NBA : Rudy Gobert de retour au sommet et moteur de la meilleure équipe de la conférence Ouest
"Je ne l'ai jamais vu aussi bien jouer." Quelques minutes après une deuxième victoire en autant de rencontres face aux Spurs de Victor Wembanyama, le 7 décembre, l'entraîneur des Wolves de Minnesota, Chris Finch, a encensé Rudy Gobert. Pour sa deuxième année à Minneapolis, le Français réalise l'un des meilleurs exercices de sa carrière et porte sa franchise, actuellement première de la conférence Ouest en NBA (21 victoires et 6 défaites).
"C'est fort possible que je fasse la meilleure saison de ma carrière, a confié le pivot sur beIN Sports, le 17 décembre. Je suis à un niveau auquel je n'ai jamais été auparavant." S'il n'affiche pas la meilleure ligne de statistiques de sa carrière (avec 12,5 points par match, il s'agit de sa plus faible moyenne depuis 2016), Rudy Gobert a transformé l'ADN de sa franchise qui est devenue la défense la plus imperméable de la ligue nord-américaine après le premier tiers de l'année. "En termes d'impact sur une équipe, c'est sûrement ma meilleure saison, estime-t-il. Mon objectif est d'être, chaque soir, le meilleur défenseur au monde."
"Les gens commencent à comprendre ce que je peux apporter"
Les statistiques avancées confirment son immense influence sur la défense des Wolves. Il domine largement deux classements individuels : le defensive rating (estimation du nombre de points encaissés sur 100 possessions adverses) et le defensive win shares (estimation du nombre de victoires dues à la prestation défensive d'un joueur). "Notre identité, c'est la défense. On peut s'appuyer dessus chaque soir", affirmait-il sur beIN Sports. Un apport reconnu par ses coéquipiers, la star Anthony Edwards en tête pour le Star Tribune : "Il redevient le Rudy qu'il était à Utah quand il s'agit de défendre le cercle".
Le pivot tricolore semble aussi avoir passé un cap mentalement, peut-être le fruit de sa retraite spirituelle de 64 heures dans le noir, effectuée en mai dernier. Très souvent touché voire vexé par les critiques des observateurs, Rudy Gobert essaie de s'en affranchir. "Le travail paie et les gens commencent à comprendre et respecter ce que je peux apporter à une équipe", veut-il croire. Lorsqu'il avait été snobé du All-Star Game en 2019, ses larmes en zone mixte avaient fait le tour du monde. Quatre ans plus tard, il ne paraît pas obnubilé par une quatrième participation au match réunissant les meilleurs joueurs de NBA, alors qu'il possède quelques arguments dans sa besace.
Même sa réaction après l'étranglement dont il a été victime par Draymond Green, en novembre, avait prouvé sa nouvelle maturité. "J’ai de l’empathie pour lui, avait-il déclaré. On voit quelqu’un qui ne va pas bien et qui souffre. On oublie le sport et tout ça. On souhaite que cette personne aille bien, soit en mesure de faire ce qu’elle sait faire et qu’elle soit heureuse."
Une première saison décevante
Pourtant, l'ancien Choletais avait vécu une première saison difficile à Minneapolis, peut-être liée à la pression d'un transfert à prix d'or. Il avait été échangé en provenance d'Utah contre cinq joueurs et quatre choix de premier tour de draft. "C'était une nouvelle franchise, un nouveau staff, de nouveaux coéquipiers, expliquait-il en début de saison. C'était un processus. On a traversé beaucoup de choses. On a beaucoup progressé individuellement et collectivement."
Preuve d'une année compliquée, Rudy Gobert avait dégoupillé en frappant son coéquipier Kyle Anderson lors du dernier match de saison régulière. Quelques semaines plus tard, les Wolves étaient éliminés au premier tour des playoffs par le futur champion, Denver. Une fin de saison pendant laquelle il avait enfin pu être associé à Karl-Anthony Towns, un autre intérieur dominant en NBA.
Le nouveau duo, formé à rebours d'un jeu moderne résolument tourné vers le "small-ball" (un assemblage de joueurs extérieurs de petite taille), représentait la grande excitation de la signature de Gobert à Minnesota. Mais la longue blessure de Towns n'a jamais permis de voir ces tours jumelles fouler régulièrement le parquet ensemble. "KAT" a déjà presque autant joué depuis octobre (27 matchs) que sur l'ensemble de la saison régulière dernière (29). "Je pense qu'on se complète bien", apprécie l'international français (100 sélections).
Ce retour au meilleur niveau est forcément une bonne nouvelle pour l'équipe de France, à huit mois des Jeux olympiques de Paris. Comme les Bleus, éliminés piteusement au premier tour, il avait manqué sa Coupe du monde et n'avait pas été à la hauteur du rôle qui était le sien. D'ici la cérémonie d'ouverture, prévue le 26 juillet, Rudy Gobert a un autre objectif : "Être champion NBA."
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