Benzema esseulé, Deschamps ne veut pas rentrer dans le débat
"Le racisme a bon dos", a assuré sur iTélé la ministre du Travail, Myriam El Khomri, actuellement dans la tourmente en raison de la loi qui porte son nom, toujours vivement contestée par les syndicats à huit jours de l'Euro en France (10 juin - 10 juillet). "Quand on porte le maillot de l'équipe de France, il y a une forme de devoir d'exemplarité", a-t-elle poursuivi. Une allusion au fait que Benzema a été écarté de l'équipe de France à cause de sa mise en examen dans l'affaire du chantage à la sex-tape contre un autre international, Mathieu Valbuena. Pour autant, selon elle, "il y a bien évidemment (...) des discriminations liées à l'origine dans notre pays": "J'en ai subies, je ne vais pas vous dire le contraire".
Pour l'ancien défenseur Lilian Thuram, champion du monde 1998, Benzema se "déresponsabilise": "S'il n'est pas sélectionné, c'est parce qu'il y a une affaire avec Mathieu Valbuena". "Le racisme existe dans la société française, Benzema aurait pu faire beaucoup, ça aurait été extraordinaire qu'il soit capitaine de l'équipe de France, mais il aurait fallu qu'il soit irréprochable", a jugé sur France Info le Guadeloupéen, à la tête d'une fondation pour l'éducation contre le racisme.
"Je n'ai pas de réaction. Je ne veux pas rentrer dans ce débat, je ne suis pas là pour ça. Je n'ai rien à dire là-dessus. Je suis concentré sur la compétition et ce qui nous attend", a quant à lui indiqué Didier Deschamps.
Cantona insiste
Spécialiste des phrases incisives, le président du club de Toulon, Mourad Boudjellal, a lâché sur RTL: "Je crois qu'il n'a pas mesuré la dangerosité de ses propos parce que, s'il souhaite devenir un fonds de commerce des recruteurs de Daech, il ne fallait pas s'y prendre autrement". "Sur des jeunes des cités qui sont en manque d'idéal, ça devient un excellent exemple pour certains recruteurs, de leur dire: +Regarde, même si tu deviens le meilleur dans ton sport, comme au football, regarde Benzema, tu es rejeté.+", ajoute Boudjellal.
De son côté, le controversé islamologue suisse Tariq Ramadan a estimé sur BFMTV et RMC que, l'absence de Benzema en Bleu n'était pas du "racisme caractérisé": "Il y a quand même une situation, il y a quand même un fait, quelque chose qui lui est reproché." Mais "dans la discussion raisonnable et posée que nous avons, il faut poser la question du racisme en France", a-t-il continué. Enfin, l'ancien joueur Eric Cantona a jugé "normal qu'il (Benzema) s'exprime et agisse comme un citoyen français avant de se penser comme un joueur. Un citoyen qui répond à la problématique suivante: comment barrer la route aux extrêmes?".
Coman: "C'est n'importe quoi !"
C'est Cantona qui avait allumé la polémique en déclarant, le 26 mai dans le journal anglais The Guardian, que Benzema et Hatem Ben Arfa n'avaient pas été retenus pour l'Euro à cause de "leurs origines nord-africaines". "Je n'affirme rien. Je pose la question", s'est-il justifié jeudi dans Libération. "Depuis les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher, les choses ont changé, l'ambiance a changé, le regard que l'on porte sur la communauté d'origine maghrébine a changé", assure-t-il.
En Autriche, où l'équipe de France est en stage de préparation, l'une des nouvelles pépites des Bleus, l'attaquant Kingsley Coman, a eu des mots sans nuances pour commenter les accusations de son aîné: "C'est du n'importe quoi". "Dans l'équipe, il y a beaucoup de gens de couleur ou d'origines différentes. Le racisme, je ne vois pas où il est", a ajouté le joueur du Bayern Munich, qui fêtera ses 20 ans le 13 juin.
Sur les 23 joueurs retenus pour l'Euro, douze sont d'origine ultra-marine ou africaine, dont Coman, et un d'origine marocaine, Adil Rami.
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