"Je suis entré dans l’équipe adolescent, j’en ressors en tant qu’homme" : Romain Bardet, un dernier Tour de Flandres et puis s’en va
Après huit ans sous les couleurs de l’équipe Ag2r La Mondiale, le cycliste français Romain Bardet dispute à 29 ans sa dernière épreuve avant de rejoindre l'équipe Sunweb. Il s'est confié à franceinfo.
Le Tour des Flandres sera décidément cette année une course très particulière : dernier monument de la saison, il sera disputé à huis clos ou presque, en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus en Belgique. La course sera particulière aussi pour le cycliste Romain Bardet qui, à 29 ans, s’apprête à tourner non sans nostalgie une page importante de sa carrière, après huit ans à courir sous la bannière Ag2r La Mondiale. Ce Tour des Flandres 2020 restera, quoiqu’il arrive, dans les mémoires de l’équipe Ag2r La Mondiale et de Romain Bardet. Depuis huit ans, les deux ont grandi ensemble avec notamment deux podiums sur le Tour de France, en 2016 et 2017, un maillot de meilleur grimpeur l’an passé et trois victoires d’étape.
Cela a un côté excitant. C’est l’une des courses que je suis avec le plus de passion dans mon canapé. Alors en être acteur aujourd’hui…
Romain Bardetà franceinfo
Mais à bientôt trente ans, le leader emblématique de la formation savoyarde va courir dimanche 18 octobre son tout premier Tour des Flandres et en même temps sa toute dernière course avec le maillot ciel et terre sur le dos. La saison prochaine, il rejoindra l’équipe allemande Sunweb. Il a accepté de dévoiler à franceinfo ses sentiments avant le grand départ et quelques heures après avoir reconnu les terribles Monts flandriens.
franceinfo : Quelles sont vos impressions après avoir reconnu ce Tour des Flandres 2020, une course qui ne correspond pas vraiment à votre gabarit de grimpeur ?
Romain Bardet : C’est vrai que c’est très particulier : on est dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres où on passe un peu dans tous les sens possibles et inimaginables pour une course aussi spectaculaire que difficile, avec des petites routes, des monts pavés assez terribles du fait de leur pente et de l’état des pavés. Et avec, surtout, 200 mecs au départ qui attendent cet événement ! C’est un peu du cyclisme total, et moi, à bientôt 30 ans, j’ai l’impression d’encore découvrir des choses, donc c’est sympa. Cela a un côté excitant. C’est l’une des courses que je suis avec le plus de passion quand je suis dans mon canapé et en être acteur maintenant, c’est quelque chose qui m’a grandement motivé. Assez rapidement après ma chute sur le Tour de France (Romain Bardet a été contraint à l’abandon à l’issue de la 13e étape, victime d’une commotion cérébrale), je sentais que cela pouvait être un bel objectif pour finir mon histoire avec l’équipe.
Pensez-vous à cette page qui se tournera avec votre équipe de toujours et les huit années passées chez Ag2r La Mondiale ?
Bien sûr qu’on y pense et qu’il va y avoir de l’émotion. Je ne suis pas dans la mélancolie, mais c’est une équipe qui compte énormément pour moi et qui comptera aussi dans l’avenir. Et c’était une belle occasion sur un des rendez-vous les plus importants de l’année d’apporter ma contribution et d’essayer de rendre un peu la pareille à tout ce que l’équipe a fait pour moi, notamment Oliver Naesen, qui sera le leader ce dimanche. Toutes les belles histoires et les beaux souvenirs qu’on a créés ensemble. Finir sur de l’inédit comme cela, je pense que je ne pouvais pas rêver mieux. Je vais avoir 240 km pour essayer de me faire plaisir et de rendre à l’équipe tout ce qu’elle m’a apporté...
D’ici dimanche soir, il faudra rester encore une fois dans une bulle, un terme à la mode en cyclisme ces temps-ci...
Oui c’est sûr (rires). C’est vrai que dimanche soir, cela va être particulier mais pour l’instant, il ne faut pas trop y penser. Il ne faut pas prendre le départ avec trop de choses sur le cœur. Je pense que la course se suffit à elle-même : il y a l’envie de bien faire, aussi, bien sûr. De faire de cette découverte une réussite à tous points de vue, de montrer que je suis fier ce maillot et de le montrer à l’avant. Là, ce serait une réussite.
Au final, que représente l’équipe Ag2r La Mondiale pour vous ? Qu’en retenez-vous au moment de la quitter ?
C’est tout simplement une grande partie de ma vie, beaucoup de souvenirs, au-delà des résultats qui sont remis à plat chaque année. À titre plus personnel, ces huit années sont des moments de vie, des ambiances de groupe et de belles rencontres, des personnes que j’ai plaisir à compter maintenant dans mon cercle proche. Je suis rentré dans le système Ag2r La Mondiale par le centre de formation, quand j’étais encore un jeune adolescent : j’en ressors à presque 30 ans, en tant qu’homme. Imaginez donc tout le chemin parcouru ensemble ! Toute l’équipe m’a fait grandir et m’a permis d’éclore dans mon sport de prédilection donc forcément, il y a beaucoup de choses qui vont se bagarrer dans ma tête dimanche soir. Mais ça va aller, je vais quand même trouver le sommeil samedi (rires) : on en a vu d’autres ! Mais c’est vrai, cela va quand même être une page qui se tourne.
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