Cyclisme : Peter Sagan chez TotalEnergies, un mariage inattendu et des questions
La signature du triple champion du monde dans une équipe française de deuxième division a marqué les esprits. Avec son amibition et son expérience, il peut faire passer un cap à la formation vendéenne.
On avoue avoir regardé à deux fois lorsque l’équipe TotalEnergies a officialisé l’arrivée de Peter Sagan, le 3 août 2021. En attirant le triple champion du monde, depuis janvier et pour deux ans, l’équipe française a réalisé un gros coup. Cette signature excitante pose toutefois beaucoup de questions sur la forme et le rôle du Slovaque alors que débute, samedi 26 février, la campagne des classiques flandriennes avec l'Omloop Het Nieuwsblad.
Il faut remonter plusieurs mois en arrière pour comprendre la genèse de ce transfert pas comme les autres. A l’instar de Nairo Quintana chez Arkéa-Samsic en 2020, Sagan a rejoint une équipe de deuxième division (ProTeam). Après cinq ans passés au sein de la formation allemande Bora-Hansgrohe, l’homme aux 119 victoires professionnelles avait besoin de changer d’air.
"Nous avons choisi TotalEnergies parce qu’ils me voulaient vraiment dans l’équipe. Ils ont accepté beaucoup de choses", admettait-il dans "Stade 2", depuis Calpe (Espagne), le 30 janvier. En effet, Peter Sagan n’arrive pas seul en Vendée. Les coureurs Daniel Oss, Maciej Bodnar et Juraj Sagan (son frère) l’accompagnent tout comme son mécanicien, son soigneur, son directeur sportif et son attaché de presse. "Leur arrivée nous fait beaucoup de bien", affirmait, le 29 janvier, le directeur sportif de TotalEnergies, Benoît Génauzeau, dans "Canal Sports Club".
"Ils ne vont pas changer notre façon de faire mais on va essayer de capter pas mal de choses pour faire évoluer notre modèle."
Benoît Génauzeau, directeur sportif de TotalEnergiesà l'émission "Canal Sports Club"
Après deux dernières saisons un peu moins fastes (une seule victoire en 2020), Peter Sagan semblait traîner son spleen sur le vélo. Lui l’instinctif, l’anticonformiste était à la recherche du plaisir. C’est ce que l’équipe de Jean-René Bernaudeau, opposé de longue date aux oreillettes, veut lui offrir. "J'ai parlé avec mon cœur. Il veut faire du vélo humain, qui donne de l'envie. Il y a tout pour que ça marche", se réjouissait d’avance le manager général dans une vidéo de son équipe.
A 32 ans, le Slovaque n’arrive pas en préretraite. Au contraire, son ambition est intacte avec deux objectifs majeurs malgré une préparation perturbée en janvier par le Covid-19. Dans un premier temps, Sagan vise les classiques flandriennes. Il a déjà remporté le Tour des Flandres en 2016 et Paris-Roubaix en 2018. Puis viendra le temps du Tour de France sur lequel le coureur comptabilise 12 victoires d’étapes et sept maillots verts du classement par points.
Une équipe armée sur les pavés
Son arrivée et celle du gaillard Daniel Oss complètent une formation déjà armée sur les pavés, avec Anthony Turgis, Niki Terpstra et Edvald Boasson Hagen. "On peut avoir une très belle équipe pour les classiques du printemps", acquiesçait Peter Sagan dans une vidéo publiée par TotalEnergies. "On est dans les trois, quatre meilleures équipes mondiales pour les classiques flandriennes", assume Jean-René Bernaudeau.
"On ne peut pas partir sur Paris-Roubaix sans l’ambition de gagner. On sera des acteurs à deux têtes."
Jean-René Bernaudeau, manager général de TotalEnergiesdans une vidéo de son équipe
Vainqueur de Paris-Roubaix en 2014 et du Tour de Flandres en 2018, Niki Terpstra (37 ans) revient de trop loin après une grave chute en juin 2020 pour espérer endosser ce rôle. La seconde tête du monstre est donc logiquement celle d’Anthony Turgis. Le natif de la région parisienne tourne autour d’une victoire de référence ces dernières saisons : quatrième du Tour des Flandres 2020 (huitième en 2021), deuxième de la course A Travers la Flandre 2019, ainsi que du Kuurne-Bruxelles-Kuurne 2021.
La signature de la star du peloton peut l’aider à transformer l’essai. "Il peut que nous apporter des choses, que ce soit pour moi ou toute l'équipe, saluait Anthony Turgis dans une vidéo de son équipe. On sera plusieurs dans le final des courses et ça peut changer beaucoup de choses." "On sent qu'il y a quelque chose qui se passe, poursuit Jean-René Bernaudeau. On sent que Niki Terpstra va vouloir aller plus loin pour Peter. Anthony Turgis doit rêver de se retrouver dans le final avec un grand champion."
Le cadeau Specialized
En plus de son expérience et de sa stature, "Hulk" a ramené dans ses valises un joli cadeau à ses coéquipiers. Il a été suivi en France par le fabricant de vélos américain Specialized avec lequel il collabore depuis 2015. Ainsi, toute l’équipe TotalEnergies est désormais équipée par l’une des pointures du marché qui travaille également avec Quick-Step Alpha Vinyl et Bora-Hansgrohe.
Cette nouveauté séduit déjà les coureurs de l’équipe vendéenne. "C'est un bonus en plus", soulignait sur Canal+ Pierre Latour, qui sera leader sur les courses à étapes. "Quand on a appris que Specialized venait, tout le monde a souri, raconte Anthony Turgis dans la vidéo de TotalEnergies. On voit à l’entraînement qu’il rend bien." Un sentiment de progression confirmé par le mécanicien Olivier Boyer, au micro de "Canal Sports Club" : "On a la chance d’avoir ces vélos avec nous, on voit la différence. Les mecs nous donnent le retour que le vélo est beaucoup plus aérodynamique et qu’ils se sentent mieux en terme de comportement, de trajectoire."
Sur les routes belges de l'Omloop Het Nieuwsblad, samedi, Peter Sagan sera particulièrement scruté. S’il a déjà effectué sa rentrée la semaine dernière lors du Tour des Alpes-Maritimes et du Var (80e au général), c’est bien sur les courses d'un jour qu’il est attendu. Selon Jean-René Bernaudeau, le Slovaque a déjà réussi son pari : "On sait qu’on va laisser une trace car l’effectif est renforcé." Il ne reste plus qu'à lever les bras le plus rapidement possible.
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