Evan Fournier, "a kind of Magic"
Juin 2012. Evan Fournier n’a pas joué son premier match en NBA qu’il est déjà considéré comme "un désastre international". Dans sa colonne, Mark Kiszla, du Denver Post, passe ses nerfs sur le jeune Français que viennent de sélectionner les dirigeants des Nuggets à la Draft. "Tout ce que vous avez besoin de savoir sur lui, écrit-il, c’est qu’il s’agit d’un arrière shooteur incapable de shooter". Seul joueur Européen choisi au premier tour de la cuvée 2012, Fournier a traversé l’Atlantique avec l’étiquette du jeune potentiel capable de briller partout sans exceller nulle part, flashy mais trop frêle, trop individualiste, incapable de se faire une place dans un roster NBA où les premières qualités d’un rookie sont ses qualités athlétiques et son sens du collectif.
Deux ans et demi plus tard, force est de constater que Fournier a déjoué tous les pronostics. A Orlando, où il a été transféré à l’intersaison (contre Arron Afflalo, 18,2 points de moyenne la saison passée tout de même), l’arrière a gagné ses galons de titulaire, est surnommé "More Champagne" par un public qui en a fait son chouchou, et enquille les prouesses individuelles. En sept matches cette saison, il n’est jamais passé sous la barre des 10 points et a déjà marqué 18 points ou plus à cinq reprises. La dernière en date, face à Toronto, est significative de l’ampleur prise par le natif du Val-de-Marne dans la grande ligue : 24 points en 39 minutes, 18 tirs pris, 4/7 longue distance et 3 interceptions face aux Raptors, leaders de la conférence Est. Deux jours plus tôt, à Brooklyn, il avait compilé 19 points (6/9) et 5 passes décisives. Vendredi, il avait passé 20 points aux Wolves.
Fournier n’avait pourtant pas envisagé un tel scénario il y a encore quelques mois, avant d’être transféré au Magic, franchise à laquelle il ne s’intéressait pas beaucoup ("Je savais juste que c’était une jeune équipe, avec beaucoup de jeunes joueurs"). A Denver, il avait montré quelques signes prometteurs (8,4 points de moyenne en 19 minutes la saison passée) sans jamais trouver la régularité nécessaire pour devenir une pièce maîtresse de la rotation. Lors de la pré-saison, en octobre, l’ancien Poitevin doutait encore, enchaînant les contre-performances avec une maladresse inquiétante. Jacque Vaughn, lui, n’a jamais douté du Français. Le jeune coach d’Orlando (39 ans), avait fait le voyage jusqu’en Espagne cet été, pour observer comment se comportait son nouveau poulain en sélection.
Joueur d'instinct
Malheureusement, le technicien n’avait assisté qu’aux trois premières rencontres des Bleus, dont deux non-matches de Fournier (0 point à 0/1 face au Brésil, 0 point à 0/4 face à la Serbie). Ni le coach ni le joueur ne s’en étaient inquiétés outre mesure. "C’était génial, estime même Fournier avec le recul. J’ai senti qu’il voulait prendre soin de moi, qu’il voulait que je réussisse. C’était cool de le rencontrer là-bas, pouvoir discuter de basket et d’autres choses avec lui". Bien plus en vue pendant la suite de la compétition, le Français était ainsi revenu aux États-Unis, fin septembre, avec une médaille de bronze dans la poche et au moins autant d’envie que de confiance.
Car Vaughn n’avait pas seulement fait le déplacement pour rencontrer son arrière : il lui avait fait savoir à quel point son apport serait décisif cette saison à Orlando, et qu’il comptait le voir prendre ses responsabilités en attaque. "Je veux le voir avec la balle dans les mains, je veux qu’il en montre plus que ces deux dernières années", confirme l’ancien meneur des Spurs, convaincu de pouvoir en faire un attaquant à la Manu Ginobili, bon shooteur et excellent slasher, qu’il a coaché pendant deux ans à San Antonio. "Il n’essaye pas de faire des choses dont il n’est pas capable : c’est un joueur instinctif qui sait lire le jeu et réagir en conséquence", loue en guise d’approbation le manager du Magic, Rob Hennigan. En attendant le retour de Victor Oladipo, blessé au visage, Fournier l’opportuniste profite de chaque rencontre pour monter en grade. Avec 17 points de moyenne, il double pour l’instant son apport statistique de la saison passée. Dans le même temps, à Denver, Arron Afflalo dépasse péniblement les 10 points de moyenne...
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