Ça s'est passé le 25 juin 1988 : Marco Van Basten inscrit une volée légendaire qui permet aux Pays-Bas de remporter l'Euro
Certains joueurs deviennent des légendes grâce à des titres, certains par des coups de chauds, certains par des buts et puis, il y a Marco Van Basten. Lui a décidé de les cumuler. Ce 25 juin 1988 à Munich, le Néerlandais va inscrire un but que n'importe quel amoureux du ballon rond se remémore encore aujourd'hui et pour encore de nombreuses années. Marco Van Basten a réalisé le geste parfait.
Une volée tellement inattendue qu'elle surprend l'ensemble des acteurs de la rencontre
Ce 25 juin, au stade olympique de Munich, le Néerlandais traverse en héros les frontières de l'histoire du football. On joue alors la 54e minute. Les Pays-Bas mènent 1-0 face à des Soviétiques qui ne savent pas encore qu'ils disputent leur dernière compétition sous la bannière de l'URSS. Sur un contre déclenché par une récupération de balle d'Adri Van Tiggelen, ce dernier décale à gauche Arnold Mühren. Le milieu batave centre pour Van Basten. Mais son centre est beaucoup trop long et trop haut. Et quand Van Basten reçoit le ballon, il est trop excentré. Limite sur la ligne de touche.
Que faire ? Seul Van Basten à la solution. "J'étais un peu fatigué. La balle arrivait sur une passe d'Arnold Muhren, je me suis dit, "OK, je peux amortir et essayer de faire avec les défenseurs ou je peux choisir la facilité et le risque et frapper. Vous savez, pour un but comme cela, il faut beaucoup de réussite. J'en ai eue. C'est l'une de ces choses qui se passent parfois", se rappelle le principal intéressé, interrogé juste après la rencontre à l'époque.
Quand le ballon arrive, Marco Van Basten n'a pas 36 000 solutions. La plupart des joueurs aurait contrôlé logiquement le ballon. La plupart des joueurs aurait pris cette décision, mais le natif d'Utrecht n'est pas un joueur comme les autres loin de là. L'angle de tir est très réduit donc personne ne frapperait directement. Personne, sauf un génie. Les défenseurs soviétiques sont dans l'attente d'un centre mais il ne viendra jamais. Van Basten prend le choix audacieux. Parfaitement équilibré, il frappe du pied droit. La balle s'élève, puissante et suit une trajectoire en cloche. Surpris, Rinat Dasaev, le portier de l'URSS considéré comme le meilleur à son poste à l'époque, tend le bras, pensant visiblement que le tir n'est pas cadré. Et pourtant, le ballon termine au fond des filets. Van Basten vient de marquer un but sublime.
Un but d'une autre dimension qui le fait grimper sur le toit de l'Europe
"On peut encore parler beaucoup sur cela, tout ce que je peux dire, c'est que c'était des sensations fantastiques. Je dois être heureux et reconnaissant que cela me soit arrivé à moi et à la Hollande. Mais sur le but en lui-même, je n'avais pas vraiment compris l'excitation ni ce que j'avais fait réellement. Vous pouvez d'ailleurs voir ma réaction. Je demande : Mais qu'est-ce qu'il se passe ?", racontera-t-il quelques années plus tard à l'UEFA.
Le stade est en délire et la plupart des spectateurs sont encore abasourdis par ce but quasi imaginaire tant il a surpris la planète entière. Les Soviétiques sont à terre et viennent de comprendre que le titre leurs échappe. Van Basten les a mis KO. Moins d'une heure plus tard, MVB soulève le trophée de champion d'Europe, large sourire qui se dessine sur son visage. Il sait qu'il a passé un cap. Le petit Marco est devenu grand.
Van Basten porte les siens durant l'Euro
Cet Euro remporté ainsi que son but légendaire font basculer Van Basten dans une autre catégorie. L'ancien joueur de l'Ajax Amsterdam âgé de 23 ans, était un grand talent prometteur, qui débutait le premier match du tournoi sur le banc contre l'URSS. Mais quand il marquait le but du 2-0 contre cette même équipe, en finale cette fois, il était devenu une grande star. Il sortait d'une saison compliquée avec l'AC Milan qu'il venait tout juste de rejoindre au début de la saison. Les pépins physiques s'accumulaient mais le jeune Hollandais n'est pas pressé. "Je regardais et j'apprenais en attendant mon heure", réagit-il lors de sa mise sur le banc de touche.
Son heure va arriver bien plus vite que prévu. En phase de groupe, après une entame ratée contre l'URSS (0-1), Van Basten fait partie du 11 néerlandais pour aller affronter l'équipe d'Angleterre. La "Trois Lions" s'en souvient encore et le fantôme de l'attaquant batave doit encore hanter les Anglais. Il inscrit un triplé retentissant. Un match déclic comme il le dit lui même à l'époque. "C'était un match très important pour ma carrière. Le match qui a tout changé. J'avais connu une année difficile en raison de blessures. Mais à partir de ce moment, tout est devenu positif. J'ai marqué trois buts et nous avons remporté un match excitant contre l'Angleterre. Après cela, les autres matches furent plus faciles et tout s'est bien passé".
Les Oranje enchaînent et poursuivent leur parcours, porté par leur attaquant d'1m88. Lors de la demi finale, ils se vengent de leur défaite de 1974 en finale mondiale face aux Allemands en les battant 2-1 lors de cette demi-finale où ces derniers avaient pourtant ouvert le score. Une nouvelle fois le coup de grâce est donné par l'inévitable Marco Van Basten qui délivre les siens d'un but victorieux dans les toutes dernières minutes de la rencontre. La suite vous la connaissez au stade de Munich. Le Hollandais fait vibrer la terre entière à la 54e minute. Les Pays sont champions d'Europe. Et MVB change de dimension.
Van Basten, élu meilleur joueur du monde
Alors que sa volée légendaire fait le tour de la planète, Van Basten revient dans son club de l'AC Milan en véritable héros. Et quelques mois plus tard c'est la consécration pour lui. En décembre 1988, il devient le nouveau Ballon d'Or, récompense individuelle remise au meilleur joueur du monde de la saison. Les Bataves font une véritable razzia dûe notamment à leur sacre européen puisque Ruud Gullit et Franck Rjikaard complètent le podium. La locomotive Van Basten est lancée.
Il remporte ce même trophée individuel l'année suivante et participe grandement à la victoire des Milanais en Coupe d'Europe des Clubs Champions face au Steaua Bucarest (4-0) en inscrivant un doublé. Un troisième ballon d'Or viendra garnir sa collection privée lors de la saison en 1992. Il égale l'idole batave Johan Cruyff, lui aussi détenteur de trois titres de meilleur joueur du monde. Seules les blessures pouvaient stopper l'ascension de Van Basten et malheureusement pour lui, elles s'accumuleront beaucoup trop tôt et mettront un terme à sa carrière. Il raccroche les crampons à tout juste 30 ans, l'histoire d'un talent stoppé bien trop tôt dans son élan. Mais il aura démontré toute l'étendue de son talent aux yeux du monde entier. Grâce à un but qui restera à jamais gravé dans l'histoire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.