Giro 2024 : neige, menace de grève des coureurs... Comment les conditions météorologiques ont bouleversé la 16e étape
Le mauvais temps était attendu, et il a bousculé l’organisation de la 16e étape du Giro, mardi 21 mai. Le peloton devait à l’origine s’élancer de Livigno à 11h20 (départ fictif) pour 206 kilomètres, mais les mauvaises conditions météorologiques ont poussé les organisateurs à changer leurs plans. Et ont surtout donné lieu à un bras de fer entre RCS, l'organisateur de la course, et les coureurs.
Dès lundi soir, l’éventualité d’un changement de tracé était évoquée. Si le mythique Stelvio avait déjà disparu de la course, en raison du risque d’avalanche, le Giogo di Santa Maria, juché à 2.498 mètres d’altitude, était toujours au programme et pouvait représenter un danger à la vue des conditions météorologiques. RCS a donc publié un plan contenant trois options en fonction de l’évolution de la météo.
Une menace de grève signée par "100% des coureurs"
Le jour de l’étape, les conditions météorologiques ne s’améliorent pas, voire empirent. Avant le départ, le syndicat de coureurs CPA, présidé par Adam Hansen (WSA KTM Graz), envoie une lettre, signée par "100% des coureurs", au directeur de la course : ils feront grève si le passage du Giogo di Santa Maria n’est pas supprimé.
Vient alors un temps de latence, où équipes, coureurs et spectateurs - tous sous la pluie - attendent d’en savoir davantage. "Je ne comprends pas la situation, le temps est terrible, s’est étonné le maillot rose Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) au micro d’Eurosport. C’est très dangereux de prendre la descente. (…) Moi je peux courir s’ils le veulent. Mais je pense que ce serait mieux de raccourcir l’étape. On va voir ce qu’ils vont décider, on espère qu’il n’y aura pas de problème dans la course."
"C’est probablement l’une des courses les plus mal organisées, a souligné Ben O’Connor, coureur de Decathlon AG2R La Mondiale. Cela ne serait jamais arrivé dans 99% des autres situations. On est en 2024, il y a toujours des dinosaures qui ne voient pas le côté humain des choses. C'est dommage. Il faut commencer plus bas". Même constat du côté de Jasha Sütterlin, membre de la Bahrain Victorious : "Ca n'a aucun sens, c'est n'importe quoi. Quoi qu'on fasse, on est juste glacés, on a froid. Pour moi, c'est impossible de faire ce genre de chose."
Et du côté de l'organisation, la communication fait défaut. Un premier départ fictif est annoncé pour 11h55 à Livigno, comme initialement prévu. Les coureurs doivent ensuite rallier en voiture Prato, autour du kilomètre 70, pour le départ réel, supprimant ainsi le sommet du tracé. Sauf qu’à l’heure fatidique, aucun coureur n’est présent sur la ligne. "Malgré notre accord et une poignée de main, les athlètes ne se sont pas pointés", a commenté RCS dans un communiqué.
Le départ à nouveau décalé
Interrogé par Eurosport, le directeur de la course Mauro Vegni s’est défendu en expliquant la nécessité d’échanger avec l’ensemble des acteurs impliqués. "En montagne, le climat peut très vite changer et jusqu’au dernier moment, on ne peut pas connaître la décision. C’est un juste compromis entre ce qu’ils (les coureurs) voulaient et ce que nous voulions, cela arrange tout le monde, y compris la commune de Livigno".
Les coureurs ont finalement pris la route de Spondigna, où le départ était annoncé pour 14 heures. Mais lui aussi a finalement été décalé, une demi-heure avant que les athlètes ne s'élancent, parce que les conditions météorologiques s'étaient " encore détériorées". Le peloton a finalement démarré dans une station-service de Lasa, à 14h30, pour 118,4 kilomètres. Si la 16e étape du Giro a débuté, les incertitudes et incompréhensions du jour pourraient bien avoir des conséquences déplaisantes pour l'organisation.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.