Coronavirus : Quand l'équipement sportif vient au secours des hôpitaux
Chaque jour est nouveau combat contre le coronavirus. Mais le combat se passe aussi dans les coulisses, dans les réserves et lieux de stockage de matériel médical. Face à l’intensité du virus, les pénuries se multiplient dans les hôpitaux français et les personnels soignants ont appris à se débrouiller avec les moyens du bord. Les masques de protection ont été les premiers à manquer. Pour s’en sortir et réussir à protéger médecins et infirmières de ses différents services de réanimation, l’Hôpital Nord Franche-Comté, près de Montbéliard, a misé sur des masques de plongée, donnés par la marque Decathlon.
Ces masques, qui sont portés lors d’actes à risque, comme l’intubation d‘un patient, ont été transformés pour protéger au mieux les soignants. Un embout en plastique a été créé afin de fixer, sur la partie supérieure du masque, un filtre bloquant 99,9% du virus. Ces masques ont aussi été utilisés pour faire face au manque de respirateurs. Là aussi, une adaptation a été nécessaire afin qu'ils puissent aider les patients atteints du Covid-19 en détresse respiratoire à respirer sans avoir recours à l’intubation. Un raccord modifié et imprimé en 3D au bloc opératoire a été fait sur ces masques afin de permettre une ventilation non invasive.
Des ponchos en guise de protection
A présent, ce sont les surblouses qui se font de plus en plus rare. "Normalement, il faudrait changer sa surblouse à chaque fois qu’on a été en contact avec un patient suspect et/ou avéré de Covid-19. Malheureusement, ce n’est pas le cas sinon je pense qu’il y aurait un manque considérable de matériel", explique Benoît, un jeune infirmier qui travaille aux urgences du CHU de Montpellier, et qui explique que le matériel de son hôpital est rationné pour éviter la pénurie.
Mais dans les régions les plus touchées par le Covid-19, les stocks se réduisent comme peau de chagrin et les recharger est parfois mission impossible. Dans un tweet sarcastique, Julien Salesse, infirmier en réanimation à La Pitié Salpêtrière à Paris, évoque la pénurie de surblouses et le recours aux ponchos en plastique pour se protéger face au virus. "Bon la pénurie de masques à l'hosto ok. Mais la pénurie de surblouses... On vient de commander des ponchos Décathlon... Déjà on va mourir mais en plus dans une tenue ridicule." Une pratique qui commence à se répandre. La semaine dernière, l’Olympique Lyonnais a fait don de 3 000 ponchos en plastique pour le personnel soignant d’un hôpital et d’un Ehpad de la région.
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Les pèlerines imperméables, mieux que rien
C’est aussi le cas au Centre hospitalier de Bligny, à Briis-sous-Forges dans l’Essonne, qui a accueilli en catastrophe plusieurs patients infectés du virus pour soulager les urgences saturées à Paris. Afin de protéger les soignants de la contamination, Clément Libermann, responsable des achats de l’hôpital, a eu l’idée de contacter les rayons vélo de plusieurs magasins sportifs afin de se procurer des pèlerines imperméables, utilisées initialement par les cyclistes. "Vendredi dernier, nous en avons reçu environ 600 de plusieurs magasins sportifs", explique-t-il.
"Nous sommes en régime dégradé, on se débrouille comme on peut"
D’habitude, le personnel soignant porte des surblouses fines à usage unique. Ce nouveau stock de matériel de protection, peu standard, va ainsi permettre de soulager l’hôpital. "Nous sommes en régime dégradé, on se débrouille comme on peut. Nous avons anticipé la pénurie. Quand nous arriverons au bout des stocks de sécurité et que les hygiénistes auront validé le processus d’utilisation, nous pourrons les utiliser", précise Clément Libermann, qui pense en avoir recours dans les prochains jours. Car même si beaucoup de choses se font vite lors de cette crise sanitaire, des réglementations de sécurité sont toutefois à respecter. C’est donc la tâche des hygiénistes qui vont mettre en place une procédure stricte à laquelle il faudra se soumettre pour les utiliser en toute sécurité et être bien protéger.
De plus, ces pèlerines imperméables ont un autre avantage. Elles pourront peut-être être réutilisées. Parmi les recommandations du ministère de la Santé, afin de recycler du matériel, le lavage à 60 degrés est un moyen envisagé. Une nouvelle fois, les hôpitaux sont donc en mode débrouille.
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