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Guillaume Martin : "Le sport et la culture ne devraient pas être les parents pauvres du déconfinement"

Soulagé par la perspective d'un retour des entraînements en extérieur, Guillaume Martin revient sur les déclarations du Premier ministre Edouard Philippe, prononcées mardi devant les députés. Le grimpeur de la formation Cofidis ne s'emballe pas pour autant, même si la fin du règne sans partage du home trainer le réjouit au plus haut point.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (PAULINE BALLET)

Guillaume Martin aurait sans doute rêvé d'un meilleur scénario pour débuter son aventure avec la formation Cofidis. Arrivé à l'intersaison avec la ferme intention de progresser sur le Tour de France (12e au général en 2019), le grimpeur de 26 ans n'aura pas pu enchaîner les courses avec ses coéquipiers en 2020. Si beaucoup de zones d'ombre subsistent en raison de l'épidémie de Covid-19, le coureur français n'attend qu'une chose : le retour des entraînements sur route. D'après les déclarations du Premier ministre Edouard Philippe mardi, il faudra attendre le 11 mai.

La lumière est au bout du tunnel, vous allez enfin pouvoir retrouver la route...
Guillaume Martin :
"Si tout va bien, parce que cela demande confirmation… Mais ça reste évidemment très positif. Les semaines d'entraînement en intérieur sont évidemment très longues. Faire du home trainer, ce n’est vraiment pas mon exercice de prédilection. Si je fais du vélo, ce n'est pas pour faire le hamster dans un garage. Ca va faire du bien de retrouver le grand air. Je veux voir les paysages défiler."

La semaine dernière vous demandiez une dérogation pour que les cyclistes professionnels puissent s’entraîner en extérieur pendant le confinement…  
GM :
"Rouler dehors, c'était un motif professionnel. C'est notre métier de faire du vélo. Si le sport professionnel existe, c'est parce qu'il a une importance dans notre société, d'un point de vue économique, social et sanitaire. Tout ça, on n'a eu tendance à le mettre de côté trop vite. C'est dommage. Je ne vois pas vraiment le risque que je me faisais courir ou que je faisais courir aux autres en m'entraînant seul dehors. La situation a été un peu difficile à vivre, mais on va enfin vers le mieux."

Le sport a-t-il été placé à tort en arrière plan dans ce contexte de crise ?
GM :
"Si on doit se limiter à ce qui est essentiel à la survie de l'espèce humaine, c'est très triste. Ce qui fait l'humain, c'est sans doute tout ce qui est lié à la culture. C’est elle qui nous différencie des animaux. Le sport fait partie de la culture. S'il ne s'agissait que de manger, de boire et de dormir, jamais l'être humain n'aurait créé tout ce qu’il a créé. Evidemment que ce ne serait pas la fin du monde si le Tour de France n'avait pas lieu cette année, mais ce serait la fin d'un type de monde."

C'est comme retirer le sel d'un plat. Les loisirs, le sport, la culture sont un peu les parents pauvres du déconfinement, sans que ce ne soit forcément justifié par des mesures sanitaires. Il y a plus de risques de rouvrir les écoles ou certains commerces que de disputer un match de football à huis clos. Pourtant, le foot reprendra 3-4 mois après tout le monde. Je ne comprends pas pourquoi on est délaissé à ce point."

Zones vertes, zones rouges, limite des 100 km… Votre préparation ne sera-t-elle pas trop perturbée par les nouvelles restrictions ?
GM :
"Ca reste flou, mais la limite des 100km est suffisante pour faire des belles sorties, pour s'entraîner. Il faudra voir l'étape d'après. Nous allons avoir besoin de stages en altitude dans notre chemin vers un retour à la compétition. J'habite en Normandie, ce n'est pas forcément le terrain idéal... Il faudra que j'aille dans les Alpes. Est-ce que, sur motif professionnel, j'aurais le droit de me déplacer ? Je n'en sais pas encore assez. Si en juillet il n'est pas possible de faire un stage, cela voudra dire que la situation sanitaire ne le permet pas et que la tenue du Tour est compromise. Dans tous les cas, nous saurons nous adapter.”

Etes-vous condamné à une préparation aux allures de bricolage ou reste-t-il assez de temps pour retrouver une condition parfaite d’ici le Tour de France ?
GM :
"On a entendu beaucoup de choses concernant des problèmes d'équité entre les coureurs qui pouvaient sortir et ceux qui devaient se contenter du home trainer. Personnellement, cela ne m’inquiète pas. On parle quand même d'un événement qui aura lieu fin août, dans quatre mois. Il y a largement le temps de revenir en forme et d'équilibrer les niveaux. J’ai l’habitude de faire une coupure assez longue début mai, sans vélo. Et trois semaines et demi après je suis au départ du Dauphiné, déjà quasiment à 100%. A titre personnel, je sais que je reviens vite en forme.

En un sens ce sera du bricolage parce que c'est nouveau. On avait des chemins préétablis. Aujourd'hui on est obligé de s'adapter, de réfléchir à de nouvelles formes de préparation. Finalement, je me dis que ce n'est pas plus mal. Ca nous permet de sortir d'une zone de confort, de tester de nouvelles choses et de se surprendre en tant qu'athlète. Il y aura peut-être plus de surprises et de défaillances. Mon ambition c'était de viser mieux au général que les années passées. Il restera le même.”

Dans cet objectif, le home trainer vous a-t-il permis de travailler le contre-la-montre ?
GM :
"J'ai mon vélo de contre-la-montre à la maison. Il est dans le garage mais je ne l'ai jamais mis sur le home-trainer. C'est bien beau de savoir tenir la position en soufflerie ou sur le home-trainer à faible intensité, sans avoir la perturbation du vent et le grain de la route. C'est autre chose en conditions réelles. Rien ne remplace les sorties en extérieur. C'est sûr que le chrono demeurera un axe de travail, même si le Tour n'aura qu'un seul contre-la-montre, escarpé qui plus est. Ce ne devrait pas être capital pour le général, mais je vais le travailler. J'ai fait plus de gainage qu'habituellement mais ce n'est pas magique."

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