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Les secrets de la réussite d’Atlanta

Avec 60 victoires au compteur, la franchise d’Atlanta a régné sans partage sur la conférence Est cette saison. La réussite des Hawks est celle d’un collectif, d’un coach et d’un système qui ont longtemps mûri pour arriver à maturité cette saison.
Article rédigé par franceinfo
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Paul Millsap, DeMarre Carroll, Kyle Korver et Al Horford, les favoris au titre que personne n'attendait (CURTIS COMPTON/AP/SIPA / AP)

Le 19 novembre dernier, tous les joueurs des Hawks sont rassemblés dans une petite salle qui jouxte leur vestiaire, dans la Philips Arena. Face à eux, sur un grand écran, une rediffusion de leur match face aux Lakers, la veille. Une défaite. La deuxième de suite, la cinquième de la saison en seulement dix rencontres. Jeff Teague, Paul Millsap, Al Horford, Kyle Korver et tous les autres doutent. Ils semblent repartis sur les mêmes bases instables que l’an passé, où ils avaient complètement raté leur troisième quart de saison (série de 14 défaites en 15 matches en février) pour sortir dès le premier tour des playoffs. Comme en 2013. Comme en 2012, aussi.

A côté de l’écran, Mike Budenholzer n’est pas aussi pessimiste. Le jeune entraîneur (45 ans) est persuadé qu’il ne manque pas grand-chose aux siens pour qu’ils passent du statut de gentil poil à gratter de la conférence Est à celui de sérieux prétendant au titre. L’expérience, l’attitude, la profondeur de banc, tout est en place. Le reste n’est qu’une affaire de détails. Mais les détails font tout : ce sont les rouages de la montre, et en dix-sept années passées aux côtés de Gregg Popovich sur le banc des San Antonio Spurs, le protégé du gourou américano-serbe a appris à s’occuper des rouages d’une montre de luxe.

Budenholzer, probable coach de l'année

Lorsqu’il est recruté par les dirigeants des Hawks, en mai 2013, Budenholzer ne tarde pas à appliquer la "méthode Pop’" à sa sauce. Au premier camp d’entraînement, il oblige ses joueurs à s’asseoir à des places bien particulières sur le banc de touche, comme à la table d’un repas de famille. Son idée : que chaque joueur s’installe à la gauche d’un joueur qu’il peut influencer, et à la droite d’un équipier qui peut l’influencer. Ses ouailles tiquent. "Il n’a pas tout de suite gagné notre respect, confirme le vétéran Elton Brand. Nous nous sommes demandés qui il était, ce qu’il voulait". Mais ils ne bronchent pas : ils comprennent que leur nouveau boss souhaite que le groupe ne fasse qu’un, sur et en dehors des parquets, comme à San Antonio où les cadres se connaissent et se respectent tant que leur bonne entente se traduit dans le jeu : la circulation de balle est intuitive, les ajustements défensifs automatiques.

Patient et réservé, "Bud", ne fait les choses à moitié pour arriver à ses fins. Il invite régulièrement ses joueurs à la maison. Il propose à son meneur, Jeff Teague, de dîner avec ses parents. Il suit DeMarre Carroll au concert de Drake. Il impose des repas de groupe, après les matches à l’extérieur. "Il a fait un travail magistral pour gagner rapidement la confiance de ses joueurs, l’adoube Gregg Popovich. Ces derniers ne le respectent pas juste parce qu’il vient de San Antonio. Ils s’en foutent. C’est son travail, et son travail seul, qui a fait la différence".

Après une saison galère, Al Horford a retrouvé son meilleur niveau

"Personne ne fait le malin"

Après la défaite du 18 novembre, les Hawks ont su faire les ajustements nécessaires pour que la machine tourne à plein régime sans jamais discontinuer. L’équipe a enchaîné onze victoires en douze matches. Puis, entre le 27 décembre et le 31 janvier, ils ont remporté dix-neuf matches d’affilée. Le premier mois de l’année 2015 d’Atlanta, lors duquel la franchise a décroché seize succès sans perdre la moindre rencontre, est même entré dans les livres d’histoire. En février, ils ont mis 72 points en une mi-temps à la meilleure défense de la ligue (Golden State). Les Hawks ont terminé la saison, mercredi, avec le meilleur bilan de toute la conférence Est (60v-20d). Les rares critiques soulignent que dans la conférence voisine, plus relevée, cela n’aurait pas été la même histoire. Sauf que le bilan d’Atlanta face aux franchises de l’Ouest est, lui aussi, sans appel (22v-8d).

Le parcours admirable des Hawks reste pourtant peu médiatisé. Sans doute parce qu’il s’agit d’un effectif d’anti-stars où aucun ne se détache vraiment (au point que la NBA a désigné, pour "meilleur joueur du mois de janvier", le cinq de départ entier d’Atlanta). Aucun titulaire ne marque plus de 17 points de moyenne ; aucun n’en score moins que 12. Jeff Teague, Paul Millsap, Al Horford et Kyle Korver ont tous été nommés All-Star cette saison. "C’est notre identité, se félicite Teague. Tout le monde touche la balle, personne ne fait le malin avec, et même si tu as l’opportunité de marquer un lay-up facile, tu donnes la balle à Kyle Korver".

Les rois de l'impro en attaque

Le shooteur d’élite est le symbole de la confiance dégagée par l’effectif d’Atlanta. A 33 ans, il rentre neuf lancers-francs sur dix (89,4%) et un tir à trois-points sur deux (49,5%), profitant de l’animation offensive impulsée par Budenholzer pour s’éclater derrière l’arc. Korver se souvient qu’en 2012, lorsqu’il est arrivé à Atlanta, Jeff Teague était incapable de lui faire de bonnes passes, dans le bon timing, lorsqu’il se démarquait. Aujourd’hui, Teague est le meneur de l’équipe qui fait le plus de passes décisives en NBA : 67,8% des paniers des Hawks sont marqués à la suite d’une offrande. C’est aussi la seule franchise, avec Golden State, à figurer parmi les huit meilleures défenses et les huit meilleures attaques de la ligue.

Jeff Teague tourne cette saison à 16 points et 7 passes de moyenne

Le collectif est équilibré, rodé à merveille, et le manque relatif de taille dans la raquette est compensé par une circulation de balle sans pareille en NBA (sauf, peut-être, à San Antonio ou Golden State) et à un incessant bal d’écrans et de démarquages. Comme l’exige Budenholzer, personne ne touche la balle plus de deux secondes. Comme il l’a appris à ses joueurs, quand l’un d’eux attaque le panier, tous les autres se placent à des spots-clés prédéfinis – tête de raquette, dans le coin derrière la ligne à trois points, à 45 degrés mi-distance – afin que le celui qui drive puisse ressortir la balle les yeux fermés. C’est un basket où chacun a son rôle tout en sachant prendre, si besoin, celui des autres. Un basket où chacun est à sa place tout en étant constamment en mouvement. "Quand les autres équipes annoncent un système et le déroulent tel qu’ils en ont l’habitude, nous nous adaptons simplement à la défense. Nos adversaires ne peuvent pas prévoir comment nous allons attaquer… car nous-mêmes, nous ne le savons pas".

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