Championnats européens 2022 : surpuissant sur la piste, habile sur la route... Benjamin Thomas, le 4x4 du cyclisme français
Le coureur de 26 ans a remporté deux médailles d'or vendredi à Munich. Leader de l'équipe de France sur piste, il a également pris du galon sur route cette saison.
Il est arrivé en Bavière avec un palmarès de six titres continentaux. Il en repart avec huit. Benjamin Thomas a réalisé la performance française de ces débuts de Championnats européens, en cyclisme sur piste, vendredi 12 août, en décrochant deux médailles d'or.
D'abord titré en poursuite par équipes avec ses coéquipiers Quentin Lafargue, Valentin Tabellion et Thomas Denis, Benjamin Thomas est à nouveau monté sur la plus haute marche du podium deux heures plus tard, à l'issue de la course aux points. "C'était vraiment une journée parfaite. Repartir avec deux maillots, on ne pouvait pas demander mieux", a-t-il d'ailleurs réagi après sa victoire individuelle. Une journée parfaite pour cet "amoureux de la piste", comme le qualifie l'entraîneur national d'endurance Steven Henry, qui a également un pied sur la route depuis 2015.
Le sens de la course
Licencié de vélo depuis ses 5 ans, Benjamin Thomas a fait des étincelles dès sa première année en élite sur les anneaux en remportant la course aux points aux Championnats d'Europe de 2014. Ce sacre marquait le début d'un long palmarès : en huit ans, le natif de Lavaur (Tarn) a remporté pas moins de quatre titres mondiaux, huit européens, une médaille de bronze olympique et deux titres de champion de France sur route, en contre-la-montre.
"Benjamin est un grand bosseur, il se donne les moyens de réussir, explique François Pervis, champion du monde de cyclisme sur piste et consultant pour France Télévisions. "C'est agréable d'être avec lui, parce que malgré son sérieux, c'est un déconneur, ajoute celui qui l'a côtoyé de 2014 à 2019. Il sait faire rire les copains, et a un côté rassembleur. Il inspire facilement confiance."
Sur la piste, Benjamin Thomas impressionne par son intelligence de course. "Il est très fort en stratégie et en prise d'informations", souligne Steven Henry, quand François Pervis salue "sa "ruse" et son "sens exceptionnel de la course".
Son tempérament et son expérience ont donc naturellement fait de lui le leader des pistards français. Un rôle que le Tarnais prend à cœur, mais qui ne lui monte pour autant pas à la tête. "C'est un sport où ça peut vite tourner. On perd plus souvent qu'on ne gagne, et Benjamin le sait. Quand il est sur une piste, c'est un jeu", insiste Steven Henry.
Année de confirmation sur route
Si Benjamin Thomas est devenu au fil du temps la locomotive des pistards français, il a également réussi à se faire un nom en cyclisme sur route. Double champion de France du contre-la-montre (2019 et 2021), le coureur Cofidis a franchi un cap cette saison : il a pour la première fois brillé à deux reprises sur des courses à étapes, vainqueur sur l'Etoile de Bessèges et les Boucles de la Mayenne, il n'est pas passé loin de l'exploit sur la 15e étape du Tour de France, rattrapé par le peloton à moins de 500 mètres de l'arrivée à Carcassonne pour sa première participation à la Grande Boucle.
L'"amoureux de la piste" estime que "les deux sont complémentaires" et ce n'est pas Steven Henry qui va le contredire : "Les grosses journées qu'il fait sur les routes lui permettent d'acquérir de l'endurance, du foncier et de reproduire les efforts."
Enchaîner une poursuite par équipes et une course aux points de 45 minutes en moins de deux heures n'a effectivement pas semblé poser de problème au Tarnais. "Maintenant qu'il est dans une World Tour, il prend de la caisse. Il a des qualités de gros rouleur et une pointe de vitesse qui lui servent sur la piste", résume François Pervis, admiratif. "C'est rare d'être compétitif dans les deux disciplines. Il n'y a que des grands champions comme Bradley Wiggins, Mark Cavendish ou Stuart O'Grady qui ont réussi ce tour de force."
Briller sur les prochains Jeux
Benjamin Thomas a l'ambition de rejoindre ce club très restreint. A bientôt 27 ans, le quadruple champion du monde sur piste arrive dans la force de l'âge. Pour autant, il lui reste une marge de progression. "C'est un coureur très gentil. Sur des moments importants, comme aux Jeux, il faut qu'il gagne un peu en agressivité, dans le sens positif du terme, pour faire ce que font les Britanniques et les Néerlandais", souligne Steven Henry, qui travaille en ce sens avec son poulain en vue de Paris 2024.
Benjamin Thomas était reparti de Tokyo avec une seule médaille de bronze, sur l'américaine, avec Donovan Grondin. Un bilan décevant pour le Français, qui doit apprendre à gérer ses émotions dans les très grands rendez-vous. "C'est possible qu'il n'ait pas réussi à bien gérer les attentes des Jeux. Il stressait plus que d'habitude. Mais cette première belle expérience va le faire grandir. Il a les ingrédients pour réussir dans tous les registres d'endurance", assure François Pervis.
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