Cyclisme : les courses tricolores deviennent leurs propres producteurs d’images pour s’assurer une visibilité et survivre
Si l'Étoile de Bessèges qui débute ce mercredi peut se tenir, c’est grâce aux organisateurs. Ils ont dû mettre la main à la poche en devenant leurs propres producteurs d'images pour donner à l'épreuve de la visibilité.
Claudine Fangille, la nouvelle directrice de la course, ne cache pas son soulagement. Cette édition de l'Étoile de Bessèges qui se déroule du mercredi 3 au dimanche 7 février dispose d'un plateau de rêve. Il y a notamment trois vainqueurs du Tour de France dont Egan Bernal dans le peloton. L'Étoile de Bessèges est la première course cycliste à étapes de la saison. Les épreuves tricolores sont d'ailleurs quasiment les seules à avoir résisté à la pandémie de Covid-19. En Espagne, en Australie ou encore au Moyen-Orient, la plupart des épreuves ont été annulées. Une aubaine pour les équipes que l'Étoile de Bessèges puisse se tenir, mais cela a un prix pour les organisateurs.
"C’est compliqué mais on y est arrivé"
Jusqu'au bout, il a fallu redoubler d'efforts et de bras bénévoles pour que la course favorite de Raymond Poulidor, puisse célébrer son cinquantenaire. "On a été obligés de prendre des bénévoles supplémentaires puisqu'il y a un huis clos sur le site de départ et d'arrivée, indique Claudine Fangille. Cela veut dire que c'est du personnel en plus, donc oui, c'est sûr que ça a été compliqué à mettre en place. Mais bon, on y est arrivé !"
Face aux surcoûts et aux incertitudes, d'autres organisateurs ont, eux, dû renoncer. On pense au réputé Grand Prix de Denain ou encore au Tour de Bretagne. Là, les communes n'étaient pas favorables au huis clos : pas assez de visibilité. Avec un budget de 800 000 euros, l'Étoile de Bessèges a elle pris le taureau par les cornes en devenant son propre producteur d'images. Un moyen de se faire voir jusqu'à l'étranger, explique Claudine Fangille.
"C'est nous qui revendons les images qui seront retransmises à l'international, au Danemark, en Angleterre, en Italie, aux Pays-Bas, en Belgique."
Claudine Fangilleà franceinfo
"Les gens pourront être devant leur télé et voir les images, poursuit-elle. C'était aussi le souhait des communes qui nous accueillent de s'ouvrir à l'international."
La retransmission télé, le nerf de la guerre
La retransmission télé est devenue, en temps de huis clos, la condition pour exister, reconnaît Pierre-Maurice Courtade, à la tête du Tour de la Provence, qui doit s'élancer dans une semaine avec Julian Alaphilippe. "Oui, c'est un des nerfs de la guerre, explique-t-il. C'est essentiel pour le retour pour les collectivités qui nous accueillent : aujourd'hui notre Tour de Provence est diffusé par plus de 190 pays dans le monde."
"C’est une vitrine magnifique pour les territoires qu'on va traverser, c'est de l'économie locale."
Pierre-Maurice Courtadeà franceinfo
Mais, même avec le champion du monde Julian Alaphilippe en tête d'affiche, il a fallu mettre la main à la poche pour boucler le budget. La télé coûte cher. "Il a fallu se battre, concède Pierre-Maurice Courtade. C'est quasiment 30% du budget du Tour de la Provence, donc ce n'est pas anodin. On augmente les coûts alors qu'on a moins de partenaires puisqu'on en a perdu certains dont les activités sont fermées depuis dix mois."
Quant à l'Étoile de Bessèges, avoir réussi à maintenir la course et la voir diffuser jusqu'à l'étranger est un bel hommage à son fondateur, le père de Claudine, Roland Fangille, mort du coronavirus en novembre. "Je me dis que s’il était là, il serait fier", sourit-elle. Pour la première fois depuis 1971, la course partira sans lui mais partira malgré tout.
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