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Bienvenue sur "l'autre montagne" de Sotchi

DE NOTRE ENVOYE SPECIAL | Alors que la région de Sotchi est plus que jamais tournée vers les Jeux olympiques, et la cérémonie d'ouverture vendredi soir, il existe à une dizaine de kilomètres du centre-ville un endroit que les autorités auraient bien aimé cacher. Une gigantesque décharge à ciel ouvert, qui existait déjà avant le chantier des Jeux mais qui se trouve aujourd'hui au coeur d'un scandale écologique. Elle a été fermée à la hâte.
Article rédigé par franceinfo
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  (Yann Bertrand Radio France)

A quelques encablures de Dagomys, dans la banlieue de Sotchi, nichée dans les collines, un petit lac entouré de tables de pique-nique incite les passants à la détente, à la promenade. Peut-être certains ne savent-ils pas qu'à seulement quelques centaines de mètres, des milliers de tonnes de plastiques, papiers, matériaux en décomposition, forment l'une des "collines" les plus hautes de la zone.

Pour accéder à la décharge, il faut emprunter un sentier non balisé, longeant un ruisseau, en pleine forêt. Si on essaie d'y aller par la route, un "petit vieux ", dixit Olga Moskovets, activiste écologique, préviendra les autorités que des curieux sont à proximité. Signe que le sujet est jugé très sensible par les autorités.

Scandale écologique

La décharge n'a pas été créée avec le chantier des Jeux olympiques, elle existait déjà il y a plusieurs décennies. Mais la démesure des travaux et donc des déchets induits a augmenté sa taille de façon exponentielle. Il a fallu d'abord abattre des centaines d'arbres au coeur d'un parc naturel classé, comptant notamment des plantes comme de précieux spécimens de cyclamens rares. La montagne d'ordures a atteint, au plus fort de son activité, près de 900 mètres de hauteur, avant sa fermeture il y a environ six mois.

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L'inventaire des différents agents polluants déposés ici est impressionnante : lampes au mercure, plastique, ferraille, produits chimiques... Tout cela à quelques centaines de mètres d'une rivière se jetant dans la mer ; les poissons qui s'y reproduisaient ont disparu.

Le discours officiel... et la réalité

Pour Olga Moskovets, qui habite à quelques kilomètres de la décharge et a décidé de montrer aux médias du monde entier l'étendue des dégâts, "c'est désormais impossible de revenir en arrière ". Pourtant, l'existence de cette décharge est en totale contradiction avec le discours officiel du comité d'organisation des Jeux. Il y a quelques jours, son président Dmitry Tchernychenko déclarait en grande pompe : "Nous sommes fiers d'annoncer que nous avons rempli l'un de nos principaux objectifs : organiser des Jeux ayant un impact minimum sur l'environnement ".

Les riverains, eux, ne peuvent que se plaindre, surtout lorsqu'il fait très chaud, en été, et que l'odeur devient épouvantable. Ou que les ordures prennent feu, hors de tout contrôle. Mais les autorités ne semblent que très peu s'en préoccuper. Il y a quelques semaines, une visite d'une deuxième décharge, à Adler, a été organisée pour les journalistes ; tout avait été précautionneusement recouvert d'herbe et d'arbres pour masquer les dégâts.

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