Directeur sportif, un métier multi-facettes
Sélectionneur, stratège, psychologue ...
Sil semble un peu dans lombre de ses coureurs, le directeur sportif nen est pas moins partie prenante des résultats de léquipe. Dabord via son rôle de sélectionneur. Comme dans les sports collectifs, cest lui qui choisit les coureurs qui participent aux différentes courses de lannée. Un choix fait le plus souvent en concertation avec lensemble de lencadrement, cest-à-dire tous les directeurs sportifs (NDLR : Ils sont généralement cinq par équipe) et les managers. "Chaque année, il faut choisir neuf coureurs pour le Tour de France, explique Vincent Lavenu, directeurs sportif de la formation tricolore AG2R-La Mondiale. Le problème, cest quils sont généralement 12, 13 ou même 14 à pouvoir prétendre à une participation à la Grande Boucle. La déception est donc souvent grande pour les recalés". "Cette année, cétait difficile pour Cyril Dessel, rappelle M. Lavenu. Cest un garçon qui a toujours fait lhistoire de léquipe. Il a porté le maillot jaune en 2006, remporté une étape du Tour en 2008 et, cette année, jai dû lui dire de rester à la maison". Une décision qui a été pénible à accepter pour le coureur rhône-alpin mais qui a également été "dure à prendre" pour Vincent Lavenu.
Une fois son équipe en place, le directeur sportif se transforme en stratège lors du traditionnel "briefing". Avant chaque course et, sur les grands Tours, avant chaque étape, le directeur sportif réunit lensemble de son équipe pour mettre en place la stratégie et attribuer les rôles. "Tous les matins, dans le bus de léquipe, on élabore une tactique de course", confirme M. Lavenu. "On prend alors en compte la physionomie de létape, les conditions météorologiques, létat de forme des coureurs, les différents classements et surtout on décide dune stratégie sans soccuper de celles des autres équipes engagées", complète Philippe Crépel, ancien directeur sportif de la Redoute. Une fois en course, le directeur sportif affine continuellement sa tactique en fonction des évènements de course. Pour ce faire, il utilise la fameuse et non moins controversée oreillette, donnant ainsi en temps réels des indications et des consignes à ses troupes.
En tandem sur le Tour de France, les directeurs sportifs se divisent les tâches pendant la course. "Celui qui est dans la voiture N.1 soccupe de la tactique et du support logistique tandis que celui qui est dans la voiture N.2 sert de support aux échappés mais aussi aux coureurs lâchés", détaille Lionel Marie, directeur sportif de la formation américaine Garmin-Transitions. "Il y a deux jours, jai passé ma journée à naviguer entre David Millar et le grupetto où se situait Tyler Farrar, confie-t-il. Il fallait vérifier que Farrar, blessé au poignet, aille bien. Je suis également resté aux côtés de Millar qui a parcouru 177km derrière. On la soutenu et encourager pour quil nabandonne pas." Ce support psychologique est un aspect important du rôle du directeur sportif. "Comme dans tous les sports, ce coaching est capital, affirme Vincent Lavenu. Quand le moral baisse, il faut essayer de trouver des ressources nouvelles. Quand un coureur arrive avec des ambitions pour le classement général et quil sent quil est à la limite de la rupture, cest à nous de le remotiver".
Métier hybride à la jonction du management et de la stratégie, directeur sportif est, selon Vincent Lavenu, "une super profession qui bouffe la vie". Mais si la pression est effectivement énorme, Lionel Marie ne s'imagine pas faire autre chose : "Ca fait dix ans que je fait ça et j'espère pouvoir continuer encore 20 ans".
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