Coronavirus : Après la rentrée des classes, les parents confrontés au choix de la discipline sportive pour leur enfant
Traditionnellement, le mois de septembre est synonyme de rentrée des classes et d’inscription dans les associations et clubs de sport. Mais avec l’épidémie de coronavirus, certains parents hésitent voire refusent que leurs enfants continuent le sport qu’ils pratiquaient avant la crise sanitaire. Certains ont peur du risque de contamination ou ne veulent pas des nouvelles règles sanitaires parfois jugées trop contraignantes. Pour d’autres, la confiance envers leur club leur a permis de gérer cette rentrée sportive presque en sérénité.
Avoir confiance en son club
A Château-Chinon, dans la Nièvre, Patricia Forêt, directrice adjointe dans un lycée, a réinscrit sa fille Guliane, âgée de 13 ans, dans son club d’athlétisme. Et pour elle, il n’y a pas de raisons d’avoir peur. “On a confiance dans le club, on connait bien le président. On ne s'est même pas posé la question à vrai dire. Je pars du principe que le sport permet de renforcer les défenses humanitaires, et qu’il est donc important de pratiquer une activité physique pour lutter contre le virus. Il ne faut pas qu'on s'arrête de vivre”, confie-t-elle.
Karine Sy, professeure de mathématiques et de physique dans un lycée de Bourgogne, a elle aussi réinscrit, sans crainte, son fils de 11 ans dans le club d’athlétisme où il évoluait l’an passé. “Mon aîné pratique l’athlétisme depuis six ans. J’ai renouvelé sa licence. Je n’ai pas trop de crainte car l’athlétisme est un sport où il y a peu, voire pas, de contacts”, explique-t-elle. En revanche, pour sa fille, âgée de 9 ans, cette mère de famille a davantage de doute. “Elle fait de la gymnastique, et là en effet, je me pose la question de la réinscrire ou non”, s’interroge Karine Sy. Qu’est-ce qui fera donc basculer la balance ? Le protocole sanitaire, et notamment les modalités de désinfection du matériel, mis en place par le club lors de l’encadrement des cours. “A partir du moment où on voit que toutes les mesures sont mises en œuvre, je la réinscrirai”, précise Karine Sy, qui attend toujours des nouvelles du club.
“Même si le risque 0 n’existe pas, il faut que la vie reprenne”
La communication des clubs revient sans cesse comme argument pour les parents, qui attendent un gage de sécurité avant de leur laisser leur enfant. “Quand les associations communiquent, et c’est très important qu’elles le fassent, et quand tout est prévu et qu’elles ont précisé les mesures, cela nous réconforte en tant que parents”, rebondit Vincent Hydrio, contrôleur de gestion dans les Yvelines et père de deux filles de 11 et 15 ans. Pour d'autres, l’argument est plus fataliste. “Nos enfants côtoient déjà pas mal de monde à l'extérieur, donc les priver de sport, ça n’a pas de sens. Ils ont les mêmes risques en club qu’à l’école selon moi. Et même si le risque 0 n’existe pas, il faut que la vie reprenne”, souligne Karine Sy.
Que la vie reprenne oui, mais dans quelles conditions ? Pour ceux qui ont repris leurs entraînements, les protocoles sanitaires sont parfois compliqués à appliquer. Véronique Foufelle, secrétaire dans un établissement scolaire et habitant à Arleuf (Nièvre), en témoigne. Ses trois enfants pratiquent le football en club et la reprise avec ses nombreuses mesures - port du masque constant sauf lors de l'activité physique, lavage des mains avant et après la séance, réduction des places dans les vestiaires, sens de circulation, et surveillance que chacun respecte les mesures - n'est pas si simple. "Le protocole est très contraignant et mettre en place toutes les mesures barrières dans un sport collectif est compliqué. Mais mes trois enfants voulaient reprendre. Je n'allais pas les obliger à arrêter le sport. C'est le seul moment où ils n'ont pas le masque, où ils peuvent s'aérer la tête", explique cette mère de famille. "On a toujours des craintes car on ne sait pas comment sont désinfectés les locaux, si tout le monde respecte les gestes barrières imposés, mais je n'allais pas leur interdire leur sport."
Un nouveau sport pour éviter les contacts
S’il est encore trop tôt pour savoir si certains clubs ont perdu des licenciés à cause de l’épidémie (il faut attendre la fin du mois de septembre car les inscriptions se font généralement sur l’intégralité du mois), certains parents ont déjà choisi d’inscrire leur enfant dans un autre sport, où les contacts sont moins importants. C’est le cas de Sadia, jeune maman habitant à Perpignan (Pyrénées-Orientales), qui a décidé de lancer sa fille de sept ans dans un autre sport. “Ma fille faisait du football depuis quelques années. Même si elle adorait ce sport, j’ai préféré qu’elle arrête cette année à cause des risques de contamination. Elle aime aussi la boxe alors j’ai décidé de l’inscrire à des cours particuliers de boxe”, indique la jeune femme, serveuse en évènementiel, qui a été rassurée par les conditions sanitaires proposées par le club et les précautions prises par l'enseignant lors de ses cours.
Une bonne équation qui permet ainsi aux enfants de continuer le sport tout en rassurant les parents. Car pour elle, il était impensable que sa fille arrête le sport. “Les enfants sont des boules d'énergie. Elle a besoin de se dépenser, il est donc important qu’elle continue le sport dans tous les cas”, poursuit Sadia. Pour sa fille cadette, âgée de 3 ans et qui devait commencer la danse cette année, Sadia attend de voir comment la situation évolue. “Avant de l’inscrire, je vais attendre que le protocole s’assouplisse, car participer à un cours de danse sans toucher les gens, je ne vois pas l’intérêt”, souligne-t-elle.
Et il n’y a pas que les parents qui sont inquiets en ces temps de covid. La fille de Cécile Perceau, enseignante d’économie au lycée et vivant à Moulins-Engilbert (Nièvre), a décidé d’elle-même d’arrêter la natation pour des raisons sanitaires. “Elle a eu peur des contraintes sanitaires imposées dans les piscines. La crainte d’attraper le covid pendant ses cours de natation a aussi fait pencher la balance”, raconte-t-elle. “De plus, nous n’avons pas eu de nouvelles du club depuis le confinement. De manière générale, que ce soit pour le sport scolaire ou amateur, on a eu peu d’information”, regrette-t-elle. Pour remplacer la natation, sa fille a décidé de s’inscrire à l’Association sportive du collège (AS), au moins pour cette année, et pour continuer de pratiquer une activité physique malgré tout.
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