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Côté technique: le jeu offensif de Stosur

Durant toute la quinzaine de Roland-Garros, Patrice Dominguez, consultant France Télévisions et ancien N.1 français, décortique les différentes forces des meilleurs mondiaux et leurs secrets techniques. Aujourd'hui, le jeu offensif de l'Australienne, Samantha Stosur.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
L'Australienne Samantha Stosur

"Elle est dans la pure tradition des anciennes grandes joueuses et des championnes australiennes. Même si elle n'est pas née sur gazon, comme c'était le cas dans les années 50, 60 et 70, elle est totalement inspirée par le jeu de cette époque. C'est un anachronisme dans le tennis d'aujourd'hui, et c'est ce qui la rend intéressante. Elle est atypique dans le tennis féminin qui est à base de claques et de grandes gifles du fond du court dans des combats droite-gauche. Elle apporte autre chose. Et c'est également sa fragilité car ce système de jeu-là, s'il n'existe plus, c'est parce qu'il a été condamné par les revers à deux mains, par des filles plus précises en défense par de la puissance en défense et en contre. Elle incarne un tennis un peu désuet mais qui reste très sympathique à voir jouer. C'est ce qui l'empêche d'être aussi régulière que les autres. Ce jeu nécessite une foi énorme en soit mais aussi en un système, ainsi qu'une qualité physique hors norme et une qualité psychologique. Dans le naturel féminin, monter à la volée et se faire passer régulièrement, ce n'est pas évident de continuer sur ce chemin. Les garçons ont plus l'habitude de se bagarrer, dès la récréation.

Elle est parvenue à dompter sa nervosité dans ce un système en gagnant l'US Open, qui représentait son Graal. Mais sur terre-battue, elle a échoué en finale et en demi-finale par nervosité, par le manque de maîtrise de l'événement et face à des joueuses plus complètes. C'est une joueuse très physique, très costaude. Elle est très jolie et très féminine, mais elle a un jeu qui se rapproche de celui d'un homme, avec son service très "kické", mais la puissance en moins. Elle dispose d'une belle paire d'épaules, un peu comme les nageuses australiennes, ce qui lui apporte beaucoup de puissance au service, et cette capacité à "kicker". Elle est également très mobile, mais elle manque d'amplitude dans ces coups de fond de court, car c'est une joueuse qui évolue en intensité, pas en relâchement. Elle est très compacte, et c'est aussi ce qui explique probablement sa nervosité. Ca lui est très difficile de trouver le relâchement. Mentalement, elle n'a pas trouvé ce relâchement qui permet d'avoir de la patience en fond de court, et sans perdre ses enchaînements vers le filet qui surprennent ses adversaires. Elle n'a pas trouvé cette combinaison jusqu'au bout.

La terre-battue demeure l'apprentissage académique de toutes les techniques. Mais tous les systèmes génèrent à terme leur antidote. Aujourd'hui, et pour un certain temps encore, on est plus dans un échange de fond de court, de la neutralisation, que dans un système plus classique qu'on voyait dans les années 60, parce que le revers à deux mains, parce que l'impact physique, parce que le lift, parce que le matériel. Et le jeu masculin, qui résistait mieux, est en train de se "normaliser" de la même manière."

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