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5 seigneurs pour un trône : Geraint Thomas (5/5)

C’est le tenant du titre et il sera très bien entouré. Geraint Thomas fait partie des favoris à la victoire sur le Tour de France. Mais à l'aube du départ de la course, l'état de forme du Gallois interroge et les derniers signes ne vont pas dans le sens d'un deuxième sacre consécutif.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

L’an dernier, tout le monde s’attendait à un cinquième sacre de Chris Froome en France. Mais le Britannique qui sortait d’un Giro victorieux et éreintant ne s’était pas montré aussi aérien qu’à l’accoutumée. Signe supplémentaire de la supériorité de la Sky, c’est son lieutenant Geraint Thomas qui avait récupéré le leadership de la formation britannique. L’ancien pistard n’avait beau jamais avoir fait mieux qu’une 15e place sur le Tour (2015), il a décroché en juillet 2018 sa première victoire sur un grand tour à l’âge de 32 ans, et avec brio.

Pourquoi il peut gagner le Tour :

Après avoir récupéré le maillot jaune à La Rosière au terme de la 11e étape, le Gallois avait enchaîné avec une deuxième victoire à l'Alpe d'Huez le lendemain, la tunique de leader sur les épaules. A la moitié du tour, Thomas comptait alors 1'50'' d'avance sur Tom Dumoulin, son dauphin à l’arrivée. Cet écart n'a jamais vacillé jusqu'aux Champs Elysées (1'51 au terme des trois semaines). Bien placé et protégé en première semaine, il avait montré sa grande forme dans les Alpes avant de cadenasser la course, bien aidé par le travail de ses coéquipiers (Poels, Kwiatkowski, Bernal, Froome…). A aucun moment, sa suprématie et plus largement celle de la Sky n’a pu être contestée.

En jetant un œil à la startlist du Tour de France 2019, Geraint Thomas peut tout à fait rééditer la performance. Premièrement, il aura une équipe très semblable à celle de l’an passé pour mener à bien son projet. Six de ses coéquipiers l’avaient déjà épaulé en 2018. Seul Chris Froome manquera à l’appel. Le “Kenyan Blanc”, sévèrement blessé, a été remplacé par le rouleur Dylan van Baarle, récent vainqueur de la dernière étape du Critérium du Dauphiné.

Deuxièmement, aucun de ses adversaires les plus sérieux ne semble être très en avance sur lui. Et surtout, aucun d’entre eux ne sera aussi bien accompagné en montagne. Les années se suivent et se ressemblent. Rien ne porte à croire à la disparition du train infernal de la Sky (aujourd’hui renommée Ineos) dans les cols de la Grande Boucle. “En montagne, quand Wout Poels imprimera le tempo, je pense qu'il ne restera pas grand monde dans sa roue. Je ne trouve aucune faiblesse à Ineos", argumente Alexandre Pasteur, déjà dans ses fiches avant de commenter la course à l’antenne.

Ce qui peut lui manquer :

Une grande partie des arguments accréditant la thèse d’une nouvelle victoire de Geraint Thomas sur le Tour de France s’appuie sur la puissance de feu du collectif Ineos. Mais si la formation britannique ne semble pas avoir de faiblesses, le Gallois, lui, n’est pas la garantie qu’offre habituellement Chris Froome. D’autant que sa première partie de saison n’est pas vraiment rassurante.

Hors de forme et en surpoids pour sa rentrée sur le Tour de la Communauté valencienne, Thomas n’a pas réussi à faire mieux qu’une 44e place au général. Après un abandon sur Tirreno-Adriatico, il a enchaîné avec une fade 40e position sur le Tour du Pays-Basque. Il aura fallu attendre début mai et le Tour de Romandie pour le voir reprendre des couleurs. Sur l'épreuve, le Gallois a terminé à une correcte 3e place, derrière Primoz Roglic (logique) et Rui Costa (moins logique).

Alors que la dynamique était bonne, Thomas a goûté le bitume sur le Tour de Suisse, dernière étape de sa préparation pour le Tour. Tombé alors que le peloton roulait à vive allure, il s’en est finalement sorti avec plus de peur que de mal. “Ce n'est un secret pour personne, ma préparation a été perturbée par ce crash, mais j’ai fait un bon bloc d’entraînement et je me sens prêt”, a tenté de rassurer le coureur sur le site de son équipe.

Courir avec le dossard numéro 1 sur le dos va être quelque chose de spécial cette année", a-t-il ajouté. Car si le Gallois fait incontestablement partie des favoris, il ne l’a jamais encore connue cette position de favori. Et s’il s’est imposé l’an passé, c’est en partie parce que Froome avait endossé le rôle de paratonnerre. La pression, les regards, les suspicions, c’est lui qui portait tout sur ses épaules. C’est de lui qu’on se méfiait comme de la peste.

Pour monter à nouveau sur la plus haute marche du podium à Paris, Geraint Thomas devra se mettre dans la bonne disposition mentale, celle du favori qui assume la pancarte. Mais tout indique qu’il n’est pas à l’aise dans ce rôle. Au-delà des prestations décevantes depuis son sacre, il est important de noter qu'Ineos a désigné deux "co-leaders". Dans n'importe quelle autre formation, le tenant du titre serait seul au sommet de la hiérarchie des huit coureurs.

Est-ce un coup de Dave Brailsford pour soulager Thomas d'un peu de pression ou pour mettre en confiance le prodige Egan Bernal ? Car si le doute subsiste quant au prochain vainqueur du Tour de France, il concerne surtout les deux leaders de l'équipe Ineos. La plus grande menace au classement pour le "G", c'est bien son coéquipier Bernal, titré sur Paris-Nice et récemment sur le Tour de Suisse. Initialement prévu sur le Giro, le Colombien s'était blessé à la clavicule en mai, il aura finalement sa chance sur le Tour. Et si l'on suit la logique de l'année dernière, ce n'est pas le leader naturel qui avait remporté la course...

L’avis d’Alexandre Pasteur :

"Ineos aura la main sur la course. Même sans Froome, même avec un Thomas à 70% de ses possibilités. C'est l'équipe à battre et je vois bien Bernal prendre seul le leadership. Ça se fera à la régulière, à la pédale, comme l'an dernier quand Brailsford attendait de savoir qui serait le plus fort en troisième semaine.

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