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Jean Lassalle : "A chaque fois que le Tour de France passe, c'est la fête"

Avec 153 km, la 9e étape du Tour de France fait la part belle au Pyrénées entre Pau et Laruns. Mais en dehors des cols de 1e catégorie, il faudra aussi composer avec le col de Lourdios-Ichère, un petit village de 141 habitants connu dans tout le pays. Et pour cause : c'est celui de Jean Lassalle, l'ancien candidat à la présidentielle. Et aussi un grand fan de vélo, qui ne manque jamais l'occasion de se rendre sur une étape du Tour de France.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Jean Lassalle à Lourdes sur le Tour de France 2018. (LAURENT FERRIERE / HANS LUCAS)

Le Tour de France va passer chez vous à Lourdios-Ichère (141 habitants). Vous vous sentez comment ?
Jean Lassalle : "Je suis très heureux, très impatient comme avant tout évènement. D’autant que là c’est un événement qui marque profondément la vie du pays, ça marque la vie de mon village : c’est la troisième fois que le Tour y passe. J’ai eu la chance de connaître différents directeurs du Tour depuis Jacques Goddet, j’ai toujours fait une ou deux étapes pyrénéennes dans la voiture sur le Tour. J’ai toujours aimé le vélo".

Quels sont les effets d’un passage du Tour sur votre village et ses alentours ?
JL : "Ce sont des effets très très positifs, il n’y a qu’à voir le nombre de télévisions, de médias qui vont passer par Lourdios-Ichère, en parler et montrer le village. A chaque fois que le Tour passe, c’est la fête, même cette année avec les précautions sanitaires. Les gens se sont préparés. Ils accueillent des campings-cars et caravanes depuis plusieurs jours, qui sont allés s’installer sur le col d’Ichère. Ils descendent se ravitailler,  faire la fête. On attend des spectateurs pour la journée aussi".

"Ce sera un lieu de rassemblement, avec le drapeau béarnais et des chants pyrénéens. Tout le monde chante ici, et ceux qui ne chantent pas sont heureux d’entendre, d’écouter. Il y aura aussi un troupeau de vaches béarnaises" 

Le village s'est préparé ? 
JL : "C’est un moment de rencontre, avec beaucoup de convivialité donc on installe une buvette. Mes fils seront tous au rendez-vous, à part Thibault qui joue au rugby à Oyonnax. Ce sera un lieu de rassemblement, avec le drapeau béarnais et des chants pyrénéens. Tout le monde chante ici, et ceux qui ne chantent pas sont heureux d’entendre, d’écouter. Il y aura aussi un troupeau de vaches béarnaises d’un éleveur du village, c’est une petite animation qui ne demande pas de moyens, mais qui est sympa et qui montre le pays et l’amour que portent les habitants de Lourdios-Ichère au Tour de France".

Vous serez où pour regarder passer le Tour ?
JL :
"Je serai sur l’étape dans une des voitures de la direction du Tour. Mais je m’arrêterai pour saluer les copains qui sont toujours contents de nous voir". 

Le peloton va emprunter le col d’Ichère : pouvez-vous nous le présenter ?
JL : 
"Déjà il faut savoir qu’il est moins dur dans ce sens-ci, en venant d’Oloron. La route est longue, sinueuse, mais sur ce versant les pourcentages sont moins marqués. En revanche, la descente sera très rapide de l’autre côté, très technique. C’est un col très prisé des cyclo-touristes le reste de l’année, avec une chaussée pas très large, bien tendue. Quand le Tour y passe, c’est toujours une belle fête".

"Je me souviens du décrochage de Bernard Thévenet en 1978 justement. Il avait gagné ses deux Tours, et il a connu une défaillance dans la montée du col d’Ichère."

Vous y étiez en 1978 lors du premier passage ?
JL :
"J’y ai vécu de grands moments oui. Je me souviens du décrochage de Bernard Thévenet en 1978 justement. Il avait gagné ses deux Tours, et il a connu une défaillance dans la montée du col d’Ichère. L’autre qui m’a marqué c’est Richard Virenque qui avait attaqué au pied du col en 1991, il était parti sur une chevauchée fantastique et était passé seul au sommet. C’était une grande étape, il y avait eu une grande fête le soir".

Le Tour de France, ça représente quoi pour vous ?
JL : 
"C’est le seul évènement sportif de portée universelle qui passe gratuitement devant votre fenêtre. Il y a une forme de communion entre les hommes et femmes de nationalités multiples que ce soit dans le peloton mais aussi au bord de la route : il y a beaucoup de nationalités différentes. Cette année c’est différent parce qu’on est en septembre, donc les gens ne sont plus en vacances. Les gens communient avec les coureurs et respectent leurs efforts."

Et pour le Béarn ?
JL : 
"Lourdios-Ichère est un village de frontière très éloigné, où il faut s’accrocher, travailler dur. Il y a beaucoup de bergers, de bûcherons, sur des pentes très rudes. Les gens d’ici savent ce que c’est que de souffrir, ils comprennent la souffrance terrible des coureurs et se retrouvent dans l’effort du peloton".

"Les gens d’ici savent ce que c’est que de souffrir, ils comprennent la souffrance terrible des coureurs et se retrouvent dans l’effort du peloton"

Vous avez été berger jusque 21 ans. Quelle était la place du vélo dans votre vie ? 
JL : 
"Chez nous le vélo a toujours eu grande importance parce qu’on est éloigné de la ville. J’ai connu l’époque avec beaucoup moins de voitures, la bicyclette était le seul véhicule de déplacement, surtout quand on était jeune. On n’avait peu de mobylettes. Les routes n’étaient pas ce qu’elles sont devenues. Les habitants ont la voiture depuis longtemps à Lourdios hein (rires), mais le vélo n’est jamais loin et tout le monde en fait. Il a toujours été présent, comme les chevaux".

En 2013, vous avez fait le Tour de France à pied, mais jamais en vélo : pourquoi ?
JL : 
"Je pressentais le mal vivre des Français qui s’affichait déjà à l’époque comme il s’affiche aujourd’hui, qui ne se sentaient pas considérés, pas reconnus, coupés de leurs élites. J’ai décidé de faire un tour de la France pour partir à leur rencontre, mais pas en vélo. J’aurais pu, mais j’ai préféré le faire à pied parce que ça me laissait plus de latitude pour parler, pour passer partout. Je savais que ce serait difficile à pied, mais alors en vélo…"

Le vélo et la politique, est-ce comparable ?
JL : 
"En cyclisme comme en politique, il faut avoir du caractère. Les cyclistes comme les politiques veulent faire voir leur manière de faire les choses, leur stratégie. Dans les deux cas, cela demande une implication jour et nuit. On y fait des rencontre partout dans les villages, les villes, les lieux plus isolés. Cela nécessite de s’adapter à chaque fois comme le font les coureurs. Evidemment, la politique est aussi une compétition. Vous êtes identifié à ce que vous dites, faites, les cyclistes sont identifiés à leurs victoires comme nous, mais aussi à leurs défaites, comme nous. Ils veulent gagner pour honorer les spectateurs qui se sont déplacés pour les encourager, nous pour honorer les électeurs qui sont venus voter".

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