Cacophonie autour des dates du Mondial
"Les dates de la Coupe du monde ne seront pas juin-juillet (...) Je pense que ça se jouera entre le 15 novembre et le 15 janvier au plus tard." Sur les ondes de France Inter, Jérôme Valcke ne laissait aucune place au doute. La Coupe du monde 2022 aurait bien lieu en hiver afin d'éviter les fortes chaleurs estivales au Qatar. Secrétaire général de la Fifa, le Français mettait ainsi fin à toutes les spéculations. La précocité de cette annonce a toutefois surpris car la Fifa avait décidé en octobre de lancer une consultation, à la demande des clubs et des ligues nationales. Frédéric Thiriez, président de l'association européenne des ligues professionnelles, assure dans un communiqué qu'il avait rencontré mercredi matin le président de la Fifa, Sepp Blatter, et Jérôme Valcke, et qu'aucune décision n'avait été prise. "Rien de nouveau sous le soleil", écrit-il.
La Fifa n'en a pas discuté
Le vice-président Jim Boyce s'est, lui, dit abasourdi, soulignant que seul le comité exécutif pouvait se prononcer. "Autant que je sache, le comité exécutif de la Fifa attendait un rapport de toutes les parties prenantes de la Coupe du monde - les chaînes de télévision, les ligues, les sponsors, d'ici la Coupe du monde au Brésil", a-t-il dit à Sky Sports. "Que Jérôme ait exprimé ou pas une opinion personnelle, je ne sais pas, mais je peux confirmer que cela n'a pas été discuté au comité exécutif de la Fifa. Je suis très surpris."
La Fifa elle-même a diffusé un communiqué en rappelant que la date de la compétition n'avait pas été arrêtée, que la consultation était en cours et durerait le temps nécessaire. "Puisque le tournoi n'aura pas lieu avant huit ans, le processus de consultation ne sera pas précipité", dit le texte. "Aussi, aucune décision ne sera prise avant la Coupe du monde au Brésil comme convenu par le comité exécutif de la Fifa." Et pour cause, l'organisation du tournoi en hiver entraînant de nombreuses modifications. Au niveau du calendrier international tout d'abord. Les principaux championnats nationaux, tant en Europe qu'en Amérique latine et du Nord, en Afrique ou en Asie, et les compétitions de club transnationales, dont la lucrative Ligue des champions, se disputent d'août à mai. Selon les estimations, trois ans seraient nécessaires pour ajuster toutes ces dates à celles d'un Mondial en hiver.
La Fifa risque de nombreux recours en annulation
Ensuite, la Fifa s'expose à de nombreux recours, à la fois des pays auxquels le Qatar a été préféré lors de la procédure d'attribution en 2010 et des diffuseurs de la compétition qui en ont déjà acquis les droits pour 2022. Les premiers pourraient dénoncer un non respect de l'appel à candidatures qui prévoyait une Coupe du monde estivale. Le Qatar a obtenu l'organisation du tournoi aux dépens des Etats-Unis, du Japon, de la Corée du Sud et de l'Australie. Cette dernière a déjà fait savoir qu'elle envisagerait de demander réparation en cas de déplacement du tournoi en hiver. Les diffuseurs pourraient, eux, dénoncer leurs accords car le Mondial entrerait en conflit avec le calendrier d'autres sports majeurs, notamment aux Etats-Unis.
En 2011, Fox Sports, diffuseur de la NFL ou de la MLB, les très populaires championnats nord-américains de hockey sur glace et de baseball, a acquis les droits pour 2018 et 2022 pour 425 millions de dollars (313 millions d'euros). Dans ce marasme, la Fifa a trouvé en la FifPro un de ses seuls alliés. Le syndicat international des joueurs s'est félicité d'une éventuelle tenue de la Coupe du monde 2022 à l'hiver. Depuis l'obtention du Mondial par le Qatar, il milite pour ce changement de calendrier. Finalement, la sortie de Jérôme Valcke aura uniquement permis de mettre en lumière les dissensions au sein de l'organe international
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