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Rio 2016 : L'entrée en lice de Tony Yoka s'est faite dans le bruit et la fureur grâce à son clan

Le champion du monde des super-lourds (+91kg), le Français Tony Yoka, faisait son entrée dans le tournoi olympique de boxe ce samedi à Rio. L’occasion de découvrir la salle située à Rio Centro près du Parc Olympique et d’y rencontrer son clan. Reportage (très) bruyant.
Article rédigé par franceinfo
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Une heure avant le début du premier combat de la journée, l’enceinte qui accueille la boxe sonne creux. Les tours des deux couples de magiciens réchauffent à peine l’ambiance. Pourtant ces femmes qui changent de tenue derrière un drap en quelques secondes y mettent du leur. Il faut attendre Juliao Neto, le troisième combat, pour voir la salle hausser le ton. Il est 11h30 quand une dizaine de Français découvre cette ambiance qui grimpe. Doucement. Tee-shirts blancs à l’effigie de Tony Yoka, chevelures blondes ou bleu-blanc-rouge, fashion dans les deux cas, lunettes de soleil, on ne peut les rater. Dans quelques minutes, tout le monde va les entendre.

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Comme l’indiquent leurs tenues, ils ne sont pas là pour le Bulgare Daniel Asirov, qui remporte pourtant un franc succès à l'applaudimètre, mais pour Tony Yoka. C’est son clan. Victor, le père, Gertrude, la mère, les frères et sœurs Samantha, Victor, Axel et Shannon, les cousins Séphora et Gaël, Draman, Slim et Farrhad, des amis, ainsi que Naïma, "une copine d’Estelle (Mossely, ndlr)", la compagne et future femme de Tony Yoka. La boxeuse tricolore, également présente à Rio, peut compter sur son frère Vivien. Difficile de s’y retrouver, mais Farrhad, vieux copain de Tony depuis les équipes de France de jeunes, nous sert de guide. Aujourd’hui reconverti en professeur de boxe en Suisse, le Lorrain ne tarit pas d’éloges sur son pote. "Il a énormément de mérite, il a su se relever des défaites, des périodes difficiles. Son père a toujours été derrière lui. Tony, c’est un fidèle. Quand il aime, il ne fait pas semblant mais quand il n’aime pas, on le sait tout de suite", sourit-il.

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Dans les gènes

Les familles sont soudées. Le clan est là pour Tony, mais aussi pour Estelle, qui entre en lice le 15. Méfiante au départ, Samantha, la grande sœur, s’apaise. "Au départ, je me suis demandée qui vous étiez", sourit-elle. Portable greffé à la main, elle gère l’organisation. "Ce voyage a été monté par Tony, Estelle et moi, éclaire-t-elle. Il a grandement contribué et tout le monde a mis la main à la pâte". En contact avec Tony par textos, juste avant son combat, elle a du mal à cacher son stress. Tout le monde l’est un peu. "Ce n’est pas moi qui boxe, mais c’est tout comme", souffle Naïma, amie depuis le collège avec Estelle. Cette francilienne doit être l’une des seules du groupe à ne pas pratiquer la boxe.

Chez les Yoka, c’est quasiment une religion. Le père a été boxeur et les derniers de la fratrie Victor, Axel et Shannon s’y sont mis aussi. "Même la mère, précise Farrhad. Quand je suis arrivé dans la maison à Rio (le 11, ndlr) à 7h du matin, la maman courrait sur le tapis en donnant des directs. C’est familial". Cette colocation géante a pris ses quartiers a 45 minutes de la salle de boxe. Uber et taxis seront les partenaires du séjour. "C’est la première fois qu’on fait ça, c’était une volonté de Tony de tous nous avoir avec lui", éclaire Samantha.

Envahissant

Assis dans les hauteurs des gradins, la petite troupe cherche à descendre pour se rapprocher du héros. C’est que le combat approche et la température commence à monter. Slim, l’ambianceur, sosie de Paul Pogba, se charge de l’ambiance. "Allez Tony", clame-t-il pour s’échauffer la voix. On les remarquait, bientôt on ne va plus voir et entendre qu’eux. "Je repars sans cordes vocales, je les laisse au Brésil", tease Farrhad. Ou comment une dizaine de personnes peuvent ‘retourner’ une salle. A 13 heures, à l’annonce du combat, le volcan, qui sommeillait à peine, entre en éruption. La 'baston de regards' entre Tony Yoka et son adversaire, Laurent Clayton Jr, déclenche les hostilités. "Tu n’es pas chez toi", lance Slim au boxeur des Iles Vierges. "Je vais faire lever le Brésil", annonce-t-il. Il est chaud. Comme toute la clique. Les "Tony bomaye, Tony bomaye" (‘Tony tue-le’), en hommage au fameux "Ali Bomaye" du combat entre Ali et Foreman à Kinshasa (1974), résonnent.

Le bruit retentissant attire forcément les regards. Et les volontaires tentent, tant bien que mal, de calmer l’euphorie et l’enthousiasme pourtant communicatifs. Amassée au premier rang, debout sur les sièges, en équilibre sur les tribunes, la troupe prend de la place. Tous hurlent à chaque coup porté. On veut les faire asseoir. "On finit le combat, après on part", négocie le paternel. Au bout des trois rounds, tous remportés par leur champion, ils explosent. Évidemment, Tony Yoka les a vus et entendus – impossible de faire autrement – et leur fait un signe, grand sourire aux lèvres. "Il a d’abord jaugé, pris ses marques, puis il a déroulé", analyse Farrhad. Comme promis, la joyeuse troupe quitte les gradins, direction le ravitaillement. "On est soulagées, mais on s’est fait repérer pour toute la compétition", rigolent les deux sœurs Samantha et Shannon. "Tony veut l’or olympique, conclut Farrhad, il n’a pas fait le déplacement pour rien". Eux non plus.

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A video posted by @francetvsport on Aug 13, 2016 at 1:26pm PDT

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