NBA: Kawhi Leonard, l'atout si spécial des Raptors
Si Leonard était un personnage de cinéma, il ne serait pas l'un des héros de la saga Jurassic Park qui a inspiré le nom de son équipe, les Raptors.
Il serait "Ghost Dog", le tueur à gages quasi mutique du réalisateur Jim Jarmusch, qui vit et opère selon les préceptes du code d'honneur des samouraïs. Ce n'est pas pour rien que Leonard est surnommé en NBA "l'assassin silencieux": il ne fait pas de bruit, à la différence de la plupart des autres stars de NBA à l'ego souvent surdimensionné, mais il vise juste et fait mouche.
"Je joue pour m'amuser"
A l'entendre s'exprimer en conférence de presse, sans passion, le visage fermé, on le verrait bien, comme "Ghost Dog" incarné au cinéma par Forest Whitaker, sourire uniquement lorsqu'il nourrit des pigeons sur les toits de Toronto. "Je ne joue pas au basket pour être connu. Je joue pour m'amuser et pour essayer d'être le meilleur possible", a-t-il expliqué durant cette finale 2019.
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Les journalistes ont tenté durant les nombreuses conférences de presse qui précèdent et suivent les matches de percer l'énigme Leonard. Ils ont, au mieux, obtenu une réponse laconique, quand il n'a pas botté en touche lorsqu'il jugeait les questions trop personnelles. Tout juste a-t-il reconnu que la mort violente de son père, tué par balles en 2008, lui avait fait réaliser que "la vie et le basket étaient deux choses différentes".
Résultat, Leonard, 27 ans, relativise beaucoup et garde les pieds sur terre. "Dans ma vie, il n'y a que le basket. Mais que je gagne un match, le perde ou fasse match nul, la vie va continuer, j'aurai toujours ma famille et ce n'est qu'un jeu", a-t-il expliqué.
Ses coéquipiers à Toronto le décrivent de façon surprenante, à l'instar de Kyle Lowry, comme un joueur "comme les autres qui aiment rigoler, un mec cool". Lowry présente volontiers le Californien de naissance, choisi en 15e position de la Draft 2011 par Indiana qui l'a aussitôt cédé à San Antonio, comme la raison principale du titre de Toronto. "Son calme a beaucoup influencé notre équipe (...) Il reste toujours mesuré et ne s'emballe pas quand on gagne, ni ne s'effondre quand on perd", a-t-il insisté.
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Il inspire le respect à ses adversaires comme à l'ailier de Golden State Draymond Green. "Il n'est pas aussi impressionnant sur le terrain qu'un LeBron James ou un Kobe Bryant, mais il fait vraiment le boulot, il inspire ses coéquipiers et il impose sa volonté sur un match", a souligné le triple champion NBA.
Un phénomène physique
Leonard est d'abord un phénomène physique avec des mains surdimensionnées (30 cm de hauteur!). A San Antonio, il s'est d'abord taillé une réputation de défenseur intraitable, l'un des meilleurs de NBA, qui lui a valu de remporter le prestigieux trophée de "Defensive Player of the Year" en 2015 et 2016. Il a depuis étendu son registre en devenant un marqueur prolifique et efficace (26,6 points par match et 49,6% de réussite lors de la saison régulière 2018-19). Pour Steve Kerr, l'entraîneur de Golden State, "il est clairement l'une des superstars de la NBA depuis cinq-six saisons déjà".
Sous le maillot des Spurs, il remporte, aux côtés de Tim Duncan, Manu Ginobili et Tony Parker, le titre NBA en 2014 face au Miami Heat de LeBron James. Mais l'expérience à San Antonio s'est mal terminée. Blessé à une cuisse, il n'a disputé que neuf matches la saison dernière alors que l'encadrement médical de la franchise texane l'estimait pourtant apte à rejouer. Du coup, San Antonio l'a envoyé à Toronto dans le cadre d'un échange avec DeMar DeRozan.
La franchise canadienne n'a pas eu à regretter son pari, même si Leonard, sacré meilleur joueur (MVP) de la finale 2019, comme en 2014, pourrait rejoindre une équipe plus huppée, une fois que son contrat arrivera à expiration fin juin. "C'est un joueur marquant", a résumé son entraîneur Nick Nurse.
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