Blancaneaux-Moutet : duel épique entre deux promesses
Pas de Chatrier, ni de Suzanne Lenglen. C'est dans l'anonymat tout relatif du court 14 que s'est sans doute disputé aujourd'hui l'un des matchs les plus fous de la quinzaine, tous tableaux confondus. Un duel de près de trois heures entre deux grandes promesses du tennis français. Corentin Moutet d'un côté, 17 ans le 19 avril dernier et Geoffrey Blancaneaux de l'autre, 18 ans en août prochain. Deux garçons déjà en train de basculer des juniors vers les pros. Tous les deux ont déjà connu le frisson des qualifications pour le grand tableau à Paris. Tous les deux écument déjà les courts des tournois Futures pour tenter de grimper, déjà, vers les hautes sphères du classement ATP.
Une rencontre épique
Dans un froid polaire, parfois sous une pluie battante et devant une tribune bien remplie quasi-entièrement acquise à la cause de Geoffrey Blancaneaux (ses anciens camarades de sport-étude), ce dernier finissait par s'imposer (7-5, 3-6, 7-5), au terme d'un match d'une grande intensité. Mieux entré dans le match après avoir disputé son deuxième tour trois heures avant, Corentin Moutet prenait pourtant le large dans le premier set (5-1, double-break). Mais il s'effondrait complètement, encaissant six jeux de suite, invectivant le "kop" (parfois trop) bruyant de son adversaire et explosant une raquette en fin de manche. Breaké dans la deuxième, connu pour ses difficultés à garder son sang-froid ("Le pigeon passe à deux centimètres de ma tête c'est pas croyable", s'est-il plaint aujourd'hui), Moutet montrait qu'il progressait sur ce plan-là en reprenant le fil de son match pour recoller au score.
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"Geoffrey prend du plaisir"
"C'était énorme, soufflait Michel Blancaneaux, père de, juste après la rencontre. Geoffrey est en train de passer des caps en ce moment, sans avoir atteint sa maturité physique. On construit une équipe performante autour de lui, je veux qu'il passe dans le monde des pros avec toutes les armes dont il aura besoin." Auteur d'une vraie performance en qualifications du grand tableau face à Moriya (218e mondial), le retour chez les juniors ne s'annonçait pourtant pas franchement évident. Mais son père balaye l'hypothèse : "Ça n'a pas été un problème, assure-t-il. Peu importe l'adversaire, quand il rentre sur le terrain, Geoffrey prend du plaisir." L'objectif est clair : gagner le tournoi, puis retour à l'alternance Futures-Juniors avant de se lancer définitivement dans le grand bain la saison prochaine. "Mais avant ça, il a son bac à passer, prévient Michel Blancaneaux. D'ailleurs, il va réviser tout à l'heure". Avant de jouer sa place en demi-finale, dès demain.
De l'autre côté, Corentin Moutet quittait le court en boitant, tiraillé par les crampes après avoir passé près de cinq heures sur les courts dans la journée. Déçu, forcément, agacé, certainement. Mais il a, lui aussi, confirmé ses belles promesses. Faut-il maintenant les tenir.
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