Vastine, l'injustice jusqu'au bout
Il ne pourra jamais laver l'affront. Alexis Vastine, qui avait ému la France en 2008 et 2012 après avoir été stoppé par deux décisions d'arbitrage plus que litigieuses aux JO, s'était relevé de ce double coup du sort et envisageait déjà de conquérir l'or à Rio. Le terrible accident d'hélicoptère dont il a été victime alors qu'il participait à un jeu de téléréalité avec d'autres champions, l'a stoppé dans son élan. A 28 ans, ce fils d'un vice-champiion de France amateur avait tous les atouts pour y parvenir. Une boxe élégante, une tête bien faite et bien pleine. Ce physique de jeune premier, qui lui valu très tôt les feux de la rampe, l'avait aussi parfois desservi dans son sport, où il avait suscité de nombreuses jalousies. Aujourd'hui, tout le monde pleure sa disparition. Pour la famille Vastine, qui avait également perdu Célie, la cadette de la fratrie, décédée en tout début d'année dans un accident de voiture à l'âge de 21 ans, la perte d'Alexis est un nouveau drame.
"Son but ultime était de devenir champion olympique et il se préparait pour Rio-2016", a déclaré lundi soir à l'AFP Brahim Asloum, seul boxeur français à avoir été sacré champion du monde (WBA des mi-mouche) et champion olympique, à Sydney en 2000. "Après sa défaite en 2012 à Londres, il avait traversé une dépression puis avait été blessé à plusieurs reprises. Alexis hésitait à relancer sa carrière", a expliqué Asloum, aujourd'hui cadre à la Fédération française de boxe.
Le cauchemar recommence à Londres
Lors de JO de Londres, Vastine avait été éliminé en quarts de finale du tournoi des moins de 69 kg par l'Ukrainien Taras Shelestiuk, sur décision des juges. Malchance incroyable, il avait déjà perdu en demi-finales aux Jeux de 2008 face au futur champion olympique, le Dominicain Felix Diaz, après une décision d'arbitrage controversée. "Je ne pensais pas que ça arriverait une seconde fois. Je ressens de l'injustice, un gros ras le bol", avait confié à des journalistes le boxeur aux mèches blondes, après être passé une première fois en zone mixte sans s'arrêter, en larmes et incapable de s'exprimer. "Je dis clairement, c'est de la politique, ce n'est pas du sport", avait-il pesté.
Très en colère juste après la décision finale, Vastine avait frappé de son poing nu dans l'un des coins du ring, récoltant encouragements et applaudissements du public anglais. "Le verdict initial est confirmé. Cauchemar", avait-il écrit sur sa page Facebook après le rejet de sa réclamation. "Je suis écoeuré, abattu, assommé. Deux fois de suite de manière aussi flagrante, je ne pouvais pas l'imaginer." "C'est une décision insupportable", avait renchéri son entraîneur, Jean Savarino. "Il faut que les arbitres s'achètent des lunettes, ce n'est pas possible!. Pékin, c'était un vol manifeste. Il ne faut pas qu'il subisse cette même injustice", s'était insurgé l'entraîneur.
Médaillé d'argent au Championnat d'Europe amateur à Moscou en 2010, éliminé par deux fois aux Mondiaux (2009 et 2011) au stade des huitièmes de finale, Vastine , poids welter au style tout en finesse, avait obtenu ses plus beaux succès lors des Championnats du monde militaires qu'il avait remportés à quatre reprises (2008, 2010, 2011, 2014). Mais lui qui avait toujours voulu rester amateur afin de conquérir l'or olympique, enfin, à Rio, ne pourra jamais réaliser son rêve. Une dernière injustice, la plus terrible de toute, l'en a privé.
Vidéo : le portrait d'Alexis Vastine et les réactions après son décès
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