Côté technique: Le revers coupé de Federer
"Roger Federer est l'un des derniers à avoir un revers à une main. Cela devient de plus en plus rare sur le circuit. Il a reçu une éducation très classique, comme Stanislas Wawrinka par ailleurs qui possède également un revers à une main très performant. L'ancien N.1 mondial a la particularité d'avoir un revers recouvert, bombé, qu'il utilise aussi en passing-shot, mais il a également ce revers coupé, très glissé, très cisaillé avec des épaules très tournées vers le couloir. Son épaule droite est très engagée vers le couloir avec une rotation du bassin.
Ce coup lui a permis, au début de sa carrière, de monter beaucoup au filet car, sur ce genre d'attaques, il est très difficile de tirer un passing. Désormais, il l'utilise plus en coup de neutralisation, lorsqu'il est en contrôle, mais il est capable d'alterner les deux formes de revers. C'est exceptionnel car cela nécessite un léger changement de prise et surtout une orientation du poignet différente toujours très difficile à réaliser. Comme pour tous ses coups, il a toutes les possibilités devant lui à chaque coup. C'est un fantastique joueur de balle. Il a une très bonne main. Ce coupé, il l'utilise généralement pour faire descendre la balle. Et sur des courts humides comme cette année à Roland-Garros, c'est un excellent coup de neutralisation.
L'exception face à Nadal
Il y a une exception à tout cela, c'est lorsqu'il affronte Rafael Nadal. Face à lui, il ne l'utilise pratiquement pas, même en retour de service, ce qui pourrait lui permettre de neutraliser l'engagement de gaucher de l'Espagnol. A chaque fois, il cherche à recouvrir son revers, mais en le jouant très haut au-dessus des épaules, son coup est souvent trop court, étant parfois mal placé. Du coup, Rafa le pilonne après avec son coup droit décroisé. Roger Federer a une très bonne utilisation de ce coup tactique, dans 95% des cas. Mais le jour le plus important, lorsqu'il affronte Nadal, on peut dire qu'il y a une erreur tactique. C'est aussi la conséquence du complexe qu'il fait contre ce joueur. Avec cette balle qui gicle sur son revers, il se trouve beaucoup moins à l'aise pour la gratter que pour l'enrouler. Mais en enroulant, il n'est pas au mieux, donc il joue court ce qui permet à l'Espagnol de prendre le dessus dans l'échange, de pilonner ce revers et de provoquer de gros dégâts. Il a trouvé la recette pour battre Federer, et comme cela marche, il l'utilise, notamment dans les moments chauds, où ils sont proches. Et comme Roger est incapable de le neutraliser sur ce côté là, il perd pied, il recule physiquement mais aussi mentalement. Et il ne se trouve plus dans cette position avancée dans le terrain, qui lui permet d'aller vers le filet.
Si on devait comparer ce revers coupé, ce serait avec celui de Steffi Graf, qui l'utilisait avec un pas de tango et forçait ses adversaires à relever la balle ce qui lui donnait le temps de se décaler en coup droit. Et Nadal utilise également ce coup lorsqu'il est en difficulté. C'est un coup qui doit être utilisé, même s'il vaut mieux privilégier lorsqu'on est jeune un coup tendu et fort. Stefan Edberg, Patrick Rafter, Yannick Noah, Rod Laver, Ken Roswall l'utilisaient. Ils avaient des revers à une main alors que le revers à deux mains, très développé sur le circuit aujourd'hui, rend cette technique plus compliquée."
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