Giro : Plateau limité, Arnaud Démare surveillé... ce qu'il faut savoir sur le Tour d'Italie 2020
• Un parcours retravaillé
Initialement, le Giro 2020 devait s’élancer de Budapest le 9 mai dernier, pour trois étapes en Hongrie. Mais la crise sanitaire est passée par là et l’Italie, premier pays d’Europe à atteindre son pic épidémique, a dû, comme les autres épreuves, attendre le nouveau calendrier de l’Union cycliste internationale. Si l’instance a conservé l’idée d’un grand Tour long de 21 étapes, contrairement à l’homologue espagnol, les organisateurs de la course ont dû procéder à des modifications.
Le départ de Hongrie a été définitivement abandonné. La Sicile a finalement été retenue pour lancer les hostilités pendant 4 jours, à commencer par un contre-la-montre de 15.1 km autour de Palerme. Une arrivée au sommet a également été ajoutée en première semaine. Cependant, "les deux dernières semaines du Giro restent inchangées par rapport à son calendrier d’origine, à l’exception du départ de la 10e étape qui sera donné à Lanciano", a annoncé l’organisateur RCS Sport fin juillet.
Les coureurs s’écharperont sur des pentes mythiques comme celles de l’Etna, dès la 3e journée, mais surtout celles du Stelvio, déjà enneigé à deux trois semaines du passage du peloton. Cette 18e étape est taillée pour être celle qui consacrera le meilleur grimpeur du Tour d’Italie 2020. Il devra cependant rester solide le 25 octobre pour une 21e et dernière étape qui n'aura rien d'une parade. C'est un contre-la-montre plat de 15.7 km, en direction de Milan, qui mettra fin au suspense.
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• Un plateau vampirisé par les classiques et la Vuelta
Il y a encore quelques semaines, Mauro Vegni, le patron du Giro, avançait que tous les athlètes qui devaient être au départ seraient présents et que les meilleurs seraient là. Il prenait d’ailleurs l’exemple du tenant du titre Richard Carapaz (Ineos). L’Equatorien, qui sort du Tour de France, fera finalement l’impasse. Côté Français, Romain Bardet (AG2R La Mondiale) devait initialement découvrir la course, mais il avait lui aussi décidé de retourner sur la Grande Boucle.
Globalement, le gratin des grimpeurs a privilégié le Tour cette année et pour eux, enchaîner avec le Giro en à peine deux semaines n’est pas idéal. Il est en revanche plus cohérent d’envisager une participation à la Vuelta, un mois pile après la fin du Tour (départ prévu le 20 octobre). Et comme l’épreuve ibérique débute cinq jours avant la fin du Tour d’Italie, il est inenvisageable de participer aux deux courses.
Outre la cohérence du doublé Tour-Vuelta, beaucoup de coureurs de premier plan privilégieront les classiques du mois d’octobre, surtout les classicmen. Avec Liège-Bastogne-Liège le 4 octobre, le Tour des Flandres le 18 ou encore Paris-Roubaix le 25, des ambitions étrangères vont également vampiriser les ambitions du peloton. On comprend mieux pourquoi des équipes comme Bahrain-McLaren, Education First, Lotto Soudal ou Movistar ont dévoilé des sélections sans réelles ambitions au général ou au sprint.
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• Qui pour jouer la gagne ?
Qui dit plateau dégarni, ne dit pas plateau déserté. Il n'y aura qu'un seul membre du Top 20 du dernier Tour de France, le 6e, Miguel Angel Lopez (Astana), mais trois vainqueurs de grand Tour seront au départ et six équipes se posent en candidats sérieux, suffisamment armé pour batailler pour "la maglia rosa" et ainsi succéder à Richard Carapaz.
Vainqueur de Tirreno-Adriatico, en avance sur tous ses adversaires en septembre, Simon Yates (Mitchelton-Scott) va tenter de laver la frustration de 2018. A l'époque le Britannique avait craqué dans l'avant-dernière étape de montagne après avoir porté le maillot rose pendant 12 jours. Il a prouvé depuis qu'il était capable de remporter un grand tour en s'imposant sur la Vuelta la même année.
Attention aux ambitions de l'équipe Astana, qui s'élancera avec une hydre à trois têtes composée de Jakob Fuglsang, Aleksandr Vlasov et Miguel Angel Lopez. Les vieux briscards déjà vainqueurs en grand tour, Vincenzo Nibali (Trek Segafredo) et Geraint Thomas (Ineos) n'auront plus beaucoup d'occasion de briller à ce niveau. Ils ne laisseront pas passer leur chance. En forme sur Tirreno, et souvent placé, Rafal Majka (Bora-Hansgrohe) sera un bel outsider. Quant à Steven Kruijswijk (Jumbo-Visma), il faudra savoir si les séquelles de sa chute sur le Critérium du Dauphiné l'ont laissé tranquille.
★★★★ S. Yates, Thomas
★★★ Fuglsang, Kruijswijk , Vlasov
★★ Lopez, Majka, Nibali
★ Almeida, Kelderman
• Arnaud Démare en porte-étendard tricolore
Côté Français, s'il y a bien un homme à suivre sur les routes d'Italie, c'est bien Arnaud Démare (Groupama-FDJ). Avec 10 victoires, il est tout simplement le coureur le plus victorieux en 2020. En août, natif de Beauvais était sans doute le sprinteur le plus rapide du monde. Champion de France, vice-champion d'Europe ou encore vainqueur sur Milan-Turin, le sprinteur de la Groupama-FDJ a rongé son frein pendant le Tour. Il pourrait faire mieux que sur le Giro précédent, conclu avec une victoire d'étape à Modène et quelques jours avec le maillot cyclamen du classement par points.
Dans son entreprise, le coureur de 29 ans devra affronter Fernando Gaviria (UAE), Michael Matthews (Sunweb), Peter Sagan (Bora-Hansgrohe), voire Elia Viviani (Cofidis). Au milieu des sprinteurs, un autre Tricolore pourrait jouer sa carte sur quelques étapes, à savoir Rudy Barbier (Israël Start-up Nation) ; à moins qu'il ne doive laisser le leadership à son coéquipier Davide Cimolai.
Il fera partie d'un contingent de 12 coureurs français prévus au départ de Monreale samedi. Les grimpeurs d'AG2R La Mondiale François Bidard, Geoffrey Bouchard, Tony Gallopin et Aurélien Paret-Peintre tenteront sûrement de viser une victoire d'étape par le biais de l'échappée. Benjamin Thomas (Groupama-FDJ) entourera Arnaud Démare quand Julien Bernard (Trek Segafredo) protégera Vincenzo Nibali en montagne. Enfin, le trio tricolore de la Cofidis, Nicolas Edet, Mathias Le Turnier et Stéphane Rossetto, découvrira le Giro. Simon Guglielmi (Groupama-FDJ) particpera lui à son premier grand tour.
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