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Les San Antonio Spurs de Parker sont-ils les seuls adversaires des Golden State Warriors de Curry ?

Avec un bilan de 31 victoires pour 6 défaites, les San Antonio Spurs sont, eux aussi, quasiment sur les traces du fameux record (72-10) des Bulls de Jordan. Dans le sillage d'un Kawhi Leonard étincelant, les Texans affichent une sérénité à toute épreuve, fruit d'un travail minutieux de son coach, Gregg Popovich.
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Gregg Popovich fait des miracles avec son équipe (ERIC GAY/AP/SIPA / AP)

Cette saison, le seul problème des Spurs se nomme Golden State. Ou alors, est-ce l'inverse ? Sans les coéquipiers de Stephen Curry et leur incroyable saison (33 victoires pour 2 défaites), les Texans feraient la une de tous les sites spécialisés. Est-ce seulement un problème pour Gregg Popovich et sa bande ? Habitués à être délaissés par les médias, les Spurs progressent en silence. Dans le même temps, Golden State ne peut faire reposer son meneur star, touché au tibia, sous peine de voir les Spurs revenir à hauteur.

Avec une équipe remaniée, la machine Spurs est encore en rodage – c’est une chose effrayante – et compte sur une défense de fer (89,5 points encaissés) pour laisser le temps à son attaque de donner sa pleine mesure. Comme à la fin de la décennie 2000, Popovich a une nouvelle fois fait bouger ses lignes. Avec 31 victoires (invaincus à domicile), les Spurs ne sont qu’à trois succès des intouchables Warriors. Le duel du 25 janvier prochain promet énormément et pourrait permettre aux Texans de se rapprocher un peu plus. D’autant plus que la forme du moment est à l’avantage des Éperons qui sont sur une série de 13 succès en 14 matches. Une série d’autant plus exceptionnelle que sur ces 14 rencontres, les Spurs sont la deuxième attaque de la Ligue, sa meilleure défense et infligent un écart moyen de 19 points à leurs opposants. Mais comment diable, Gregg Popovich fait pour atteindre encore et encore un tel niveau ?

Kawhi Leonard, MVP en puissance

Paul George, LeBron James, Kevin Durant, Kawhi Leonard, Draymond Green: deux (voire trois) de ces ailiers ne seront pas dans le meilleur cinq de la NBA en fin de saison. Cruelle loi d’un poste où la qualité ne manque pas en NBA. Aussi prestigieux soient-ils, croyez bien que Kawhi Leonard sera du premier cinq. Car aujourd’hui, le joueur formé à San Diego State n’est pas seulement le MVP des Finales 2014 et le meilleur défenseur de la saison 2015, il est l’un des favoris à la course pour le titre de meilleur joueur de la saison régulière. L’extraterrestre Curry est pour le moment intouchable mais l’homme aux mains interminables rôde et attend tapi dans l’ombre. Son rôle de prédilection. Oubliez la période du Big Three – nous y reviendrons-, l’heure est aujourd’hui à la "Leonard mania" à San Antonio. Auteur de 20,8 points, 6,9 rebonds et 2 interceptions par match, l’ailier des Spurs est le "franchise player". C’est lui qui prend le plus de tirs par matches (14,8) et c’est lui qui prend ses responsabilités dans les moments chauds. Sa palette de tirs est aujourd’hui large comme ses paluches : à trois points, dans le périmètre, dos au panier, au poste bas, en pénétration… Leonard sait tout faire et joue très juste (1,3 perte de balle par match). Avec son 51,9% aux tirs, ses 50% derrière l’arc et ses 88,7% aux lancers-francs, le joueur de 24 ans est sur les traces d’une saison fabuleuse à 50/50/90 que le seul Steve Kerr a réussi dans l’histoire de la ligue.

Le Big Three en retrait 

Depuis que le Big Three existe, jamais il n’a si peu joué et si peu marqué. Dans le détail, Tim Duncan ne passe que 26 minutes sur le terrain pour 9,2 points de moyenne (il n’a jamais terminé une saison en dessous des dix points dans sa carrière), Manu Ginobili n’atteint pas les 20 minutes et score à peine plus de dix points (son plus faible total depuis sa saison rookie) et Tony Parker dispose de 27 minutes sur le parquet et en profite pour inscrire 12,4 points en moyenne (lui aussi son plus faible total depuis sa saison rookie). Et pourtant dans le même temps, les Spurs cartonnent. Comment, pourquoi ? Tout d’abord parce que les trois hommes acceptent ce rôle. Deuxièmement parce qu’ils jouent les facilitateurs pour leurs partenaires. Les trois distribuent en moyenne 12 passes décisives par match, soit quasiment la moitié de l’équipe. La transition s’opère en douceur tout proche de la frontière mexicaine. Ce qui n’empêche pas Tony Parker de scorer quand la situation le réclame et Tim Duncan d’être encore très efficace sous le panier. En somme, le Big Three est une sorte d’arme de dernier recours – en caricaturant un peu - pour son équipe.

L’intégration de LaMarcus Aldridge​

Il était le gros coup de l’intersaison, celui pour lequel les Champions 2014 ont chamboulé leur effectif (Belinelli, Splitter, Joseph, Baynes out). Il est celui qui pousse Tim Duncan au poste de pivot et un joueur qui valait plus de 20 points et 10 rebonds de moyenne à Portland. LaMarcus Aldridge a dû s’adapter et ses partenaires aussi. Si ses moyennes n’ont pas bougé entre novembre et décembre, le bond au niveau du pourcentage au shoot de l’un des meilleurs intérieurs de la ligue est surprenant. De 44,3%, Aldridge est passé à 52% en décembre ! Une progression spectaculaire qui résulte d’une connaissance plus poussée entre le poste 4 et ses partenaires. Ses relations avec Tony Parker, en pick and roll et avec Tim Duncan en relation poste haut, poste bas sont de plus en plus huilées et promettent énormément pour l’avenir. Encore oublié en fin de match, Aldridge a encore un peu plus de trois mois pour occuper toute sa place au sein de l’attaque texane.

Un banc toujours aussi utile​

C’était la grande question de la saison : comment les Spurs allaient-ils faire avec un banc amputé de bons joueurs de complément ? Tout simplement comme avant. Avec 40,6 points par rencontre, le banc texan est le troisième le plus prolifique de la ligue et le cinquième au temps de jeu moyen (20 minutes). Manu Ginobili est toujours un excellent sixième homme, bien épaulé par les anciens (de la maison) Patty Mills et Boris Diaw. Mais c’est dans les recrues qu’il faut aller chercher une nouvelle fois les bonnes trouvailles à San Antonio. Le vétéran David West ne score pas énormément (6,3 points) mais il est précieux par son abattage. Jonathan Simmons est lui un bon relais à l’aile pour Popovich. Inconnu en début de saison, il ne cesse de grignoter du temps de jeu alors que Boban Marjanovic, le pivot serbe de 2, 22 m, est en passe de devenir le nouveau chouchou de l’AT&T Center. Drafté en 2014, Kyle Anderson poursuit lui sa progression, couvé qu’il est par le mentor Popovich. Tout ce beau monde permet aux Spurs de garder une qualité de jeu supérieure même quand le cinq majeur va se reposer.

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