Giro 2024 : après deux ans de galères, la lumière au bout du tunnel pour Julian Alaphilippe, victorieux sur le Tour d’Italie
Si son directeur Patrick Lefevere lui a reproché "trop de fêtes et trop d'alcool" dans les colonnes du journal flamand Humo en février dernier, rien ne devrait empêcher Julian Alaphilippe de savourer une coupe de champagne. Le coureur français, qui a connu beaucoup de déconvenues depuis 2022, s'est imposé sur la douzième étape du Giro, jeudi 16 mai, entre Martinsicuro et Fano. Une victoire qui ne sera pas la plus belle de son palmarès, mais qui compte tant elle vient récompenser sa résilience.
Cent vingt-six kilomètres d'échappée à deux, peu y croyaient, mais il l'a fait. Accompagné de l'Italien Marco Maestri (Polti-Kometa), Julian Alaphilippe a gagné en maestro. "C'était assez surprenant de partir si tôt, mais il voulait continuer, a réagi son directeur sportif Geert van Bondt au micro d'Eurosport. Il a fait un truc incroyable. C'est un combattant. Les deux dernières années ont été difficiles, mais il a toujours été concentré. Il avait déjà montré de belles choses, il a montré son esprit de compétition, et aujourd'hui il est récompensé. C'est très bon de le revoir gagner de cette façon."
Un "soleil" puis l'ombre
Deux années "difficiles", c'est un euphémisme. Pour le double champion du monde (2020 et 2021), la dernière victoire remontait à 346 jours, sur la deuxième étape du Critérium du Dauphiné 2023. La galère a commencé en 2022, avec un "soleil", une chute impressionnante sur les Strade Bianche. Malade, il avait ensuite dû déclarer forfait pour Milan-Sanremo. La même année, une nouvelle chute, plus grave, sur Liège-Bastogne-Liège, l'avait empêché de participer au Tour de France. Il avait ensuite été contaminé par le Covid-19 pour son retour. 2023 devait alors être une année de reconstruction, mais le Français n'a pas souvent été récompensé de ses efforts et de ses attaques, avec seulement deux victoires, sur la Faun-Ardèche Classic et donc sur le Critérium.
De mauvais résultats qui ont déclenché le courroux du directeur de son équipe, Soudal-Quick Step, Patrick Lefevere. En janvier 2023, il lui avait une première fois reproché de "se cacher derrière les chutes et les maladies". Puis plus récemment, en février, outre ses reproches sur la fête et l'alcool, il avait affirmé que Julian Alaphilippe était trop influencé par "le charme" de sa compagne Marion Rousse, et qu'"après avoir signé son méga contrat, on ne l'a[vait] plus vu". Le coureur n'a jamais vraiment réagi à ces attaques, préférant répondre sur le vélo.
Des kilomètres à l'avant enfin récompensés
Ce début de saison n'avait toutefois pas encore souri au double champion du monde, avec un abandon sur le Circuit Het Nieuwsblad, un abandon sur les Strade Bianche, et des courses disputées avec une fracture du genou pour ne pas se "chercher d'excuses". Mais il avait déjà montré du mieux sur Milan-Sanremo avec une neuvième place. Aligné pour la première fois sur le Giro, il voulait saisir l'opportunité d'entrer dans le cercle fermé des vainqueurs d'au moins une étape sur les trois Grands Tours. Il n'en est pas passé loin lors de la sixième étape, avec une deuxième place, mais n'a pas abandonné son objectif. Très souvent offensif, il est le coureur qui a passé le plus de kilomètres à l'avant depuis le Tour d'Italie (377), dont 131 jeudi, enfin récompensés.
"Aujourd'hui, il a montré qu'il était encore l'un des meilleurs coureurs du monde. Beaucoup de gens l'avaient peut-être oublié, mais ce qu'il a fait aujourd'hui est impressionnant. C'est le Alaphilippe qu'on veut tous voir"
Tadej Pogacar, maillot rose du Tour d'Italiesur Eurosport
"Cette victoire est belle parce qu'il y a la manière et que je l'ai attendue. Je pense qu'elle est méritée. Je veux vraiment savourer le moment parce que je reviens de loin. Il y a des hauts et des bas dans une carrière, et je ne me suis pas retrouvé ici par hasard. J'ai loupé les premiers jours d'école de mon fils la semaine dernière, et ce n'était pas pour rien, je vais pouvoir lui ramener ça", a-t-il réagi, tout sourire, sur Eurosport, en montrant sa médaille. En fin de contrat à la fin de la saison, Julian Alaphilippe ne sait pas où son avenir s'écrira, mais il a montré, avec cette victoire, qu'il en avait encore sous la pédale.
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