre Rolland
L’an passé, il avait chèrement défendu son maillot à pois l’an passé sur le Tour, sacrifiant le classement général (24e au final, à plus d’une heure de Chris Froome) pour tenter de ramener la prestigieuse tunique sur les Champs-Élysées. En vain. Pierre Rolland avait dû se contenter de porter le maillot douze étapes durant, pour finalement le céder à Nairo Quintana… et terminer la course avec un sentiment de gâchis.
Une préparation chamboulée
De son propre aveu, le grimpeur avait mal préparé cette centième édition de la Grande Boucle. S’il n’a "jamais été focalisé sur le général", il s’était élancé avec 58 jours de course dans les jambes ("c’était trop") avant de prendre ses objectifs à l’envers en s’arrachant dès la Corse pour endosser l’habit du meilleur grimpeur. Pour ne plus faire les mêmes erreurs en 2014, Rolland a décidé de profiter de l’arrivée d’Europcar dans l’élite du cyclisme mondial, le World Tour, pour tout changer.
Privilégiant la qualité à la quantité, quitte à retarder ses pics de forme pour être à 100% en au mois de juillet, le grimpeur de 27 ans a ainsi choisi de se frotter aux cadors du peloton au mois de mars, sur Tirreno-Adriatico, en "prenant du plaisir" sur les routes italiennes, mais sans vraiment se rassurer (26e au général). Alors, comme il attendait un heureux événement pour la fin du mois d'août, il a rayé la Vuelta de son programme pour chercher le délic un peu plus tôt, sur les routes du Giro. Il n’a pas été déçu.
"Plus rien ne sera jamais pareil"
Dans un peloton certes privé des Froome, Contador et autres Nibali, mais tout de même relevé avec les présences notables de Quintana, Uran et Evans notamment, Rolland a été magistral. Rattrapé à 300 mètres de la ligne d’arrivée de la huitième étape, il s’est nourri de cette déception pour réaliser deux dernières semaines de haute volée, ultra-offensives, où il a souvent été le seul à pouvoir suivre le rythme imprimé par Nairo Quintana. Son ascension du terrible Montecampion, solidement calé dans la roue du Colombien, ou son attaque réussie vers Panarotta, où il a pris la troisième place du général, lui ont fait un bien fou au moral.
"Plus rien ne sera jamais pareil", reconnaissait-il même dans les colonnes de l’Équipe à l’issue de la course. Sur ces énormes pourcentages, face aux meilleurs, l’Orléanais a réalisé qu’il avait les moyens de faire du général une obsession. Surtout sur le Tour de France, où il a pris l’habitude de briller avec deux Top 10 (10e en 2011, 8e en 2012) et autant de victoires d’étapes de prestige (l’Alpe d’Huez, la Toussuire).
Nouvel état d’esprit, nouveau programme : pas de Dauphiné, mais une reprise en douceur sur les Championnats de France pour arriver à Leeds avec la tête et les jambes prêtes à endurer trois semaines de folie. Des plus sérieux prétendants, il sera le seul à réaliser l’enchaînement Giro-Tour. Mais Rolland "aime le mois de juillet et la chaleur". Il a tourné la page d’une année 2013 chaotique, et l’annonce désormais sans retenue : "Je suis un homme du Tour".
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