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Armstrong lâché en pleine tempête

Une semaine après le rapport accablant de l'USADA, Lance Armstrong subit les premières conséquences importantes. Coup sur coup, Nike, Anheuser-Busch et Trek ont mis fin au contrat qui les liait. Sentant la tempête s'abattre sur lui, l'ancien coureur a mis un terme à ses fonctions de président de l'association Livestrong, qui lutte contre le cancer, "pour épargner à la fondation les effets négatifs liés à la controverse entourant ma carrière cycliste". a-t-il déclaré
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Il avait feint l'indifférence jusque-là. Longtemps, il avait balayé d'un revers de la main toutes les accusations portées à son encontre. Mais pour la première fois, Lance Armstrong semble prendre en compte les effets des révélations de l'USADA.

Nike reste avec Livestrong contre le départ d'Armstrong ?

Voici une semaine, l'Agence américaine antidopage dévoilait un rapport accablant contre l'Américain et les pratiques dopantes entourant sa carrière. Des faits qui avaient poussé, pour la première fois, les médias américains à s'en prendre à leur ancien héros, eux qui avaient jusque-là fait fi de toutes les rumeurs le concernant. Désormais, d'autres ont embrayé. Et ce n'est pas n'importe qui, puisque Nike a mis fin à leur contrat. La marque américaine, qui a toujours été aux côtés du cycliste du temps de sa carrière sur route mais aussi de son aventure en VTT et de son oeuvre contre le cancer via son association Livestrong, fait un peu plus craquer le vernis qui entourait Armstrong. "En raison de preuves apparemment rédhibitoires sur le fait qu'il s'est dopé et a trompé Nike pendant plus de dix ans, c'est avec une grand tristesse que nous avons mis fin à notre contrat avec lui", indique le communiqué de l'équipementier, qui scande qu'il "ne tolère en aucune manière l'utilisation de médicaments qui permettraient d'améliorer les performances de manière illégale". Mais Nike annonce poursuivre son implication dans Livestrong. Selon la presse américaine, le géant américain versait 8 millions de dollars par an à l'association.

Cette annonce a coïncidé, à quelques minutes près, avec l'annonce d'Armstrong de mettre fin à ses fonctions de président de l'association Livestrong. Il ne serait pas bien étonnant que, au cours de tractations, Nike ait conditionné la poursuite de son soutien à l'association au départ du désormais "pestiféré". "Aujourd'hui, pour épargner à la fondation les effets négatifs liés à la controverse entourant ma carrière cycliste, je mets fin à mes fonctions de président", justifie Lance Armstrong dans un communiqué diffusé sur le site de sa fondation. "Nous resterons des avocats actifs auprès des survivants du cancer et des militants engagés dans la lutte contre" cette maladie, ajoute-t-il en précisant que c'est l'actuel vice-président, Jeff Garvey, qui lui succède. 

Anheuser-Busch et Trek suivent le mouvement

Cela n'a été que la première pierre d'une petite avalanche. Quelques heures après Nike, deux autres soutiens de poids ont mis fin au contrat qui les liait à l'Américain, imitant Nike en conservant leur implication dans Livestrong. C'est d'abord le brasseur Anheuser-Busch qui l'a annoncé: "Nous avons décidé de ne pas renouveler notre relation avec Lance Armstrong quand notre accord en cours arrive à terme à la fin de 2012", qui avait fait de l'athlète son porte-drapeau pour l'une de ses bières depuis 2009. Puis, c'est le fabricant américain de cycles Trek qui a suivi le mouvement: "Trek est déçu par les révélations du rapport de l'Usada (Agence américaine antidopage) à propos de Lance Armstrong . Etant donné les conclusions de ce rapport, Trek met fin à sa collaboration de long terme avec Lance Armstrong", explique le communiqué.

Les rumeurs de ces derniers mois autour de son dopage n'avaient pas altéré les ressources de Livestrong, au contraire. Mais les révélations de l'USADA, les nombreux témoignages contenus dans ce rapport auraient sans nul doute modifié la tendance. Avant de voir la source se tarir, le créateur et le symbole de Livestrong a quitté le bateau. L'association pourra-t-elle s'en remettre ? Pourra-t-elle se remettre de son image qui n'est plus celle d'un miraculé du cancer devenu le plus grand champion cycliste de l'histoire, mais celle de l'un des plus grands créateurs d'un système de dopage ? Selon David Carter, professeur déconomie des sports à l'Université Californie Sud et directeur général de l'Institut Sports Business, "Livestrong sera toujours associé au nom de Lance Armstrong , mais il ne peut plus être sa figure de proue. Et il l'a compris. Il est difficile de dire combien de temps il leur faudra pour repartir de l'avant. Plus vite ils arrivent à créer un environnement favorable, plus vite ils parviendront à faire passer le message sur la mission première de l'institution"

Abandonné par ses principaux sponsors et principaux soutiens depuis toutes ces années, n'étant plus lié à Livestrong qui participait à sa renommée et à maintenir une certaine image outre-Atlantique, Lance Armstrong semble isolé. Et dans les semaines qui viennent, l'Union cycliste internationale devrait décider si le dossier de l'USADA est suffisant pour lui retirer tous ses titres, dont les 7 Tours de France. On assiste peut-être qu'au début de la chute de l'empire Armstrong...

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