Dans les zones sinistrées, la vie reprend difficilement
C'était hier devant le palais présidentiel à Port-au-Prince, zone pourtant censée être contrôlée par les forces américaines. Dix-huit casques bleus uruguayens tentent d'organiser une foule de plus de 4.000 personnes pour distribuer des rations alimentaires : sacs de riz, bidons d'huile de soja.
_ Mais face aux sinistrés affamés et angoissés, les soldats sont vite dépassés. Ils tentent d'organiser une queue. Mais chacun sait qu'il n'y en aura pas pour tout le monde. Alors les boucliers en plexiglas ne suffisent plus. Les casques bleus sortent les bombes au poivre, puis ils se mettent à tirer en l'air des balles en caoutchouc depuis leur char blanc. Rien n'y fait. Les soldats finissent par abandonner leurs sacs sur le terrain, et c'est la cohue. Les derniers en sont réduits à ramasser un par un les grains de riz tombés sur le sol.
Malgré les 13.000 GI's américains et les 9.500 casques bleus de la Minustah, les distributions alimentaires restent trop rares. Les patrouilles de police et de soldats ne parviennent pas à faire totalement cesser les pillages et les commerçants ont fort à faire pour protéger leurs stocks. Ceux du centre ville ont reçu l'ordre de les déménager avant le passage des bulldozers, qui ne feront pas de différence entre les décombres à dégager et certains bâtiments qui tiennent encore debout, mais dont la solidité n'est pas éprouvée.
La colère monte dans certains quartiers de Port-au-Prince et dans les autres communes touchées par le séisme. A Carrefour ou, plus loin encore, à Jacmel, à une soixantaine de kilomètres au sud de la capitale, rien n'est encore organisé et la situation se présente telle qu'au lendemain du séisme, alors que des milliers de corps se trouvent encore ensevelis sous les décombres.
400.000 TENTES
Alors que les opérations de secours sont officiellement terminées, même si les 1.800 sauveteurs continuent à sillonner les ruines en espérant des miracles, l'urgence est maintenant au relogement des sinistrés. Les autorités haïtiennes espèrent pouvoir commencer d'ici la fin de la semaine .
L'objectif est d'installer dans des villages de tentes à l'extérieur de Port-au-Prince les réfugiés actuellement regroupés dans 400 camps de fortune à travers la métropole. le gouvernement dispose de 400.000 tentes et en a demandé 200.000 de plus aux pays donateurs. Mais la tâche est immense. Rien qu'à Port-au-Prince, le nombre de sans-abris s'élève au moins à un million de personnes, soit le quart de la population.
Certains camps de réfugiés sont déjà organisés, comme sur l'ancien et très chic golf de Pétionville.
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