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Côté technique: le coup droit de Nadal

Durant toute la quinzaine de Roland-Garros, Patrice Dominguez, consultant France Télévisions et ancien N.1 français, décortique les différentes forces des meilleurs mondiaux et leurs secrets techniques. Aujourd'hui, le coup droit de Rafael Nadal.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
 

"Pendant un siècle, ce coup droit décroisé n'a pas été la séquences des joueurs gauchers. Pendant longtemps, le gaucher faisait un enroulé du coup droit lifté dans la diagonale. Avec Rafael Nadal, on est entré dans une dimension nouvelle, à la fois sur le plan technique mais surtout sur le plan tactique. L'un découle de l'autre, et l'un ne va pas sans l'autre.

Son coup droit a une trajectoire très arrondie, très puissante, avec un fouetté qui fait tourner énormément la balle. Elle prend d'autant plus d'efficacité qu'il est en appui ouvert, les épaules et les hanches tournées, et que cet ancrage au sol va lui donner toute la puissance. Tout part des jambes et d'une flexion extraordinaire. Mais c'est aussi à cause de ça qu'il connaît ses problèmes de genou. Nadal est capable de jouer en croisé lifté, comme le faisaient les gauchers auparavant, mais c'est lorsqu'il le fait au centre avec un gros arrondi que son coup droit trouve la plus grande efficacité. C'est là où la violence s'exprime le plus avec une trajectoire flottante, qui fait un peu penser à une balle de pongiste. Avec cette balle, si on n'est pas parfaitement dans le centrage de la frappe, la balle part n'importe où.

En position de tireur de penalty

Il a systématisé ce système, notamment lorsqu'il sert, car il se retrouve très régulièrement dans cette situation en ayant repoussé son adversaire loin derrière la ligne, et en l'obligeant à faire un gros effort. Lorsqu'il retourne le service, il recherche d'abord la longueur pour neutraliser le joueur au milieu du terrain. Ainsi, il va souvent bénéficier d'une balle courte, à 2m derrière les carrés de service, ce qui lui offre pratiquement une position de tireur de penalty au foot. C'est un joueur qui sort extrêmement vite de ses coups pour se replacer, et toujours vers l'avant. Il ne se replace jamais vers l'arrière. Il dispose d'un double appui qui le renvoie vers l'avant, avec ce balancier du corps vers l'avant qui donne de la vitesse à la balle et lui donne en plus un temps d'avance dans son replacement. Est-ce parce qu'il a développé cette tactique qu'il a acquis cette technique, ou est-ce le contraire ? Il y a sans doute un peu des deux. Mais il y a surtout une énorme répétition à l'entraînement de ses séquences. C'est un fondement de son jeu.

Face à lui, il ne faut pas se tromper de cible. Et il faut parfois d'abord jouer son coup droit avant de vouloir toucher son revers, ce qui implique de se rapprocher très dangereusement de la ligne. Il devient encore plus dangereux lorsqu'on cherche mais qu'on ne trouve pas son revers. Comme tous les grands joueurs, il est capable de jouer un coup droit dans le couloir de son revers. Il trouve alors un angle extérieur fantastique, en ayant bien d'autres options en même temps. C'est sa marque de fabrique. Et il masque très bien son coup, grâce à une double-rotation: celle de l'avant-bras, et au moment de la frappe, il peut avoir le serrage du poignet pour refermer sa prise.

Cette année, on le trouve un peu moins bon notamment parce que dans cette séquence, il a commis beaucoup d'erreurs. Cela peut s'expliquer par le fait que sa flexion-extension est moins performante qu'avant sa blessure. Il est un peu moins bien ancré au sol, et son appui dynamique est moins bon. Peut-être a-t-il cherché à s'épargner des efforts avant les grands combats de la deuxième semaine."

Vidéo: démonstration par l'image avec un jeu tout en coup droit

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