Froome, une bonne tête de vainqueur
"C'est l'archétype du vainqueur du Tour", résume Yvon Sanquer, le responsable de l'équipe Cofidis. La formule est peu ou prou partagée par ses confrères. Pour gagner la plus importante course de l'année, il convient de réaliser le meilleur compromis entre les qualités de grimpeur et de rouleur, pour la montagne et le contre-la-montre. Deux disciplines qui sont les points forts du "Kényan blanc", même si Froome n'atteint pas le niveau du vainqueur du Tour 2012, son compatriote Bradley Wiggins, dans les "chronos". "Il est plus fort que tous les grimpeurs dans les contre-la-montre", relativise Alain Gallopin (RadioShack). "Son point faible relatif, c'est qu'il fait moins la différence sur les chronos que les précédents champions, et c'est bien d'ailleurs pour le spectacle". Dans le contre-la-montre du récent Dauphiné, Froome n'a été devancé que par des purs spécialistes (Martin, Dennis). Au contraire, il a pris du temps à tous ses rivaux pour le classement général. L'exercice lui convient, pour preuve sa médaille de bronze l'an passé aux JO de Londres.
"Ça ne comble pas toutes les lacunes"
Serait-il dès lors invulnérable ? Les techniciens cherchent le défaut de la cuirasse. "Disons les descentes, parce qu'il est assez grand et assez haut perché sur son vélo, on sent qu'il est un peu raide", se hasarde Andy Flickinger (Europcar). "Sur le sec, ça va. Mais ça devient plus compliqué s'il y a du monde qui attaque sous la pluie", confirme Yvon Sanquer. Yvon Ledanois (BMC) préfère pour sa part cacher les cartes. Le directeur sportif de plusieurs adversaires de Froome (Van Garderen, Evans) joue le mystère: "On ne va pas tout dévoiler, ça fait partie de la stratégie. Mais on sait quand il peut avoir un point faible. A nous de saisir l'opportunité quand elle se présentera." Et de rappeler: "Il n'y a pas un coureur qui soit invulnérable." "L'équipe est tellement forte autour de lui que ça comble certaines lacunes, mais ça ne comble pas toutes les lacunes", ajoute-t-il. "Froome n'écrase pas tout le monde dans les chronos. Il se doit de prendre du temps dans la montagne, ça laisse des opportunités à d'autres coureurs". Dans sa formation Sky, le favori du Tour n'a plus à compter avec l'éventuelle concurrence interne de Wiggins dont il était le dauphin en juillet dernier lors d'une cohabitation déjà compliquée à gérer. Le Londonien, qui n'a plus couru depuis son abandon du Giro à la mi-mai, a jeté l'éponge. "Cela aurait pu être un problème", reconnaît Lionel Marie (Orica). "Bradley absent, Froome est tout à fait tranquillisé. Il sera plus fort et l'équipe sera entièrement à son service". "Davantage encore que Wiggins, il a le profil d'un vainqueur du Tour", renchérit Yvon Sanquer, avant d'ajouter: "Mais... il lui reste à le gagner". Le plus difficile.
L'année de Froome à la loupe
A l'instar de Bradley Wiggins l'an passé, Chris Froome a réussi un parcours quasi sans-faute depuis le début de la saison dans les courses par étapes, son domaine de prédilection. Le Britannique a successivement gagné le Tour d'Oman, sa première course 2013, le Critérium international et deux épreuves du calendrier mondial, le Tour de Romandie et le Critérium du Dauphiné. Entre-temps, Froome a multiplié les stages en altitude, à Tenerife en Espagne, suivant la méthode éprouvée l'an dernier par Wiggins. Le seul accroc à cette trajectoire linéaire s'est produit en mars à Tirreno-Adriatico. Attaqué de toutes parts, le Britannique a fléchi, autant en raison des circonstances météo exceptionnelles que d'un parcours présentant une côte extrêmement raide à franchir à trois reprises. Il s'est classé finalement deuxième de la course italienne, à 23 secondes de Vincenzo Nibali qui allait ensuite dominer le Giro. Froome a connu moins de réussite, en revanche, dans la classique Liège-Bastogne-Liège.
Les résultats de Froome (9 victoires) en 2013
Tour d'Oman (11-16 février): 1er (vainqueur de la 5e étape)
Tirreno-Adriatico (6-12 mars): 2e (vainqueur de la 4e étape)
Critérium international (23-24 mars): 1er (vainqueur d'une étape)
Liège-Bastogne-Liège (21 avril): 36e
Tour de Romandie (23-28 avril): 1er (vainqueur du prologue)
Critérium du Dauphiné (2-9 juin): 1er (vainqueur de la 5e étape).
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